Etat des lieux du numérique Algérie 2025 Constats et recommandations du think tank Care
« Ce qui freine l’Algérie, dans sa transition numérique, ce n’est plus l’absence de vision, mais le retard dans l’exécution, la fragmentation des efforts, et l’insuffisante évaluation des politiques menées », a estimé Ali Kahlane, expert et Consultant en transformation numérique, également vice-président du think tank CARE. A ce titre, considérant que « l’Algérie a […]

« Ce qui freine l’Algérie, dans sa transition numérique, ce n’est plus l’absence de vision, mais le retard dans l’exécution, la fragmentation des efforts, et l’insuffisante évaluation des politiques menées », a estimé Ali Kahlane, expert et Consultant en transformation
numérique, également vice-président du think tank CARE. A ce titre, considérant que « l’Algérie a clairement amorcé sa transition numérique », Ali Kahlane, dans rapport établi par le Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (CARE) intitulé «Etat
des lieux du numérique Algérie 2025», rappelant sur cette question que « des stratégies nationales ont été adoptées, des institutions dédiées créées, et des projets structurants lancés dans des domaines clés tels que les services publics, l’économie numérique,
l’intelligence artificielle, les infrastructures, la cybersécurité ou encore l’inclusion numérique », pour lui, « le cadre est là, les ambitions sont posées, et des résultats tangibles commencent à émerger ». Toutefois, il a estimé que « ce qui freine l’Algérie,
dans sa transition numérique », c’est « le retard dans l’exécution, la fragmentation des efforts, et l’insuffisante évaluation des politiques menées ». Et pour cause, a argumenté l’expert en management et stratégie numérique, « trop de plateformes coexistent
sans interopérabilité ; trop de lois restent inappliquées faute de décrets ; trop d’initiatives locales ne s’intègrent pas dans une logique nationale ». De ce fait, a-t-il jugé, pour faire du numérique « un levier central de développement », l’Etat algérien
doit engager un certain nombre d’actions aussi majeures que primordiales. Par cela, l’expert entend notamment l’accélération de la généralisation des outils structurants à l’instar de l’identité numérique, l’interopérabilité, la signature électronique, la
protection des données et la cybersécurité. Il s’agit aussi pour lui de valoriser le capital humain, et ce en formant massivement aux métiers du numérique, du code à la cybersécurité, en passant par les infrastructures, l’IA, la gouvernance des données. De
plus, il soulignera la nécessité de favoriser l’émergence d’un tissu technologique souverain, capable de concevoir, produire et déployer localement des solutions robustes, sûres et compétitives. Par ailleurs, outre d’appeler à instaurer une gouvernance numérique
unifiée, dotée d’un leadership affirmé, de mandats clairs et d’une coordination intersectorielle efficace, intégrant pleinement la gestion du changement, il plaidera également pour l’instauration d’une culture de l’évaluation fondée sur des indicateurs de
référence internationaux (EGDI, OSI, TII, HCI), appuyée par des audits indépendants, une transparence des résultats et des mécanismes d’ajustement continu. Ceci étant, et au préalable de ses recommandations « lucidement envisagées » rendant « les chemins
d’amélioration encore possibles », Ali Kahlane, dressant un état des lieux du numérique Algérie 2025, chiffres et graphiques à l’appui, a fait une lecture des réformes structurelles, dynamique institutionnelle engagées depuis 2020, reflétant la volonté politique
de l’Algérie résolument orientées vers la transformation numérique. Autant de jalons posés, qui ont, a-t-il dit, généré « des avancées, parfois spectaculaires ». Des avancées qui néanmoins, a-t-il souligné sont « fragmentées, inégalement réparties, et souvent
freinées par la bureaucratie ». Faisant que pour lui, « une lecture attentive, sur les plans politique, économique, sociétal, technologique, environnemental et légal, permet de mieux cerner l’état du numérique algérien et d’envisager lucidement les chemins
d’amélioration encore possibles ». Aussi, au titre de la gouvernance numérique par exemple, énumérant les initiatives structurantes adoptées visant une structuration progressive de ce volet, il a déploré que cette dynamique reste freinée par plusieurs facteurs
tels que le « manque de transparence et une communication insuffisante sur les projets numériques en cours ». Ce qui pour lui « empêche une évaluation claire de leur état d’avancement ». Il a aussi fait part du « retard dans la transformation numérique de
nombreuses entreprises algériennes n’ont pas encore intégré pleinement les technologies numériques, en raison de coûts élevés et d’un manque de sensibilisation ». Il est également question, a-t-il ajouté, d’« inégalités numériques dans de nombreuses zones
rurales encore exclues des services numériques », de « fragmentation des systèmes et plateformes numériques qui ne sont pas toujours interconnectés, ce qui limite l’efficacité des services publics numériques ». Enfin, il déplorera l’«absence d’indicateurs
de performance clairs rend difficile l’évaluation de l’efficacité des projets numériques en cours ». Un constat qui fera dire au vice-président du Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise que « le passage de la stratégie à l’exécution reste donc le
véritable défi », et « nécessite une gouvernance intégrée, des moyens opérationnels accrus, une interopérabilité effective, et un pilotage centré sur les résultats ». « C’est à cette condition que le numérique pourra devenir l’ossature d’un Etat plus agile,
plus transparent et plus proche du citoyen », a-t-il soutenu. En définitive, a assuré Ali Kahlane, « le numérique n’est plus un secteur complémentaire. Il est la colonne vertébrale de toute transformation économique, sociale, environnementale et administrative.
Il structure les politiques publiques, conditionne la souveraineté nationale, et transforme le rapport entre l’Etat et le citoyen ».
Lynda Naili