Riposte conjointe face au fléau de la toxicomanie : L’Algérie et la Tunisie unissent leurs efforts

La lutte contre la toxicomanie, la consolidation des relations algéro-tunisiennes dans le domaine sanitaire et le renforcement de la coopération régionale face aux défis complexes qui touchent les systèmes de santé étaient au centre de la rencontre, à Tunis, entre le ministre de la Santé, Abdelhak Saïhi, et son homologue tunisien Mustapha Ferjani. C’est ce qu’a indiqué, ce lundi, un communiqué du ministère de la Santé.

Cette rencontre, qui s’est déroulée en marge de la conférence régionale « One Health », a été l’occasion pour les deux ministres d’avoir un échange approfondi autour du fléau de la toxicomanie et des ravages causés par la consommation de drogue.

Une problématique que les deux parties considèrent comme un fléau transfrontalier, appelant des réponses concertées à la fois médicales, psychologiques et sociales, affirmant que « nous devons envisager la lutte contre la toxicomanie dans toute sa complexité, en misant sur la prévention, l’accompagnement psychosocial et l’insertion durable des jeunes concernés ».

Les deux ministres ont également souligné l’importance d’impliquer l’ensemble des acteurs, écoles, familles, structures de santé, justice, associations et collectivités locales, dans une stratégie coordonnée de prévention, assurant que « le combat dépasse le strict champ de la santé. C’est un enjeu de société qui interpelle tous les secteurs ». Ils ont aussi échangé sur les méthodes les plus efficaces en matière de traitement, mettant l’accent sur l’intégration de la prise en charge psychosociale dans les dispositifs thérapeutiques.

En outre, dans la continuité de cette dynamique régionale, les deux ministres ont convenu de réactualiser le mémorandum d’entente sanitaire entre les deux pays, afin de le rendre plus souple et adapté aux nouveaux enjeux. Cette révision a pour objectif le renforcement des capacités communes dans la gestion des crises sanitaires, l’amélioration des performances hospitalières et le partage d’expertises.

L’industrie pharmaceutique, et plus précisément la production locale de médicaments, ont occupé une place prioritaire dans le programme de coopération entre les deux pays. Les deux parties ont affiché leur volonté de promouvoir le transfert de technologies, de soutenir les synergies industrielles et de développer les capacités de production de médicaments essentiels dans l’espace maghrébin.

L’échange d’expériences entre établissements de santé, la formation conjointe des professionnels ainsi que l’organisation de journées scientifiques et de séminaires conjoints font également partie des chantiers envisagés. Les deux ministres ont ainsi souligné qu’« il est essentiel d’encourager le dialogue scientifique et la montée en compétence croisée de nos équipes médicales ».

Dialogue constructif avec la Banque mondiale

Le ministre de la Santé s’est également entretenu avec le directeur régional de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, Ahmadou Moustapha Ndiaye. Cet échange a permis aux deux parties d’examiner les défis sanitaires et environnementaux auxquels fait face la région, en lien avec les grands équilibres écologiques et la sécurité alimentaire. A l’issue de cette rencontre, MM. Saihi et Ndiaye ont plaidé pour la création d’un cadre régional de coopération multilatérale, capable de garantir à la fois la sécurité sanitaire et la durabilité environnementale. « Nous ne pouvons plus traiter la santé publique de manière sectorielle.

Une approche globale s’impose, où santé humaine, environnement et sécurité alimentaire forment un tout indissociable », ont-t-ils assuré d’une seule voix. Dans cette perspective, M. Ndiaye a exprimé le soutien de la Banque mondiale à des initiatives régionales fondées sur la prévention, la veille sanitaire, l’amélioration des infrastructures et la formation des ressources humaines locales. L’Algérie a réitéré, à cet égard, sa volonté de travailler étroitement avec les institutions financières internationales pour concrétiser cette vision sur le terrain.

Il convient de noter que les différents entretiens bilatéraux et multilatéraux menés à Tunis ont mis en évidence l’importance stratégique de l’approche « One Health ». Cette approche holistique, qui établit une passerelle entre la santé humaine, animale et environnementale, s’impose aujourd’hui comme un levier stratégique pour anticiper les crises et consolider les systèmes sanitaires dans la durée. M. Saïhi a rappelé que cette philosophie guide de nombreuses réformes en cours en Algérie.

Elle se traduit par la mise en place de mécanismes d’alerte précoce, le développement de politiques intersectorielles de prévention ainsi que par l’engagement de nouveaux partenariats scientifiques et techniques. L’objectif affiché est de bâtir un système de santé algérien plus résilient, plus équitable et plus apte à réagir face aux risques globaux, tout en contribuant à la stabilité régionale par une diplomatie sanitaire active.

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