Bannissement

En Allemagne, une partie de l’opinion publique reste inévitablement hautement traumatisée par les évènements de la Seconde Guerre mondiale et la responsabilité que ses ancêtres ont eu dans le déroulement des horrifiques actions du gouvernement nazi, qui contrairement aux idées répandues n’a pas été élu démocratiquement, mais a utilisé la force pour prendre les pleins […]

Août 7, 2025 - 01:22
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Bannissement

En Allemagne, une partie de l’opinion publique reste inévitablement hautement traumatisée par les évènements de la Seconde Guerre mondiale et la responsabilité que ses ancêtres ont eu dans le déroulement des horrifiques actions du gouvernement nazi, qui contrairement aux idées répandues n’a pas été élu démocratiquement, mais a utilisé la force pour prendre les pleins pouvoir dans le pays. Pour cette raison, certains estiment qu’il est légitime de barrer la route à tout mouvement politique qu’ils considèrent «dangereux» ou tenant des discours
s’éloignant de l’idéal humaniste porté pendant très longtemps par la nation entière. Mais les temps changent et les décisions concernant la politique migratoire prises ces dernières années ont modifié la perception d’une large partie de l’opinion publique sur ces questions. Cela pousse la classe politique, encore enracinée dans les idéaux d’antan, à rejeter violemment toute nouvelle voix dissonante, faisant aujourd’hui de l’Alternative pour l’Allemagne, le parti anti-immigration, une cible à abattre par tous les moyens, mêmes les plus questionnables. C’est ainsi que le comité électoral de Ludwigshafen rejette la candidature du représentant de l’AfD (Alternative für Deutschland) pour l’élection municipale de septembre, invoquant des doutes sur sa loyauté constitutionnelle. Selon des informations de la radio publique allemande SWR, la décision a été prise à une majorité de 6 voix contre 1 au sein du comité électoral de Ludwigshafen. Des doutes persistent quant à la «loyauté constitutionnelle» de Joachim Paul, le rendant inéligible comme candidat au poste de maire. Ce politicien de l’AfD, originaire de Coblence, s’était déjà présenté au début de l’année lors des élections du conseil d’arrondissement du Rhein-Pfalz-Kreis, sans toutefois réussir à se qualifier pour le second tour. À l’époque, sa candidature n’avait soulevé aucune objection. Lors de la réunion du comité électoral, la présidente du scrutin, Jutta Steinruck, maire sortante de Ludwigshafen, a lu une lettre du ministère de l’Intérieur de Rhénanie-Palatinat. Steinruck avait elle-même sollicité l’avis de la Direction de la surveillance et des services publics de Trèves ainsi que du ministère de l’Intérieur concernant la loyauté constitutionnelle de Joachim Paul. Le rapport transmis par le ministère de l’Intérieur concernant Joachim Paul énumère plusieurs éléments indiquant une proximité du politicien de l’AfD avec une autre mouvance de droite nationaliste. Il révèle ainsi que plusieurs événements organisés par la «Nouvelle Droite» ont eu lieu dans le bureau de circonscription de Paul, le «Quartier Kirschstein» à Coblence. L’homme de droite autrichien Martin Sellner y serait notamment intervenu. Sellner avait provoqué des protestations à l’échelle nationale avec ses projets de «remigration». D’autres éléments, comme des articles écrits par Paul dans un magazine classé d’extrême-droite par les autorités, ont également été évoqués pour justifier sa mise à l’écart. Sans surprise, le candidat banni a exprimé sa colère, estimant que «les citoyens de Ludwigshafen ont été privés de leur droit de vote». Il a également mis en doute le caractère démocratique de l’élection municipale dans ces conditions. Il a annoncé son intention d’engager des recours juridiques contre la décision du comité électoral de Ludwigshafen. Reste à voir si les Allemands accepteront de voir ces incidents se répéter. Il y a moins d’un mois dans le Land de Rhénanie-Palatinat, à l’ouest du pays, il avait été déjà interdit aux membres de l’AfD de pouvoir travailler dans la Fonction publique. Certains scrutins, favorables au parti, ont même été invalidés ces dernières années pour bloquer l’ascension du mouvement. Ces actes de censures répétés pourraient finir par avoir l’effet inverse à celui escompté, comme en France où le Rassemblement National est aujourd’hui le parti politique le plus important du pays, malgré des décennies de diabolisation acharnée.