Téléphone en classe : Le SNTE réclame un pacte numérique strict 

Face à la volonté du ministère de l’Education national d’intégrer le téléphone intelligent comme outil pédagogique en classe, le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) alerte sur les risques d’un usage non encadré et appelle à une stratégie globale basée sur la formation, la réglementation et l’infrastructure.

Le débat sur l’introduction du smartphone dans les salles de classe est relancé. Ce sujet est de plus en plus débattu, à la fois en raison de ses bienfaits potentiels en tant qu’outil éducatif, mais aussi des risques qu’il engendre. Le ministre de l’Éducation, Mohamed Seghir Saâdaoui, a évoqué, dans une déclaration récente, la possibilité de recourir au téléphone intelligent comme support pédagogique, soulignant l’importance de rationaliser son usage, sans pour autant envisager une interdiction totale.

Lors de sa récente visite à Tipasa, le ministre a exprimé sa volonté de contrôler et organiser l’utilisation des smartphones dans les écoles, sans pour autant opter pour une interdiction pure et simple. Selon lui, il s’agit de préserver la concentration des élèves, en évitant que les smartphones ne deviennent une source de distraction pendant les cours.

Une annonce qui, si elle témoigne d’une volonté d’ouverture vers le numérique, soulève aussi de nombreuses interrogations dans la communauté éducative et mérite d’être posée, dans un monde où les enfants sont de plus en plus connectés.

Le SNTE s’est exprimé sur le sujet à travers un communiqué appelant à la prudence et à l’organisation. Le syndicat propose la mise en place d’un pacte éducatif numérique, à signer par l’élève, le parent et l’enseignant. Ce document aurait pour but de définir les règles strictes encadrant l’usage du téléphone portable dans les établissements scolaires. « L’intention du ministre s’inscrit dans une dynamique de modernisation, mais son application doit être rigoureusement encadrée pour éviter les dérives », souligne le syndicat.

Si l’utilisation du numérique à des fins pédagogiques semble faire consensus, le SNTE rappelle néanmoins que l’école est confrontée à des réalités complexes, à savoir multiplication des cas de tricherie numérique, enregistrements illicites d’enseignants diffusés sur les réseaux sociaux, distraction des élèves en raison des notifications, jeux ou applications diverses.

Le syndicat déplore également l’absence d’un cadre officiel et formel encadrant cette transition numérique. « Il n’existe à ce jour aucune circulaire ministérielle définissant clairement quand, comment et pourquoi utiliser un téléphone en classe », avertit-il.

Pour éviter une mise en œuvre précipitée et désorganisée, le SNTE appelle à la création d’un programme national de formation continue pour les enseignants en pédagogie numérique. Le syndicat insiste aussi sur la nécessité d’équiper les établissements en infrastructures adéquates, à savoir des tablettes, une connexion internet, et un accompagnement technique.

Si le syndicat salue la volonté du ministère de faire entrer l’école dans l’ère numérique, il met en garde contre les effets pervers d’une réforme lancée sans préparation suffisante. « L’introduction du smartphone en classe peut constituer une avancée importante, à condition qu’elle s’inscrive dans un cadre juridique, éducatif et technique solide. Sinon, elle risque d’accentuer les dysfonctionnements au lieu de les corriger », conclut le SNTE.

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