Pénurie de pièces détachées, infrastructures hors normes et improvisation : Qui va porter la responsabilité ?

« Plus de 84 000 bus de transport de voyageurs vétustes circulent actuellement sur le territoire national ». C’est le ministre des Transports, qui l’a affirmé hier, au lendemain de l’horrible accident d’El Harrach. C’est un aveu d’une grande teneur, qui implique tous les ministres l’ayant précédé dans ce poste au moins durant les 20 dernières années, […] The post Pénurie de pièces détachées, infrastructures hors normes et improvisation : Qui va porter la responsabilité ? first appeared on L'Est Républicain.

Août 17, 2025 - 12:29
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Pénurie de pièces détachées, infrastructures hors normes et improvisation : Qui va porter la responsabilité ?

« Plus de 84 000 bus de transport de voyageurs vétustes circulent actuellement sur le territoire national ». C’est le ministre des Transports, qui l’a affirmé hier, au lendemain de l’horrible accident d’El Harrach. C’est un aveu d’une grande teneur, qui implique tous les ministres l’ayant précédé dans ce poste au moins durant les 20 dernières années, mais également le contrôle technique et les assureurs. Combien faudrait-il attendre pour que ce parc de « ferraille » soit renouvelé ? Saïd Saoud a indiqué que l’opération s’effectuera par étapes dans les prochains mois, tout en mettant la pression sur les conducteurs, qui, selon lui, seraient responsables de « 90 % des accidents ». La tragédie d’El Harrach, qui a fait 18 morts et 24 blessés, dont certains sont dans un état grave, n’est pas la première. Un simple coup d’œil sur le bilan des années 2022, 2023 et 2024 nous édifiera sur la catastrophe. C’est un véritable « génocide » qui ne dit pas son nom ! Il n’y a pas d’autres termes pour qualifier l’hécatombe des routes algériennes. Selon un bilan établi par la gendarmerie nationale, l’année 2022 a été particulièrement meurtrière, avec 6 242 accidents de la circulation ayant entrainé la mort de 2 718 personnes et fait 10 361 blessés, dont un grand nombre ont gardé des séquelles plus ou moins profondes. Des dégâts matériels impressionnants et des traumatismes souvent permanents ! En 2024, le bilan des accidents de la route établi par les services de la protection civile est terrifiant. Couvrant la période allant du 1er au 20 octobre, soit une vingtaine de jours, le bilan rendu public montre parfaitement que l’Algérie est un des pays où l’insécurité routière tue le plus. 100 personnes ont trouvé la mort et 3.965 autres ont été blessées à la suite des accidents de la route survenus dans différentes wilayas du pays depuis le début du mois d’octobre. Il s’agit d’une véritable tragédie nationale. Un désastre humain, faut-il le signaler, qu’aucune mesure légale n’a pu atténuer ! Les Algériens ont encore en mémoire le terrible accident ayant eu lieu en juillet 2023, impliquant un bus qui assurait la liaison entre Tamanrasset et Adrar. 34 morts et 12 blessés graves fût le triste bilan de cette tragédie. L’implication des véhicules de transports de voyageurs et de marchandises dans un grand nombre d’accidents graves a été signalée. Les défaillances mécaniques et l’utilisation de pièces détachées de contrefaçon ont été également classées parmi les causes directes. En 2011 déjà, le président de la fédération nationale des transporteurs des voyageurs, Boucherit Abdelkader, avait déclaré que «30% sur les 70 000 bus de transport en commun assurant les différentes lignes à l’échelle nationale devraient être remplacés ». Il avait indiqué qu’une revendication soumise au ministère de tutelle, sans que des mesures concrètes ne soient encore prises », tout en faisant une grave révélation. Selon lui, « certains transporteurs bénéficient de la complicité ou du laisser-aller des services du contrôle technique », reconnaissant l’existence de « beaucoup de laisser-aller au niveau de ces services » ce qui explique la présence de certains engins déglingués sur nos routes. Toutefois, la vie du simple citoyen ne dépend pas uniquement du risque que présente le véhicule, puisque même « les chauffeurs ne répondent pas tous aux normes requises », avait-il expliqué. « Des chauffeurs présentant des maladies chroniques telles que le diabète, d’autres sont inaptes pour diverses raisons, exercent cette activité et mettent en péril la vie des citoyens », avait-il dénoncé. Que faut-il faire pour remédier à la pénurie, qui frappe depuis des années le marché des pièces détachées, due essentiellement aux perturbations des importations ? En mai dernier, et dans une réponse écrite en lien avec l’importation des bus d’occasion de moins de cinq ans, le ministre des Transports avait affirmé qu’un projet de décret exécutif fixant les modalités de délivrance des autorisations d’importation est en préparation. Saïd Sayoud, qui a pris ses fonctions de ministre des transports en novembre 2024, n’a donné aucune échéance concernant la finalisation du décret en question. Autorisés à importer des bus de moins de cinq ans en vertu de la loi de finances 2024, les opérateurs exerçant dans le transport urbain, suburbain et grandes lignes, sont toujours en attente de la mise en œuvre de cette mesure.

Mohamed Mebarki

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