La route du Cap Aokas: Un balcon ouvert sur la mer et les montagnes

C’est une route qui serpente entre ciel et mer, accrochée aux flancs de la montagne comme une ligne poétique tracée dans le paysage kabyle. La route du Cap, récemment rénovée, renaît sous un jour nouveau. Longtemps oubliée, elle est aujourd’hui redécouverte comme l’un des plus beaux itinéraires touristiques de la région de Béjaïa, et plus […]

Juil 21, 2025 - 01:05
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La route du Cap Aokas: Un balcon ouvert sur la mer et les montagnes

C’est une route qui serpente entre ciel et mer, accrochée aux flancs de la montagne comme une ligne poétique tracée dans le paysage kabyle. La route du Cap, récemment rénovée, renaît sous un jour nouveau. Longtemps oubliée, elle est aujourd’hui redécouverte comme l’un des plus beaux itinéraires touristiques de la région de Béjaïa, et plus précisément d’Aokas.

Construite entre 1864 et 1865 par l’administration coloniale française, son objectif initial était stratégique : relier Béjaïa à Sétif. Deux options s’offraient aux ingénieurs de
l’époque : percer un tunnel dans la montagne ou dessiner une route longeant la mer. C’est cette deuxième alternative qui a d’abord été retenue, donnant naissance à ce tracé spectaculaire, suspendu au-dessus de la Méditerranée.
Durant près d’un siècle, la route du Cap a été l’axe principal pour relier les Hauts-Plateaux à la mer. Elle a servi de colonne vertébrale pour les échanges économiques, militaires et humains entre le littoral et l’intérieur du pays. Mais en 1962, après l’indépendance, un projet d’envergure modifia la donne. Un tunnel fut creusé à travers la montagne Imma Tadrart, inaugurant la RN09 actuelle, qui relie Béjaïa à Sétif et Jijel. Ce nouvel axe plus direct a peu à peu relégué la route du Cap à l’arrière-plan.
Et pourtant, elle n’a rien perdu de son charme. Bien au contraire.
Perchée comme un balcon naturel sur la corniche, elle offre aujourd’hui un point de vue inégalé sur la ville d’Aokas, les villages alentours, la baie de Béjaïa, et les eaux profondes de la Méditerranée. Chaque virage est une promesse d’émerveillement. Chaque arrêt devient une halte contemplative. Loin de
n’être qu’un itinéraire, la route du Cap est devenue une expérience.
C’est grâce à l’engagement d’un citoyen d’Aokas, amoureux de sa terre, que cette route a retrouvé toute sa splendeur. Par des actions continues et un plaidoyer local en faveur de sa réhabilitation, elle a été remise en état et commence à attirer artistes, visiteurs et curieux. Plusieurs clips musicaux y ont été tournés, tant le décor naturel s’impose comme un studio à ciel ouvert. Les roches, les pins, les falaises et l’horizon marin composent un tableau vivant à chaque heure du jour.
Aujourd’hui, la route du Cap incarne une nouvelle vocation touristique, un exemple de reconversion réussie du patrimoine routier. Elle ne transporte plus seulement des voyageurs : elle transporte des regards, des émotions, des histoires. Elle est aussi un symbole de tourisme durable, valorisant les ressources naturelles et culturelles sans les dénaturer.
Il suffirait de peu pour qu’elle devienne un circuit touristique à part entière : un sentier cyclable ou pédestre, des aires de repos panoramiques, quelques panneaux historiques, une signalétique valorisant la biodiversité locale. Ce serait une belle manière de l’intégrer pleinement dans l’offre touristique régionale, tout en respectant son caractère intimiste.
À une époque où le tourisme aspire à plus de lenteur, plus d’authenticité et plus de sens, la route du Cap a tout pour plaire. Elle ne mène plus à Sétif, mais elle mène à quelque chose de plus profond : la beauté du territoire et le lien à la mémoire.
Hafit Zaouche