Rationalisation des importations : La difficile équation de Rezig
Pour la deuxième fois depuis 2020, le gouvernement tente de réguler le marché extérieur afin de mettre fin aux « abus », mais également et surtout pour abaisser le montant des importations et donc épargner les réserves de changes qui sont très impactées par la baisse des importations générée par la chute des prix des […] The post Rationalisation des importations : La difficile équation de Rezig first appeared on L'Est Républicain.

Pour la deuxième fois depuis 2020, le gouvernement tente de réguler le marché extérieur afin de mettre fin aux « abus », mais également et surtout pour abaisser le montant des importations et donc épargner les réserves de changes qui sont très impactées par la baisse des importations générée par la chute des prix des hydrocarbures. Mais la tâche est difficile. « Je ne veux pas que les Algériens soient privés de quelque chose dont ils ont envie. Mais je vais mettre fin aux importations sans limites ». Dès son arrivée au pouvoir en décembre 2019, le président Abdelmadjid Tebboune a fait de la rationalisation des importations un des points forts de sa présidence. Son argumentaire alors était simple : limiter les importations de tout ce qui est produit dans le pays, ne plus acheter de l’étranger ce qui est superflu. Pour contrer cela, le chef de l’Etat avait un argument de taille : sous le régime précédent, des importateurs véreux, sans loi ni foi, importaient des produits dont on n’avait même pas besoin, le but étant de faire sortir les devises. Les résultats n’ont pas manqué à se faire sentir. Les importations, dont le montant dépassait souvent les 50 voire 60 milliards de dollars, sont ramenées à moins de 40 milliards de dollars. Mais cela a produit des effets inverses dans certains secteurs. En 2021 et 2022, des pénuries et des perturbations ont été signalées dans le marché national. Autre l’absence quasi-totale de véhicules neufs, des pièces de rechange et certains autres produits ont manqué. Une situation qui a conduit au limogeage du ministre du Commerce, Kamel Rezig et la levée de la plupart des restrictions aux importations. Cette année, le retour de Kamel Rezig aux affaires, comme ministre chargé du Commerce extérieur et de la promotion des importations a remis la question des importations sur le tapis. Le 9 juillet, il a publié une note annonçant l’arrêt quasi-total des importations avec effet rétroactif dès le 1er juillet. Il a appelé les opérateurs économiques à présenter un plan prévisionnel des importations (PPI). L’argument présenté par le membre du gouvernement est que « certains opérateurs se présentent comme producteurs, mais n’ont en réalité ni usines ni infrastructures industrielles. Leur seul objectif est d’importer pour revendre directement sur le marché intérieur », écrivait-il il y a quelques jours en réponse à l’interpellation d’un député. Mais très vite, une congestion est constatée au niveau du siège du ministère du Commerce extérieur. Pire, des opérateurs économiques et des importations, dont certaines devaient être dédouanées d’urgence, étaient bloquées dans les ports du pays. Une situation qui nécessite l’intervention du chef de l’Etat en personne. Abdelmadjid Tebboune a en effet réuni le 31 juillet tous les intervenants dans les opérations d’importation afin de débloquer la situation. En effet, les marchandises bloquées dans les ports ont été libérées. Mais comme en 2022, le marché commence déjà à ressentir les contrecoups de cette décision de restreindre les importations. Ainsi, certains produits, notamment des pièces de rechange de voitures et plus particulièrement les pneumatiques sont introuvables sur le marché, poussant certains algériens à aller chercher ces marchandises en Tunisie. Plus que cela, cette pénurie crée un danger sur la population puisque des accidents se sont déjà produits à cause de pneus défaillants. A cela s’ajoute un autre problème : pour les industriels, il est quasiment impossible de tout prévoir, surtout que des pannes des machines peuvent intervenir à tout moment, en plus de la possibilité pour certains de changer de produits ou d’augmenter le volume de production, ce qui nécessite donc une hausse des importations des matières premières. Tous ces obstacles peuvent pousser le gouvernement à changer de méthode et à opter, par exemple, pour un contrôle en amont des opérateurs économiques par les administrations concernées, que sont le Registre de Commerce et les impôts.
Akli Ouali
The post Rationalisation des importations : La difficile équation de Rezig first appeared on L'Est Républicain.