L’archevêque d’Alger fustige le ministre de l’intérieur français : «Retailleau est une menace pour France»
Le 25 mars les déclarations incendiaires du ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, concernant l’Algérie continue de provoquer une vague de réactions. Cette fois-ci c’est le Cardinal Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger qui a rompu son silence et affiche dans un entretien accordé au quotidien français La Croix International, son désaveu face aux propos du ministre […]

Le 25 mars les déclarations incendiaires du ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, concernant l’Algérie continue de provoquer une vague de réactions.
Cette fois-ci c’est le Cardinal Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger qui a rompu son silence et affiche dans un entretien accordé au quotidien français La Croix International, son désaveu face aux propos du ministre français et a mis en garde contre les conséquences d’une crise prolongée dans les relations franco-algériennes.
Le Cardinal Vesco a vivement critiqué le «ton comminatoire» utilisé par Bruno Retailleau dans ses déclarations sur l’Algérie. Le ministre français mène, faut-il le rappeler, une campagne haineuse contre notre pays en usant d’un langage indigne, ce qui, affirme l’archevêque, est perçu comme «une tentative d’imposer des injonctions plutôt que d’encourager un dialogue respectueux».
« Ce qui me gêne dans les propos du ministre, c’est le ton comminatoire de ses injonctions aux autorités algériennes », a souligné le Cardinal, ajoutant que ce genre de discours ne correspondait pas à «l’approche constructive qu’il faudrait privilégier dans les relations internationales».
Vesco a insisté sur le fait que l’Algérie, en tant que Nation souveraine, «n’a pas à céder facilement à ce type de pression, surtout lorsqu’elle provient de la France, un pays qui a une histoire complexe avec l’Algérie».
Il a rappelé que «la confiance est au cœur des relations diplomatiques et que toute tentative de manipulation ou de pression ouverte est perçue comme une trahison, particulièrement après le changement de position de la France sur la question sensible du Sahara Occidental».
Le Contexte du Divorce Franco-Algérien : «Un danger pour… la France»
L’archevêque d’Alger a également évoqué la dynamique sous-jacente des relations franco-algériennes et a exprimé son inquiétude face à un potentiel « divorce » entre les deux pays. Selon lui, les tensions actuelles ne se limitent pas simplement à un différend diplomatique, mais s’étendent à un risque plus profond de séparation entre la France et une partie de sa population».
En effet, il a souligné que l’une des conséquences les plus graves de l’escalade des tensions serait «la rupture de lien entre la France et des millions de Français musulmans, qu’ils soient franco-algériens ou d’origine algérienne».
Le Cardinal a averti que «ces Français, souvent parfaitement intégrés dans la société, jouent un rôle central dans la vie économique et sociale de la France». « Ce divorce ne se limiterait pas à une simple rupture de relations diplomatiques avec un pays, mais à un éloignement silencieux de millions de Français qui, aujourd’hui, se sentiraient de plus en plus étrangers dans le pays qu’ils contribuent à faire vivre », a expliqué Vesco.
La question du Sahara Occidental et la confiance perdue
L’un des points essentiels soulevés par le Cardinal Vesco a été la question du Sahara Occidental, une problématique centrale dans les relations entre l’Algérie et la France. Il a rappelé que les autorités algériennes avaient perçu le changement de position de la France sur ce dossier comme une « trahison » et que cet événement avait déclenché une crise de confiance majeure. « L’Algérie ne cède jamais face à ce type de discours, spécialement venant de la France », a-t-il précisé, faisant référence à la sensibilité du pays à ce sujet historique.
«Cette évolution politique et diplomatique pourrait mettre en péril non seulement les relations bilatérales, mais aussi nuire à l’important travail de réconciliation et de construction d’une relation fondée sur la confiance, comme il avait été entamé entre les Présidents des deux pays».
Le Cardinal a souligné que la question du Sahara Occidental était plus qu’un simple différend diplomatique ; elle porte sur des valeurs de justice et de soutien à l’autodétermination des peuples, des principes auxquels l’Algérie est profondément attachée.
La voie suicidaire pour la France
Vesco a exprimé dans ce même sillage sa colère face à ceux, «tant en France qu’en Algérie, qui souhaiteraient voir se creuser davantage le fossé entre les deux pays». Selon lui, ce genre de politique étrangère, menée par des responsables français qui semblent vouloir régler des comptes avec leur propre histoire coloniale, serait non seulement une « voie suicidaire » pour la France, mais risquerait de plonger les deux nations dans une période de tensions interminables.
Le Cardinal a prévenu qu’il ne s’agissait pas seulement d’une question de politique extérieure, mais que cela affecterait également la cohésion sociale en France, en particulier parmi les communautés musulmanes et nord-africaines.
Allant encore plus loin dans son analyse, le Cardinal estime que « les responsables politiques français semblent régler des comptes avec leur histoire personnelle», et suggère que «cette attitude pourrait alimenter une polarisation au sein de la France, avec des conséquences négatives pour les relations sociales, culturelles et communautaires à l’intérieur même du pays».
Jean-Paul Vesco a lancé un appel à la réconciliation entre la France et l’Algérie, appelant les deux nations à dépasser les questions historiques pour, dit-il, «bâtir une relation fondée sur le respect mutuel, la coopération et la reconnaissance des défis communs».
La solution à cette crise, conclu-t-il, «réside dans un dialogue apaisé et constructif, loin des discours incendiaires et des ingérences extérieures. « J’espère encore qu’il est possible de retrouver ce chemin de confiance », a-t-il conclu, espérant une réconciliation sincère entre les deux pays, dans l’intérêt de leurs peuples respectifs.