Fièvre frénétique des achats de rentrée : Alger se met sur son 31
A la veille de la reprise des cours, Alger ressemble à une véritable ruche. Dans les grandes artères commerçantes ou encore les grands centres commerciaux, l’ambiance ressemble à celle d’une fête mêlée à une course effrénée. Parents, enfants et commerçants partagent un même rituel qui, chaque fin d’été, devient un moment fort de la vie. […] The post Fièvre frénétique des achats de rentrée : Alger se met sur son 31 appeared first on Le Jeune Indépendant.

A la veille de la reprise des cours, Alger ressemble à une véritable ruche. Dans les grandes artères commerçantes ou encore les grands centres commerciaux, l’ambiance ressemble à celle d’une fête mêlée à une course effrénée. Parents, enfants et commerçants partagent un même rituel qui, chaque fin d’été, devient un moment fort de la vie. Entre promotions alléchantes et budgets serrés, les familles jonglent avec leurs priorités pour faire plaisir à leur enfant en quête des baskets dernier cri ou de la tenue idéale qui fera sensation à la rentrée.
Dès la fin de la matinée, les grandes artères d’Alger se remplissent de familles venues parfois de loin. Les voitures, chargées de sacs et de cartons, peinent à se garer. Les bus et taxis collectifs déversent des vagues de clients dans les marchés populaires. « Nous venons de Boumerdès », explique au Jeune Indépendant, Farida, mère de deux enfants. « À Alger, le choix est plus vaste et on peut comparer les prix entre plusieurs magasins. Même si c’est fatiguant, c’est devenu une habitude pour nous chaque rentrée ».
Les enfants s’attardent devant les rayons de cartables, émerveillés par les modèles décorés aux couleurs de leurs héros préférés. Les parents, de leur côté, examinent attentivement les étiquettes, les yeux rivés sur les chiffres et la calculatrice mentale en marche.
Pour les plus jeunes, ces journées d’achats ressemblent à un moment de fête. « Moi, je veux un cartable avec les Avengers et une trousse qui s’allume », s’exclame Adam, 9 ans, en tirant la manche de son père. Sa sœur Anaïs, adolescente, a d’autres priorités. « Ce qui compte, ce sont les jeans baggy et les baskets blanches. Tout le monde en aura au lycée cette année », affirme-t-elle avec assurance.
Les parents, eux, abordent cette période avec beaucoup plus de gravité. « J’ai trois enfants scolarisés », soupire Khaled, fonctionnaire rencontré à Didouche Mourad. « Si je fais le calcul, entre les fournitures, les cartables, les habits et les chaussures, je dépasse facilement 60 000 DA. C’est énorme pour un seul salaire ». De son côté Samira, une mère de deux enfants, venue de Douera, confie dans un soupir que « seulement pour les cartables et les fournitures, la facture a déjà dépassé 30 000 DA. Et il faut encore ajouter les vêtements et les chaussures. C’est très difficile ».
D’autres familles avouent s’organiser depuis plusieurs semaines pour faire face à cette dépense saisonnière. « Nous avons mis de côté petit à petit dès le mois de juin, sans cela, ça aurait été impossible. La rentrée, c’est comme un deuxième Aïd pour nous », témoigne un père de famille rencontré à la place Audin devant les devantures d’une grande enseigne.
Pour les commerçants, la rentrée est une période fructueuse. Les vitrines s’ornent d’affiches annonçant des remises alléchantes. Mourad, gérant d’une boutique de prêt-à-porter à Bab El Oued, explique que c’est une période où il travaille jour et nuit. Selon lui, les articles les plus demandés restent les jeans pour adolescents et les ensembles scolaires.
Dans un autre magasin, une commerçante aborde l’importante logistique que cela implique, soulignant que « nous recevons des cargaisons entières de scandales et de baskets. En deux semaines, les stocks disparaissent. Nous devons réapprovisionner sans cesse pour répondre à la demande ».
Conscients de l’importance de cette période, les commerçants rivalisent d’initiatives pour attirer la clientèle. Les vitrines affichent des pancartes annonçant des remises allant de 10 à 30%. « Nous proposons des réductions sur les ensembles scolaires et les jeans baggy, qui sont très demandés par les adolescents », explique Mourad, gérant d’une boutique de prêt-à-porter.
Des prix qui pèsent lourd dans les budgets
Un autre commerçant, installé à Bab El Oued, ajoute : « Grâce aux promotions, nous avons une forte affluence. Les familles viennent parfois de Tipasa et Boumerdès pour acheter chez nous. C’est une période où nous travaillons beaucoup, mais elle est aussi importante pour notre chiffre d’affaires. »
Pourtant, les promotions ne suffisent pas à alléger véritablement la charge financière des familles. Les tarifs affichés restent élevés et ne sont pas accessibles à toutes les bourses. En moyenne, un budget de 10 000 à 20 000 DA par enfant est nécessaire. Une paire de baskets coûte entre 5 000 et 7 000 DA. Une robe se vend entre 3 500 et 5 000 DA. Un ensemble complet pour enfant se situe autour de 7 500 DA. Quant aux jeans, notamment les modèles baggy, très demandés ils atteignent 5 000 DA. Les tee-shirts, plus abordables, se vendent entre 1 000 et 2 000 DA.
« Même en cherchant les bonnes affaires, on ne peut pas descendre en dessous d’un certain seuil », explique Nadia, institutrice et mère de deux enfants. « On veut offrir à nos enfants des produits de qualité, mais cela représente un véritable sacrifice. »
Pour beaucoup de familles, la rentrée est vécue comme une épreuve collective, mais aussi comme un passage obligé. Abdelkader, chauffeur de taxi, en rit jaune. « C’est comme une fête nationale. Tout le monde en parle, tout le monde s’y prépare et tout le monde s’endette un peu pour y arriver. »
Dans les marchés populaires de Belcourt ou de Meissonnier, les vendeurs à la sauvette participent aussi à cette effervescence. Ils proposent des articles à des prix cassés qui séduisent les familles les plus modestes. « Ici, on peut toujours trouver de quoi habiller les enfants, même si la qualité n’est pas la même que dans les grandes boutiques », explique une cliente habituée de ces marchés.
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