4e art algérien Le comédien Sirat Boumediene a hissé haut le niveau de l’excellence
Le comédien Sirat Boumediene a hissé haut le niveau de l’excellence dans chacune de ses prestations théâtrales, laissant une empreinte indélébile dans la mémoire du public, trente années après sa disparition, le 20 août 1995, et s’imposant comme l’un des grands noms du 4e art algérien, s’accordent à dire des spécialistes. L’éclat de cet artiste […]

Le comédien Sirat Boumediene a hissé haut le niveau de l’excellence dans chacune de ses prestations théâtrales, laissant une empreinte indélébile dans la mémoire du public, trente années après sa disparition, le 20 août 1995, et s’imposant comme l’un des grands noms du 4e art algérien, s’accordent à dire des spécialistes.
L’éclat de cet artiste ne vient pas du néant, mais résulte de son travail acharné dans l’interprétation de divers personnages au théâtre, à la télévision et au cinéma, dépassant toutes les attentes de succès. Ses prestations ont été saluées par la critique et ont profondément marqué le public, notamment à travers le personnage de «Djelloul El Fahaïmi» dans le chef-d’œuvre «El Adjouad» de Abdelkader Alloula, «El Belaout» de Boualem Hadjouti, ainsi que dans les séries comiques «Ayech Belhef» et «Chaïb El Khedim», et autres films cinématographiques comme «Le portrait». Ses mouvements sur scène, sa mimique et ses traits étaient ses outils d’expression les plus puissants, qui ont largement contribué à son rayonnement artistique, selon la critique Anoual Tamer, pour qui «Sirat Boumediene, par exemple dans la pièce El Belaout, a apporté une profondeur intellectuelle et artistique notable au personnage qu’il campait, lui permettant de relever le défi avec brio à une époque très difficile, en pleine décennie noire». «La présence de cet artiste, décédé prématurément en 1995 à l’âge de 48 ans, reste vivante dans nos mémoires. Il est considéré comme l’un des piliers du théâtre algérien engagé, tant sur le plan social qu’intellectuel», ajoute Mme Tamer, également professeure au département des arts dramatiques de l’université d’Oran 1 «Ahmed-Ben-Bella». Sirat est également perçu comme «un phénomène rare, difficilement remplaçable sur scène ou à l’écran dans les années à venir. Preuve en est qu’il conserve encore aujourd’hui sa place dans la mémoire artistique collective. Même les générations actuelles d’acteurs cherchent à imiter sa manière de jouer, sa capacité à provoquer le rire, à improviser. Il était le maître de l’improvisation sur scène», selon le professeur Mimoun Benbrahim du même département. Sa place chez le public s’est renforcée grâce à sa capacité à incarner avec aisance et talent divers rôles, en mêlant sérieux à ironie, pour transmettre un message. Pour le professeur, «il était un excellent vecteur pour transmettre les idées des pièces de Abdelkader Alloula ou dans les épisodes de Chaïb El Khedim du regretté Zakaria Kaddour Brahim». Le comédien Amine Missoum estime, lui, que Sirat Boumediene était «un génie de la scène et de la comédie engagée». «La plupart de ses pièces ont été enregistrées pour la télévision, ce qui lui a permis de toucher un public large et diversifié», a-t-il estimé, ajoutant que «ses œuvres étaient d’une grande maturité et créativité. Son parcours au théâtre, à la télévision et au cinéma reste unique en son genre». Sirat Boumediene a entamé sa carrière artistique en 1966 avec le grand dramaturge Ould Abderrahmane Kaki, en participant à la célèbre pièce «El Guerrab oua Salhine». Il a ensuite joué plusieurs rôles dans les œuvres du défunt Abdelkader Alloula, notamment dans «El Adjouad», une pièce qui lui a valu, en 1986, une participation aux Journées théâtrales de Carthage en Tunisie, où il a remporté le prix du meilleur acteur. En 1992, il a rejoint le célèbre Théâtre El Qalaa (la Citadelle), qui regroupait de grands noms du 4e art tels que feue Sonia et les regrettés Azzedine Medjoubi et M’hamed Benguettaf. A la même période, il entre dans les foyers algériens à travers la télévision dans les séries «Ayech Belhef» et «Chaïb El Khedim». Sirat Boumediene a également participé à plusieurs films, tels que «El Ramad» de Abdelkrim Baba Aïssa, «Hassan Nia» de Ghouti Bendedouche, et «Le portrait» de Hadj Rahim, qui fut le dernier film dans lequel il avait joué. En hommage à ce qu’il a apporté à l’art, l’association culturelle «Hadharat El Aïn» d’Oran a déroulé, hier, un riche programme d’activités artistiques et de témoignages sur son parcours artistique. Par ailleurs, la manifestation Spectacles comiques d’Oran portera son nom et se tiendra du 25 au 28 août à la salle de cinéma «El Saâada», organisée par le Festival des arts et des cultures populaires, sous la supervision de la Direction de la culture et des arts d’Oran.
A. S.