Les oubliés du séisme de Boumerdès : « Tebboune est notre seul espoir »
Ils étaient censés y passer quelques mois, mais cela fait vingt-deux ans qu’ils y vivent. A Bordj Menaïel, dans la wilaya de Boumerdès, le calvaire se prolonge pour plus de 70 familles, occupant des chalets à la cité dite Naftal. Installés, à titre provisoire, au lendemain du séisme dévastateur de mai 2003, ces logements précaires […] The post Les oubliés du séisme de Boumerdès : « Tebboune est notre seul espoir » appeared first on Le Jeune Indépendant.

Ils étaient censés y passer quelques mois, mais cela fait vingt-deux ans qu’ils y vivent. A Bordj Menaïel, dans la wilaya de Boumerdès, le calvaire se prolonge pour plus de 70 familles, occupant des chalets à la cité dite Naftal.
Installés, à titre provisoire, au lendemain du séisme dévastateur de mai 2003, ces logements précaires sont devenus leur quotidien permanent. Fatigués par les promesses non tenues, ces familles attendent toujours un relogement définitif et interpellent le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour sortir enfin de l’oubli.
Installés initialement à titre provisoire, ces citoyens vivent encore aujourd’hui dans des conditions précaires et indignes. Usés, fissurés, insalubres, ces logements provisoires fabriqués en matériaux contenant de l’amiante, présentent un véritable danger sanitaire pour les habitants. Des représentants des habitants en question se sont déplacés au Jeune Indépendant pour faire entendre leurs doléances. Ils sont arrivés, porteurs de dossiers jaunis, de lettres restées sans réponse, mais surtout vingt-deux ans de détresse et d’incompréhension dans l’espoir de faire bouger les lignes.
Certains de ces habitants ont perdu des proches lors de la catastrophe naturelle, et tous affirment avoir été exclus des programmes de relogement mis en place après le séisme. « Ces chalets ne sont plus habitables. Il y a parmi nous de véritables sinistrés du séisme de 2003 », s’indigne l’un des concernés, documents à l’appui. Le site comptait autrefois près de 750 chalets, dont 700 ont été démantelés en 2018 à la suite de campagnes de relogement. « A l’époque, on nous avait promis d’étudier nos recours dans les meilleurs délais… mais nous n’avons toujours rien vu venir », déplore-t-il.
Une exclusion incomprise
Selon leurs témoignages, des responsables locaux les ont écartés des listes de bénéficiaires, alors que d’autres sinistrés ont été relogés depuis longtemps dans les différentes communes de la wilaya.
Plus grave encore, les riverains dénoncent la prolifération de constructions illicites sur le site des chalets, au vu et au su de tous, alors que leurs propres dossiers restent en suspens. « Le chef de daïra d’alors nous a récemment assuré que 73 familles allaient être relogées… mais nous attendons depuis», souligne notre interlocuteur.
Ces victimes rapportent également une déclaration récente du wali de Boumerdès, qui aurait assuré que le dossier des chalets serait définitivement clos d’ici à la fin de l’année 2025. Ils indiquent, par ailleurs, que le relogement des habitants des chalets de Ben Younès est prévu pour le mois d’août prochain, ce qui ravive chez eux l’espoir d’une issue rapide à leur propre situation.
Les concernés affirment avoir frappé à toutes les portes dans l’espoir de lendemains meilleurs, mais leurs requêtes sont restées lettre morte. Ils s’interrogent : pourquoi sont-ils toujours dans cette situation alors que de nombreuses communes de la wilaya de Boumerdès ont déjà procédé au relogement des sinistrés ? Certains responsables affirment même que le dossier des chalets est clos, ce que contestent vivement les résidents de Naftal.
Conditions de vie désastreuses
L’humidité, l’insalubrité et l’insécurité sanitaire rythment leur quotidien. Les familles dénoncent la présence d’animaux errants, de rats, de moustiques, ainsi que la dégradation de leur cadre de vie. Eau potable irrégulière, assainissement défectueux, prolifération de déchets et de plantes sauvages. Le décor est celui d’un abandon manifeste, estiment-ils. La crise sanitaire liée au Covid-19 a davantage isolé ces populations, livrées à elles-mêmes.
Dans un courrier adressé récemment au wali de Boumerdès, Mme Naâma, les habitants ont exprimé clairement leur détresse. « Nous vivons dans ces chalets depuis 2003. Entre 2008 et 2018, nous avons été ballotés entre promesses et recours, et de 2018 à 2025, nous y sommes encore… Quelle est la solution », s’interrogent les concernés.
Les familles affirment avoir saisi à plusieurs reprises les responsables locaux, sans obtenir de réponses concrètes. Certaines lettres de doléances seraient restées sans suite. Plus grave encore, des irrégularités entacheraient la gestion du dossier. Selon eux, des bénéficiaires déjà relogés auraient été recensés une seconde fois, et certains chalets auraient été attribués de manière illégale à de nouveaux occupants, entraînant la cohabitation de plusieurs familles sous un même toit.
Aujourd’hui, les habitants pointent du doigt un système opaque et dénoncent une absence de volonté politique. Ils demandent une révision du dossier, une enquête sérieuse et un recensement équitable, loin des pratiques clientélistes et des passe-droits.
Outre la question du relogement, les riverains alertent sur la multiplication de constructions illicites dans le périmètre, « qui poussent comme des champignons », selon leurs propres mots. Une prolifération inquiétante à laquelle les autorités semblent, pour l’heure, rester sourdes.
Vingt-deux ans après le séisme, les promesses non tenues pèsent lourd. A Bordj Menaïel, la patience des sinistrés des chalets Naftal a atteint ses limites. Ils n’attendent plus que des actes concrets et la reconnaissance de leur droit fondamental à un logement décent.
Ces habitants espèrent être entendus et considérés. Et leur seul espoir, aujourd’hui, est que leur demande parvienne au président de la République.
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