Il y a des lieux qui semblent avoir été dessinés par la main d’un poète. Ziama Mansouriah est de ceux-là. Nichée entre l’azur de la mer et les ondulations vertes des montagnes de Jijel, cette commune semble chuchoter à l’oreille de chaque voyageur : «Prends le temps de me découvrir».
Par Hafit Zaouche
Ici, l’été ne brûle pas, il caresse. Les eaux des oueds Dar El Oued et Assif El Kitoune coulent comme des veines de fraîcheur à travers la forêt. On y entre comme dans un sanctuaire. Les pieds dans l’eau, le cœur au ralenti, les esprits s’apaisent. À chaque détour, une chute d’eau, une pierre moussue, un chant d’oiseau qui vous rappelle que vous n’êtes qu’un invité discret dans un royaume oublié.
Plus bas, la mer, fidèle amante, enlace la côte. Le petit port respire la simplicité et le poisson frais. Les pêcheurs reviennent au lever du jour, les enfants rient au bord de l’eau, les anciens regardent l’horizon comme on regarde un vieux secret. «La mer ne ment pas», disait Yasmina Khadra. Ici, elle murmure des vérités douces à qui sait l’écouter.
Mais Ziama, ce n’est pas seulement l’éclat du littoral. C’est aussi l’appel des hauteurs. Des randonnées mènent vers l’ombre des cèdres, aux pieds de Djebel El Hedid ou de Sidi Abed. Là-haut, le silence devient musique. On aperçoit au loin les villages d’El Oueldja et les traces d’un passé qui persiste dans les pierres et les mémoires.
Au cœur de la forêt de Guerrouche, on devine la respiration d’une Algérie ancestrale, indomptée, mystérieuse. Le chant de la sittelle kabyle, oiseau rare, semble saluer les marcheurs. Et puis il y a la cascade de Mozankok, si belle, si pure, qu’on hésite à la déranger. On s’y baigne doucement, comme on entrouvre un livre sacré.
Ziama Mansouriah n’est pas une destination, c’est une expérience. Une émotion. Un lieu où l’Algérie se révèle, sauvage, généreuse, infiniment belle.
H. Z.