Du rôle des médias 

Les réseaux sociaux abritent, faute d’espace médiatique classique, des échanges souvent houleux, parfois musclés sur le rôle des médias durant et après la catastrophe de Oued El Harrach. Le landerneau algérois surtout mais aussi tout le reste du pays a copieusement analysé, disséqué et les tenants et les aboutissants de cette tragédie nationale. Beaucoup ont spécialement pointé ces images odieuses montrant des reporters des télé privées tendre leurs microphones aux rescapés du massacre dont certains avaient du mal à placer leurs mots visiblement encore sous le choc et leurs corps endoloris. S’il est vrai que les professionnels des médias doivent faire leur travail d’informer même en pareilles circonstances, il est tout aussi vrai qu’ils doivent observer strictement les règles d’éthique et de déontologie que leur dicte le métier de journaliste. On ne peut ni on ne doit exploiter comme ça bêtement la situation de faiblesse d’une personne traumatisée sur son lit d’hôpital pour lui arracher des propos qui sont parfois incontrôlés. C’est aussi un abus de faiblesse en ce sens que ces malheureux blessés du drame d’El Harrach sont acculés de dire quelque chose devant les caméras et offrir leurs corps, ensanglantés pour certains, à tous les Algériens. Ce genre de pratiques repousse les limites de l’indignité. Le journalisme c’est avant tout une éthique. Il est moralement inacceptable et professionnellement pas faisable de donner en spectacle des personnes accidentées, bien malgré elles, comme l’ont fait certaines chaînes de télévision privées mais aussi publiques. Dans un contexte pareil, le journaliste se doit de penser à la dignité de la personne et à l’émotion de sa famille avant de courir derrière un scoop qui prend ici l’allure d’une insoutenable extorsion de déclarations Encore une fois, dans ce type d’événement, le cœur ne doit pas être au “m’as-tu-vu”. Les blessés veulent juste une bonne prise en charge médicale et les familles des victimes attendent une assistante matérielle et humaine des pouvoirs publics pour atténuer un tant soit peu leur douleur. On voudrait bien ne plus voir ce genre de tragédies sur nos routes. Mais pour que ceci puisse advenir un jour peut-être, les responsables à quelque niveau que ce soit, doivent faire correctement leur boulot et non pas attendre ces bilans de guerre pour réagir alors qu’ils sont censés connaître les failles des secteurs dont ils ont la charge. Il est à espérer que cette tragédie serve de leçon à tous et qu’elle ne soit pas coulée dans les profondeurs de Oued El Harrach, une fois le niveau de l’émotion retombé. Amen.

Par Imane B.

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