La guerre commerciale contre son alter ego

En apparence du moins, les Etats-Unis sous l’impulsion de Donald Trump ont pris l’initiative d’entrer dans une seule même guerre économique dirigée à la fois contre leur voisin du nord, le Canada, un allié de toujours, un alter ego autant dire, contre leur voisin du sud, le Mexique, et contre la Chine, qui pour être […]

Fév 3, 2025 - 21:06
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La guerre commerciale contre son alter ego

En apparence du moins, les Etats-Unis sous l’impulsion de Donald Trump ont pris l’initiative d’entrer dans une seule même guerre économique dirigée à la fois contre leur voisin du nord, le Canada, un allié de toujours, un alter ego autant dire, contre leur voisin du sud, le Mexique, et contre la Chine, qui pour être plus lointaine géographiquement n’en reste pas moins la cible principale. Ils se servent contre eux trois de la même arme : la hausse des tarifs douaniers, à l’exclusion de toute autre entrave susceptible de venir en appoint tout en ajoutant à leurs difficultés. Il existe néanmoins une première différence, c’est que les hostilités contre la Chine ne datent pas d’hier, et elles ne sont pas le fait du seul Donald Trump, qui en réalité ne fait en ce moment que les mettre à jour. Si bien que la nouvelle augmentation des droits de douane de 10%, s’ajoutant à ceux qui existent déjà, n’a constitué une surprise pour personne. Ce qui aurait été étonnant, c’est que la Chine soit épargnée, comme il avait d’ailleurs semblé à la veille de la déclaration de guerre commerciale. Quand celle-ci avait commencé lors du premier mandat de Trump, elle n’était dirigée que contre la Chine.

Aurait-elle été étendue aux voisins immédiats des Etats-Unis si elle avait été gagnée dès ce moment ? Probablement non. Les Etats-Unis se sont retournés contre les pays les plus proches d’eux, ceux dont les économies en tout cas sont le plus imbriquées à la leur, comme en témoigne le fait qu’ils constituent leur principal débouché, parce qu’ils ne sont pas parvenus à bloquer l’ascension de la Chine, d’ores et déjà la première puissance industrielle au monde. Il ne serait même pas exagéré de dire que compte tenu de leur degré d’interdépendance, ces trois économies n’en font en réalité qu’une. La première d’entre elles, celle des Etats-Unis, se sanctionne elle-même en sévissant contre les deux autres. La hausse des tarifs de 25% est une nouvelle et importante taxe prélevée sur les entreprises américaines important du Mexique et du Canada soit des intrants pour leur industrie soit des produits finis pour la consommation, avec pour conséquence inéluctable dans les deux cas, du moins dans un premier temps, la hausse des prix, ce qui n’est pas le but recherché par Washington. Ces mesures ne viennent pas en conclusion d’un processus, mais à son début. Il n’empêche, nous savons d’ores et déjà pourquoi l’administration Trump s’attaque au Canada, un aussi proche allié. Son but est tout simplement de l’annexer. Elle veut apporter la preuve qu’il est trop dépendant des Etats-Unis pour qu’il puisse se passer d’eux, survivre en dehors d’eux. C’est là un pays que nous subventionnons depuis si longtemps, vient de déclarer Donald Trump, laissant entendre que cela ne peut plus durer désormais. Le monde a changé, en effet, les Etats-Unis ont un déclin à enrayer, des frontières à protéger, une immense vague migratoire à repousser, une Chine dont il faut arrêter l’ascension à tous égards, une Russie nucléaire à sortir de l’Ukraine d’abord, à démembrer ensuite. Rien de cela ne pourra se faire si en plus il faut continuer à entretenir des alliés dépendant en quasiment tout, qu’ils soient américains ou européens d’ailleurs. Interrogé sur le fait de savoir s’il entrait dans ses intentions d’appliquer le même traitement à l’Europe, Trump a répondu que oui, et que cela ne saurait tarder.