La stratégie de la bourgeoisie française contre l’Algérie : de l’éventail à l’épouvantail

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Fév 4, 2025 - 04:23
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La stratégie de la bourgeoisie française contre l’Algérie : de l’éventail à l’épouvantail

Une contribution de Saadeddine Kouidri – Il aurait raison le ministre français de l’Intérieur qui juge que «rien ne donne à l’Algérie le droit d’offenser la France» si son affirmation ne rappelait pas le coup d’éventail du dey Hussein devant le consul de France, qui refusait le 30 avril 1827, avec arrogance, de s’engager sur le remboursement de la dette. C’est ce coup qui a été retenu par l’histoire coloniale comme prétexte au débarquement de l’armée française, le 14 juin 1830 à Sidi-Fredj, et masquer la vraie raison qui est d’accaparer du trésor d’Alger et instaurer la colonisation de peuplement qui va durer 132 ans, au prix de plus de 5 millions de victimes.

Après l’échec de tous les scénarios que la France a fourbis depuis notre indépendance pour maintenir l’Algérie sous son influence, ressassant l’histoire de la colonisation civilisatrice, faite à coups de canons sur les villages, de coups de couteaux du clan Le Pen sur la chair des indigènes, le président Macron se rappelle enfin la source de la réussite, ce coup d’éventail qui, dit-on, est plutôt celui d’un chasse mouche.

Ruiné par ses défaites politiques, suite à sa dissolution de l’Assemblée, Macron s’est dit que pour s’en sortir, il lui fallait un subterfuge : celui de remplacer l’éventail par un épouvantail. L’idée est vite trouvée, puisqu’il avait cet écrivain sous la main à qui il vient d’octroyer personnellement la nationalité, surtout qu’il trône dans les médias mainstream, boosté par des éditeurs en sus d’une ambition dans la fachosphère. Oui, Boualem Sansal n’est pas qu’une plume aux yeux du président français, mais l’Algérien pro-sioniste qui, avec sa nouvelle nationalité française, devient un élément rare pour raconter les histoires qui peuvent gêner son pays natal qui ne reconnaît toujours pas Israël.

Pour cela, son ministre inverse le calendrier des événements récents pour rendre vraisemblable la malice de son président, en prétendant que l’écrivain algérien est détenu arbitrairement en Algérie. C’est ce que reprennent les médias en omettant de préciser que Sansal résidait dans son pays natal sans problème. La malice est de transformer ce septuagénaire en épouvantail, affirmant que c’est offenser la France que de mettre Sansal en prison tout en laissant libre un influenceur poursuivi par leur justice qu’il expulse vers Alger à quelques jours de son procès et qui est renvoyé illico presto, pour ne pas être présent face au juge. C’est ce renvoi qui contrarie la France et en fait la raison de la crise tout en effaçant aux yeux des médias et, pas seulement, la reconnaissance française de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, qui poussa l’Algérie à rappeler son ambassadeur. Ce n’est donc pas le énième rebondissement comme le mentionne Retailleau, mais la cause principale qui a entraîné la France à constater que sa «manière douce», celle de faire passer son récit colonial, a échoué. Elle monte d’un cran dans sa tentative d’imposer sa politique comme l’avait imposée ses ancêtres en 1830, puisqu’il poursuit en disant que «la manière douce n’a pas suffi, il me semble que nous devons à présent examiner l’ensemble des moyens à notre disposition pour remettre la relation sur de bons rails», tout en précisant qu’il n’a «aucun interlocuteur institutionnel en Algérie».

Si vous posez les questions à Google sur Boualem Sansal, il vous répondra qu’il a été naturalisé français par le président Emmanuel Macron lui-même en 2024. Qu’il est né en Algérie, vit près d’Alger et qu’il a été incarcéré le samedi 16 novembre 2024 à l’aéroport d’Alger, en provenance de France, et il ne vous dira pas que, durant toute sa vie, le septuagénaire a voyagé normalement, comme la majorité des citoyens et ne vous dira pas de quoi son pays natal l’accuse, car Retailleau affirme n’avoir «aucun interlocuteur institutionnel en Algérie». Pour ce ministre de l’intérieur de la France, la question, dans ce cas est : par quel biais son pays a-t-il été offensé ?

Sansal est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Seul le juge tranchera lors du procès qui se tiendra, puisqu’il vient de sortir de l’hôpital. Contrairement aux prisons françaises, où les détenus sont envoyés à l’hôpital ou au cimetière par leurs gardiens.

Si la République algérienne a fait la guerre aux terroristes-islamistes et les a vaincus, ce n’est certainement pas pour faire place à un antimusulman, qui se cache derrière son anticommunisme défendant l’Etat sioniste et le royaume marocain. Personne ne mérite la prison pour ses opinions, surtout pas le Dr Hussam Abu Safiya et les milliers de ses concitoyens palestiniens, sans oublier Georges Abdallah emprisonné en France depuis 40 ans, parce qu’il est un antisioniste, un communiste, un libano-palestinien.

Euphorisés par la victoire de Trump que la haute technologie semble anoblir pour le moment, Macron et ses sbires, qui n’ont pas été invités à l’intronisation de leur nouveau gourou, font des déclarations à l’emporte-pièce sur les Africains pour montrer les limites de leur précarré comme le chien qui pisse pour délimiter son territoire.

Le Parlement de la Ligue arabe condamne à juste titre la résolution du Parlement européen qui exige la «libération immédiate et sans condition» de Boualem Sansal, qu’il traite d’écrivain et non de militant de la colonisation, que l’Algérie s’honore à mettre en prison. Pour ceux qui acceptent le génocide, qui acceptent d’être gouvernés par l’extrême-droite, leur honneur est dans les salles de tortures, dans la misère des peuples, dans les shoahs continuelles depuis celle des Amérindiens, bien avant Hitler jusqu’à Netanyahu, Biden et Trump.

Le socialiste états-unien Bernie Sanders rappelle que «dans son discours de Gettysburg en 1863, le président Abraham Lincoln a parlé d’un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. Malheureusement, aujourd’hui, nous avons un gouvernement de la classe des milliardaires, par la classe des milliardaires, pour la classe des milliardaires». Sachant que ces derniers sont obligatoirement une minorité, celle qui élit et fait élire les gouvernants par les urnes, démocratiquement. On peut donc dire que leur démocratie n’est rien d’autre que le pouvoir de la minorité, sans préciser que c’est celle de la bourgeoisie, laissant croire que c’est celle de la majorité.

La démocratie bourgeoise qui, depuis des siècles, permet aux plus riches d’être encore plus riches et aux plus pauvres de l’être davantage, vient malheureusement d’élever au sommet de sa hiérarchie officiellement le représentant de l’extrême-droite internationale ce 20 janvier 2025, comme elle avait élu démocratiquement à travers les urnes Hitler en mars 1933, il y a presqu’un siècle.

Avec le temps, on sait que Kadhafi a été assassiné à cause de ses grands projets de développement, comme celui de la construction d’infrastructures aussi bien que la création d’une identité panafricaine et d’une monnaie africaine commune (le dinar en or). La France de Sarkozy était de ceux des Etats qui savaient que ce n’était pas une utopie.

Il est utile de rappeler que l’Etat français qui exige de l’Algérie la libération d’un détenu sans jugement est «régulièrement condamné par les instances européennes pour son racisme d’Etat, ses violences policières, les conditions inhumaines de détention, s’agissant des prisonniers aussi bien que des exilés». Le rapport précise que sa justice «ne garantit pas un égal traitement selon la classe sociale».

Si on précise qu’Elon Musk «a toujours lutté contre l’implantation d’un syndicat chez Tesla, il a, plus tard, défendu l’idée de licencier celles et ceux qui menacent de faire grève, tandis qu’il a été plusieurs fois épinglé pour ne pas respecter le droit du travail chez SpaceX» et que «ce combat contre les syndicats est aussi au cœur des actions de Facebook ou d’Amazon», on n’a plus de doute sur son salut nazi.

L’échec de Netanyahou dans le génocide des habitants de Gaza va être comblé par son nouveau maître qui, en homme de paix de la bourgeoisie, va tenter de les affamer pour pouvoir les déporter et faire de leurs terres un site touristique. C’est, je suppose, le deal du cessez le feu. En sus de l’amnistie des colons de l’Etat sioniste, un bonus du premier président élu des Etats-Unis, condamné au pénal dans le jugement du 10 janvier 2025 dans l’affaire des paiements cachés à une star de films X, à l’Etat sioniste.

C’est la peur de l’anticolonialisme qui fait dire à Macron que les Africains sont ingrats. Comme il ne peut pas continuer à s’en prendre à tout le monde à la fois, avec ses à 79% de Français mécontents de sa politique, il s’en prend à l’Algérie, misant sur les brebis galeuses que la France utilise à cause de la confusion entretenue entre l’Algérie française des pieds-noirs et celle des indigènes qui a fait croire non seulement à des citoyens, mais jusqu’à de hautes autorités, parfois à certains de nos écrivains et historiens, qu’une histoire commune était envisageable. L’une des conséquences de cette guerre des mémoires a été d’effacer certains crimes de la France jusqu’à faire oublier que l’Algérie indépendante a des juridictions, dont celle de la justice qui décide de mettre fin à la nuisance de Sansal, ce militant de l’extrême-droite, et de renvoyer l’influenceur algérien pour être jugé par la France qui le poursuit pour, comme elle le prétend, avoir proféré des menaces de mort dans les médias.

Quand les Africains constatent l’échec de l’armée française face au terrorisme, ils lèvent le voile sur un leurre. Le terrorisme n’était pas le but mais une couverture qui lui permettait une recolonisation pour mieux protéger leurs richesses de plus près et pas que. C’est ainsi que la jeunesse africaine comprend mieux leurs aînés révolutionnaires et reprend la lutte que leur peuple n’a jamais abandonné.

L’option postcoloniale a fait perdurer l’autorité de l’ex-colonisateur en Afrique, jusqu’à la destruction de la Libye par la France et l’Otan, initiée par Nicolas Sarkozy pour assassiner Mouammar Kadhafi, à cause d’une affaire personnelle, et déplumer la Libye de son pétrole au nom de la liberté – bourgeoise, il faut le préciser. Ce piège de la social-démocratie occidentale de Mitterrand le tortionnaire semble prendre fin aujourd’hui.

S. K.

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