Identité

En 2007, le président français tout juste élu, Nicolas Sarkozy, mettait sur le tapis une thématique qui allait diviser profondément la classe politique et même une partie du pays, l’identité nationale. Lui qui a mis sur pied le très éphémère ministère de l’Immigration, qui disparaîtra après la fin de son mandat, avait alors décidé de […]

Fév 8, 2025 - 03:28
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Identité

En 2007, le président français tout juste élu, Nicolas Sarkozy, mettait sur le tapis une thématique qui allait diviser profondément la classe politique et même une partie du pays, l’identité nationale. Lui qui a mis sur pied le très éphémère ministère de l’Immigration, qui disparaîtra après la fin de son mandat, avait alors décidé de répondre aux attentes de ses électeurs les plus à droite en s’attaquant à la transformation démographique du pays et du changement de mœurs qui en découle. Mais le dossier de l’identité nationale a fini par créer la division, jusqu’au sein de son parti et même parmi les sarkozystes. Une leçon pour ses successeurs qui ont prudemment, jusqu’à aujourd’hui, évité d’aborder ces thématiques de manières trop frontales. Pourtant, aujourd’hui, le Premier ministre semble décidé à prendre le risque de l’impopularité en s’attaquant à un sujet tabou en France, le droit du sol, qui existe depuis plus d’un siècle et demi et dont la légitimité est depuis quarante ans remise en question, notamment par la droite nationaliste. Cela en y mêlant, par ailleurs, la question épineuse de l’identité nationale. François Bayrou a ainsi jugé hier «trop étroit» un débat sur le droit du sol comme suggéré par son ministre de la Justice, Gérald Darmanin, et souhaité un débat «plus large sur qu’est-ce que c’est qu’être Français», lors d’un entretien sur RMC. «Qu’est-ce que ça donne comme droits ? Qu’est-ce que ça impose comme devoirs ? Qu’est-ce que ça procure comme
avantages ? Et en quoi ça vous engage à être membre d’une communauté nationale ? À quoi croit-on quand on est français ?», a ajouté le Chef du gouvernement qui a fait récemment polémique en évoquant un «sentiment de submersion» migratoire. «On peut entrer dans un débat, il faut réfléchir à la manière dont il est organisé», mais «on ne va pas tout repousser à la présidentielle», a-t-il ajouté. Il assure que ce débat peut avoir lieu dès maintenant et qu’il n’a pas besoin d’être repoussé à après la prochaine présidentielle. «Je pense qu’on peut entrer dans un débat, il faut réfléchir à la façon dont ce débat se développe, est organisé», ajoute celui qui est toujours maire de Pau. Il s’exprimait au lendemain de l’adoption, par l’Assemblée Nationale, lors d’une séance particulièrement houleuse, d’une proposition de loi portée par la droite visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte. Il a rappelé avoir proposé «depuis déjà douze ans ou quinze ans» de se pencher sur la situation de Mayotte et de la Guyane, «dans laquelle il y a des milliers et des milliers de personnes qui arrivent avec l’idée que, s’ils mettent au monde des enfants là, ils seront Français». «Tout cela, évidemment, ça mérite d’être reconsidéré», a complété le Chef du gouvernement. «On va les traiter, on va en tout cas les débattre, on va les approfondir et il n’y a pas de raison de repousser éternellement», a-t-il développé et «il faut apprendre à débattre, à échanger des convictions ou des arguments, sans s’insulter, sans se condamner à la vindicte publique, sans être cloués au pilori, sans être considérés comme des ennemis de la Nation». Déjà, la classe politique se déchire, et ce, jusque dans le camp macroniste, avec des critiques émanant de son propre gouvernement. Reste à voir si Bayrou gardera le cap sur ce dossier délicat, ou s’il cédera sous la pression de la gauche et de l’aile gauche de la coalition présidentielle.