Entre annonces officielles et réalité sur le terrain : Le revers de la rentrée
La rentrée scolaire au Collège d’enseignement moyen (CEM) Bahloul Boudini, situé dans la cité AADL 3 000 logements de Baba Hassan, s’est déroulée ce dimanche dans un mélange d’enthousiasme et de tension. Entre enfants impatients de retrouver leurs camarades et parents confrontés à des démarches administratives jugées absurdes, cette rentrée a révélé les difficultés persistantes […] The post Entre annonces officielles et réalité sur le terrain : Le revers de la rentrée appeared first on Le Jeune Indépendant.

La rentrée scolaire au Collège d’enseignement moyen (CEM) Bahloul Boudini, situé dans la cité AADL 3 000 logements de Baba Hassan, s’est déroulée ce dimanche dans un mélange d’enthousiasme et de tension. Entre enfants impatients de retrouver leurs camarades et parents confrontés à des démarches administratives jugées absurdes, cette rentrée a révélé les difficultés persistantes malgré les annonces officielles.
Dès 7h30, une foule dense se pressait devant le portail de l’école. Les élèves, vêtus de leurs tabliers traditionnels — blancs pour les collégiens, bleus pour les garçons et roses pour les filles du primaire — attendaient de franchir le seuil de l’établissement. L’atmosphère était à la fois festive et tendue, le CEM Boudini reste le seul établissement scolaire capable d’accueillir tous les adolescents et écoliers de la cité.
Mais l’enthousiasme des enfants a rapidement été tempéré par la rigueur administrative. À l’entrée, un filtrage strict a été appliqué : seuls les collégiens possédant un cahier de correspondance complet pouvaient accéder aux classes. Les autres devaient patienter à l’extérieur, le temps de régulariser leur dossier. Les surveillants rappelaient que la remise du cahier de correspondance dépendait impérativement de la légalisation du règlement intérieur à la mairie, précieux sésame pour entrer en classe, déclenchant grogne et incompréhension parmi les familles.
« C’est aberrant ! », s’insurge Soraya, mère d’une collégienne de 14 ans en 4e année. Elle a confié au Jeune Indépendant : « Ma fille fréquente ce collège depuis quatre ans et chaque rentrée nous impose de refaire le dossier. On nous avait pourtant assuré que la plateforme numérique allait simplifier les inscriptions. Comment est-il possible qu’en 2025, des enfants soient encore empêchés de faire leur rentrée à cause de procédures bureaucratiques ? »
Pour d’autres parents, la question des transferts a également posé problème, malgré les assurances du ministère. Déplorant la lourdeur des démarches administratives, plusieurs ont dû déposer une journée de congé pour accompagner leurs enfants et récupérer ou légaliser les documents nécessaires, souvent dans un véritable marathon administratif entre le collège et la mairie située à l’autre bout de la ville, ou bien entre établissements distants de plus de 20 km.
En outre, la surcharge des classes a alimenté les discussions. Majoritairement, les effectifs atteignent près de 40 élèves par classe, bien au-delà de ce que le ministère avait annoncé comme objectif pour désengorger les salles. « Comment nos enfants peuvent-ils suivre correctement dans ces conditions ? », s’interroge un parent, évoquant déjà la nécessité de cours particuliers pour compenser ce déséquilibre.
Les difficultés ne s’arrêtent pas là. La cité, livrée depuis plus de quatre ans, ne dispose que d’un seul établissement scolaire, partagé entre le primaire et le collège. Des chalets ont été installés comme solution provisoire, mais ils sont insuffisants face à l’augmentation des effectifs et surtout insalubres, selon de nombreux témoignages de parents. L’association locale se mobilise depuis des années pour améliorer la situation, mais malgré des correspondances et des réunions avec les autorités locales et des promesses de la wali déléguée, aucune solution concrète n’a encore été mise en œuvre sur le terrain.
Des parents rejoignant la grogne ont également déploré le fait que leurs enfants ont été renvoyés à la maison à cause de l’exigence du port du tablier dès le premier jour, estimant que cette règle rigoureuse transformait la rentrée en une épreuve plutôt qu’en une fête. « Depuis des années, le premier jour de l’école devrait être un jour de joie, un peu comme l’Aïd. Mais aujourd’hui, c’est plutôt le parcours du combattant ! », commente un père, visiblement exaspéré.
Au fil des minutes, les discussions entre parents et surveillants se sont animées, alternant frustration et solidarité. Certains enfants ont finalement pu entrer après la récréation de 10h, après un véritable marathon administratif, tandis que d’autres restaient coincés dans des démarches toujours inachevées.
La rentrée au CEM Boudini illustre parfaitement les contrastes d’une cité en pleine expansion : l’enthousiasme des élèves de retrouver leurs camarades se heurte à la rigidité des procédures administratives et aux insuffisances structurelles. Entre la satisfaction de quelques parents et la frustration de nombreux autres, cette rentrée reste un rappel que l’accès à l’éducation, bien que proclamé droit constitutionnel, peut encore se heurter à des obstacles bien réels sur le terrain.
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