Normalisation avec Israël : les messages cryptés d’un institut sioniste à l’Algérie
Par Khaled Boulaziz – Il fallait bien que cela arrive. Dans un policy brief publié ce mois de juillet sous... L’article Normalisation avec Israël : les messages cryptés d’un institut sioniste à l’Algérie est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Par Khaled Boulaziz – Il fallait bien que cela arrive. Dans un policy brief publié ce mois de juillet sous le titre «Strategic U.S. Engagement with Algeria: A Pathway Amid Shifting Global Dynamics» (1), le Washington Institute for Near East Policy, fidèle à sa ligne habituelle, tente une nouvelle fois de revêtir ses obsessions impériales d’un vernis analytique. Le texte, signé d’une plume faussement pondérée, s’inscrit dans une tradition bien huilée de manipulation stratégique : convaincre l’Algérie, par les voies feutrées de la diplomatie, de renier ses principes fondateurs, d’amadouer l’empire, de s’aligner sur l’axe Washington-Tel-Aviv.
Mais avant de disséquer ce concentré de duplicité, il convient de rappeler la nature de l’institution émettrice. Le Washington Institute for Near East Policy, bastion idéologique du sionisme militant, n’est rien d’autre qu’un appendice bien nourri de l’AIPAC, une fabrique de récits empoisonnés au service d’un projet colonial : Israël. Depuis sa fondation, ce prétendu think tank ne pense pas ; il ordonne, il impose, il oriente les stratégies impériales américaines vers un seul et unique objectif : la survie, l’expansion et la domination régionale de l’entité sioniste, ce golem de mort enraciné en Palestine occupée.
Les plumes qui s’agitent entre ses murs ne sont pas neutres. Ce sont les scribes modernes d’un temple sacrilège, celui du messianisme militarisé, de l’Orient recomposé par drones, par bases, par pactes iniques. Chaque note, chaque article, chaque soi-disant policy paper de cet institut n’est qu’un écho du cri raciste de Herzl transfiguré en missiles sur Gaza : «Nous civiliserons l’Orient par le feu.»
Et, aujourd’hui, ces chantres de la guerre propre, ces architectes d’un Levant saigné à blanc, tournent leur regard vers Alger. L’Algérie, bastion encore insoumis, encore debout, encore rétif à l’ordre abrahamique, devient leur cible nouvelle. Ils ne conseillent pas : ils infiltrent. Ils ne dialoguent pas : ils intoxiquent. Car la stratégie américaine qu’ils veulent «réinventer» vis-à-vis de l’Algérie n’est qu’une autre tentative d’enserrer le Maghreb dans le réseau tentaculaire des normalisations sionistes.
L’article en question – déguisé en réflexion stratégique – n’est, en réalité, qu’un appel déguisé à l’arrimage de l’Algérie à l’axe américano-israélien, sous couvert de «réalignements géopolitiques». On y retrouve les ficelles grossières du langage néocolonial : «opportunité», «réalignement», «dialogue stratégique», «zones d’intérêts partagés». Traduire : pression, corruption, chantage diplomatique.
Le think tank évoque un monde en recomposition – et c’est vrai : il se défait de l’emprise unipolaire, ce qui affole Tel-Aviv et ses sous-traitants. Mais, dans ce contexte, que propose-t-on pour l’Algérie ? De «s’engager davantage» avec les Etats-Unis, de «renforcer les canaux de coopération», de «construire la confiance» – jargon creux dont la traduction réelle est : déracinez votre solidarité palestinienne, normalisez, et vous serez récompensés.
L’article s’attarde sur le rôle de la Chine, de la Russie, du Sahel – sans jamais nommer la racine de la méfiance algérienne : le soutien inconditionnel des Etats-Unis à Israël. Rien sur les bombes au phosphore larguées sur Gaza. Rien sur les bébés brûlés vifs. Rien sur le génocide en cours.
Et c’est là le cœur du crime : l’Algérie est sommée de s’ouvrir à un empire qui finance les tueurs de Rafah, qui arme les snipers de Jérusalem, qui protège les colons messianiques de Hébron – et ce think tank ose parler de «confiance» ? La confiance se mérite. Elle ne se marchande pas dans le sang des enfants de Gaza.
Pire encore, le texte tente d’enrober ce viol géopolitique sous une couche de «coopération économique». Comme si le pillage organisé des ressources africaines, sous la bénédiction de Tel-Aviv, était autre chose qu’un énième viol du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Il faut que l’Algérie voie clair : ces analyses ne sont pas de simples notes académiques. Ce sont des projectiles idéologiques. Chaque mot est une balle en chambre. Chaque recommandation, une manœuvre d’enrôlement dans l’ordre israélo-américain. Refuser ce discours, c’est résister non seulement à l’impérialisme, mais au mensonge institutionnalisé, à la recolonisation cognitive du monde arabe.
Le Washington Institute ne veut pas une Algérie forte, il veut une Algérie soumise. Il ne veut pas une Algérie partenaire, il veut une Algérie complice. Et tant que les veines de Gaza saigneront, que les cadavres s’accumuleront dans les écoles et les hôpitaux, aucun discours sur la «coopération stratégique» ne sera autre chose qu’une insulte barbouillée de diplomatie.
K. B.
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