13ᵉ université d’été du Front Polisario : Le Premier ministre sahraoui dénonce les dérives du Makhzen

À l’ouverture de la 13ᵉ université d’été des cadres du Front Polisario et de la République sahraouie, organisée à Boumerdès, le Premier ministre sahraoui, Bouchraya Hamoudi Bayoun, a fustigé, ce dimanche, les politiques du régime du Makhzen qu’il accuse de semer l’instabilité dans la région. Il a tenu à saluer le rôle de l’Algérie dans l’accompagnement indéfectible du combat sahraoui.

Dans une déclaration sans détour, Bouchraya Hamoudi Bayoun a dressé un réquisitoire sévère contre le régime du Makhzen, qu’il a décrit comme « de plus en plus isolé au plan international », englué dans une spirale de crises multiformes. Il a affirmé que « l’occupant marocain est confronté à une détérioration aiguë de la situation économique, à une exaspération populaire croissante et à des dissensions internes profondes au sein même des cercles du pouvoir ».

Le Premier ministre sahraoui a évoqué la précarisation de larges franges de la société marocaine, la hausse vertigineuse des prix des produits de base, la montée du chômage et l’émigration désespérée des jeunes, souvent embarqués sur des embarcations de fortune. « Le rejet des politiques sociales répressives et inefficaces du régime, combiné à la perte de confiance envers les partis et institutions, reflète une crise de gouvernance profonde », a-t-il encore souligné.

Dénonçant le rôle nuisible de l’occupant marocain dans la déstabilisation de la région sahélo-saharienne, il l’a accusé de soutenir les réseaux du crime organisé et du narcotrafic, notamment à travers l’exportation massive de drogues vers les pays du Sahel, tout en entretenant des connexions troubles avec des groupes extrémistes. Il a assuré que « ce sont là des politiques délibérées, visant à exporter ses propres crises internes et à détourner l’attention d’une population en détresse ».

Il a relevé que la reprise de la lutte armée par les forces sahraouies a mis à nu la fragilité du système du Makhzen, qui paie désormais un lourd tribut, non seulement sur le plan militaire mais aussi à travers une instabilité sociale généralisée. Le Premier ministre sahraoui a déclaré que « les vagues de protestation, les manifestations contre la vie chère et le rejet massif de la normalisation avec l’entité sioniste sont les symptômes visibles d’un régime en perte de repères ».

Bayoun a tenu à condamner avec fermeté le partenariat stratégique noué entre le régime marocain et Israël. Il y voit une « dérive grave » qui expose toute la région à de nouvelles menaces sécuritaires, alertant que « le Maroc est devenu un partenaire actif dans les technologies d’espionnage, dans la militarisation du territoire sahraoui occupé et dans l’implantation de structures sionistes en Afrique du Nord ». Il a assuré que cette alliance ne fait qu’aggraver l’hostilité du régime marocain envers ses voisins, tout en foulant aux pieds la cause palestinienne. Il a également dénoncé les complicités internationales qui alimentent cette dynamique coloniale, citant les prises de position du président du gouvernement espagnol, du chef d’Etat français et l’appui de certaines monarchies du Golfe. Le Premier ministre sahraoui a mis en garde contre l’ouverture de représentations consulaires fictives dans les villes occupées du Sahara occidental, qualifiées de « manœuvres de légitimation sans valeur juridique ».

L’Algérie, pilier de justice et d’équilibre régional

Face à ces dérives, il a salué l’émergence d’une Algérie nouvelle, qu’il considère comme une puissance régionale et continentale, crédible sur les scènes diplomatique, économique et sécuritaire, rappelant la position de l’Algérie au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, où elle incarne la voix des peuples africains en quête de souveraineté et de justice.  Il a aussi déclaré que « l’Algérie porte haut les valeurs de la révolution de Novembre, en défendant les causes justes et en s’opposant à toutes les formes de domination ». Précisant que l’Algérie constitue aujourd’hui un acteur clé dans la refondation d’un ordre mondial plus équitable, fondé sur la coopération Sud-Sud et la solidarité des peuples, il s’est félicité du soutien algérien au droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même.

Le représentant du Polisario a réaffirmé que le seul chemin vers une paix juste et durable passe par « un règlement démocratique conforme au droit international », qui reconnaît pleinement le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance. Il a précisé que la République sahraouie restait ouverte à des négociations directes avec le Maroc, à condition qu’elles soient « sérieuses, crédibles, sans conditions préalables ni diktat », soutenant que « le seul accord qui sauve l’honneur de tous est celui qui respecte la légalité internationale et la nature juridique de la question sahraouie en tant que dossier de décolonisation inachevé ». Il a ainsi appelé à l’ouverture d’une nouvelle ère de coopération régionale, fondée sur la justice, l’intégration et la prospérité partagée pour tous les peuples du Maghreb, loin des logiques d’occupation et des calculs géopolitiques destructeurs.

Placée sous le thème « Lutte et sacrifice pour l’indépendance totale et la liberté », cette 13ᵉ édition de l’université d’été se veut un cadre de formation, d’échange et de mobilisation pour plus de 400 cadres sahraouis. A cette occasion, M. Bayoun a exprimé, au nom du président Brahim Ghali, sa profonde gratitude à la commission nationale algérienne de solidarité avec le peuple sahraoui ainsi qu’aux autorités de la wilaya de Boumerdès.

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