Au Festival de Cannes: «13 jours, 13 nuits» met Roschdy Zem sous pression

Un film qui semble un peu dépassé par les événements qu’il met en scène. Après la comédie dans Papa ou maman, le romanesque historique dans Eiffel ou l’aventure de cape et d’épée dans Les Trois Mousquetaires, Martin Bourboulon s’attaque à nouveau genre avec celui de la guerre dans 13 jours, 13 nuits. Par May M. […]

Mai 24, 2025 - 22:14
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Au Festival de Cannes: «13 jours, 13 nuits»  met Roschdy Zem sous pression

Un film qui semble un peu dépassé par les événements qu’il met en scène. Après la comédie dans Papa ou maman, le romanesque historique dans Eiffel ou l’aventure de cape et d’épée dans Les Trois Mousquetaires, Martin Bourboulon s’attaque à nouveau genre avec celui de la guerre dans 13 jours, 13 nuits.

Par May M.

Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2025 ce vendredi 23 mai, il s’agit d’une adaptation du roman autobiographique du commandant Mohamed Bida – qui a inspiré le personnage joué par Jonathan Zaccaï dans la série Kaboul sur France 2. Le film raconte (aussi) la dernière mission de l’ambassade française lors de la prise de la capitale afghane par les talibans en août 2021. Un récit globalement efficace qui met un Roschdy Zem taillé pour le rôle sous tension permanente, mais qui manque un peu de fulgurance. Le film débute le 15 août 2021, alors que le retrait des troupes américaines d’Afghanistan s’intensifie, les talibans prennent d’assaut Kaboul, la capitale du pays. Des milliers de gens tentent de se rendre à l’ambassade de France, dernière encore en activité. Pris au piège avec 400 réfugiés et ses hommes, le commandant Mohamed Bida négocie avec les islamistes un dernier convoi en bus et s’engage dans une course contre la montre pour atteindre l’aéroport. Dès les premières minutes du film, alors que l’ambassadeur David Martinon (Nicolas Bridet) part en hélico pour l’aéroport, celui que ses hommes surnomment «Mo» préfère s’embarquer dans une mission sauvetage d’un ex-membre des services secrets afghans recherché par les talibans.
Une situation qui résume bien le caractère héroïque du personnage tout au long du film. Et Roschdy Zem incarne parfaitement ce commandant très rassurant, prêt à prendre ses responsabilités à n’importe quel moment pour exfiltrer le maximum de personnes avec lui. «J’étais convaincu que le rôle était fait pour lui», confie d’ailleurs le réalisateur dans les notes de production du film, affirmant n’avoir eu aucun autre acteur en tête.
Il est accompagné par Eva (Lina Khoudri), une humanitaire franco afghane qui cherche à partir avec sa mère née ici. Bilingue, elle sert d’interprète à « Mo » lors des moments les plus tendus, comme lors d’un face-à-face avec un chef taliban qui la pointe avec une AK-47. Bouleversée à plusieurs reprises, elle agit en miroir du commandant qui reste d’un sang-froid implacable en toute situation.
Prise au piège avec eux lors de l’ouverture des portes de l’ambassade, il y a une journaliste du nom de Kate (Sidse Babett Knudsen). L’actrice danoise, connue mondialement pour Borgen ou en France pour ses rôles dans La Fille de Brest ou L’Hermine, livre une prestation très, trop sobre. Et c’est peut-être le principal reproche à faire à 13 jours, 13 jours.
Toujours dans les notes de production, Martin Bourboulon dit avoir été fasciné par « la description très méticuleuse de l’opération d’exfiltration » dans le livre de Mohamed Bida. Le réalisateur nous plonge bien dans cette atmosphère particulièrement tendue, mais nous laisse sur notre faim en matière d’action pure. En voulant éviter les artifices et le sensationnalisme, le film désamorce à plusieurs reprises tout le suspens mis en place par cette situation étouffante. À force de suivre scrupuleusement le roman autobiographique, on finit même par se demander ce que cette adaptation, qui ne semble ne jamais déborder du cadre, apporte de plus.

M. M.