Diaspora algérienne : Un levier politique entre deux rives

L’ancien député européen et collaborateur de Jean-Pierre Chevènement, le politique franco-algérien Karim Zeribi, a livré une analyse franche sur le rôle stratégique de la diaspora algérienne. Il la qualifie de « diplomatie parallèle », soulignant son impact potentiel tant dans le développement du pays d’origine que dans les enjeux politiques en France.

Alors que l’élection présidentielle française de 2027 se profile, M. Zeribi appelle les Franco-Algériens à une prise de conscience politique. « Nous devons être acteurs et non spectateurs », a-t-il déclaré, hier, sur les ondes de la Radio algérienne. Il met en garde contre l’éventualité de voir arriver au pouvoir un candidat porteur d’un discours xénophobe et algérophobe, citant Bruno Retailleau comme un « profil inquiétant ». A l’inverse, il évoque l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin comme une figure capable d’incarner un renouveau basé sur le respect mutuel.

Dans cette optique, il plaide pour un apaisement durable des relations franco-algériennes, jugeant nécessaire de « construire des ponts entre la France et l’Algérie », loin des discours hostiles et des tensions artificielles. La diaspora, selon lui, peut jouer un rôle central dans ce processus.

Karim Zeribi met en lumière le poids électoral souvent sous-estimé de la communauté algérienne en France, estimée à près de cinq millions de personnes. « Si seulement la moitié d’entre eux se mobilise, cela représenterait environ 10 % des suffrages exprimés, un poids considérable dans une présidentielle souvent serrée », fait-il valoir. Ce potentiel d’influence, estime-t-il, doit être structuré et canalisé à travers un engagement civique fort, porté par des valeurs et une vision commune.

Abordant la place de l’Algérie sur la scène internationale, M. Zeribi salue une diplomatie constante, cohérente et fidèle à ses principes historiques. « L’Algérie s’est toujours tenue aux côtés des peuples opprimés, défendant l’autodétermination et refusant toute forme d’ingérence », rappelle-t-il.

Cependant, il déplore l’état du système international actuel, qu’il qualifie de « dépassé » et miné par l’hégémonie de quelques puissances via le droit de veto. Pour lui, une refonte des institutions multilatérales est indispensable pour instaurer un véritable équilibre mondial.

Karim Zeribi alerte également sur le traitement médiatique réservé à l’Algérie à l’étranger, pointant du doigt un « bashing » récurrent. Il estime qu’il est temps pour le pays et sa diaspora de reprendre la maîtrise de leur récit. « Il ne faut plus laisser les autres parler à notre place, surtout lorsqu’ils le font de manière dénigrante. Il faut affirmer notre propre voix », lance-t-il.

Confiant dans le potentiel de la diaspora, M. Zeribi rappelle que l’Algérie figure parmi les dix premiers producteurs mondiaux de gaz, dans le top 20 pour le pétrole, tout en étant le plus grand pays d’Afrique par la superficie. A cela s’ajoute une population jeune et dynamique, en contraste avec le vieillissement démographique de nombreux pays.

Il se félicite des efforts de l’Etat pour attirer les compétences de l’étranger, à travers la mise en place d’un écosystème favorable à l’investissement et à l’innovation. « De nombreux compatriotes reviennent aujourd’hui pour s’investir dans l’avenir du pays », note-t-il, appelant à un engagement « humble mais déterminé ».

The post Diaspora algérienne : Un levier politique entre deux rives appeared first on Le Jeune Indépendant.