Sécurité alimentaire: Le savoir-faire russe au service de l’Afrique

La sécurité alimentaire est un enjeu majeur pour tous les pays, en particulier pour des nations africaines confrontées à une aridité croissante, à la dégradation des sols et à des défis structurels qui fragilisent leurs systèmes agricoles. C’est dans ce contexte que la Russie cherche à renforcer sa coopération avec le Continent africain, mettant en […] The post Sécurité alimentaire: Le savoir-faire russe au service de l’Afrique appeared first on Le Jeune Indépendant.

Juil 15, 2025 - 16:46
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Sécurité alimentaire:  Le savoir-faire russe au service de l’Afrique

La sécurité alimentaire est un enjeu majeur pour tous les pays, en particulier pour des nations africaines confrontées à une aridité croissante, à la dégradation des sols et à des défis structurels qui fragilisent leurs systèmes agricoles. C’est dans ce contexte que la Russie cherche à renforcer sa coopération avec le Continent africain, mettant en avant son expertise scientifique, industrielle et agricole.

Pour mieux comprendre la stratégie russe en la matière, une délégation de médias représentant plusieurs pays africains a séjourné en Russie du 29 juin au 3 juillet 2025, et ce dans le cadre d’une tournée consacrée aux questions de sécurité alimentaire. De Moscou à Saint-Pétersbourg, cette immersion sur le terrain leur a permis de découvrir les différents leviers d’action que la Russie mobilise pour appuyer le développement agricole durable en Afrique.

Durant la tournée, la délégation a effectué des visites de terrain, rencontré des experts russes, assisté à des conférences, des tables rondes et des présentations sur les projets mis en œuvre par la Russie dans le domaine de la sécurité alimentaire et de la coopération internationale.

La qualité des semences et des engrais utilisés pour un bon rendu des récoltes constitue l’une des pierres angulaires dans l’agriculture, notamment dans des circonstances d’un climat particulier comme celui de l’Afrique.

A ce titre, la hausse significative des exportations russes d’engrais vers l’Afrique ont été parmi les points majeurs abordés lors d’une table ronde tenue à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de la Fédération de Russie.

Les engrais russes prisés en Afrique

Selon les données de l’Association russe des producteurs d’engrais (RFPA), 1,9 million de tonnes d’engrais ont été exportées vers le Continent africain en 2024, contre 1,3 million en 2021, marquant une croissance de 50 % en cinq ans. Cette dynamique reflète une volonté stratégique de la Russie de se positionner comme un partenaire agricole privilégié des pays dits « amis » ou en développement, dont de nombreux pays d’Afrique.

Le Continent africain représente aujourd’hui pour la Russie un marché prioritaire, avec 28 pays importateurs, parmi lesquels l’Algérie, le Nigeria, le Kenya, l’Afrique du Sud ou encore l’Egypte. La Russie met en avant la qualité écologique de ses produits, exempts de métaux lourds comme le cadmium, un élément toxique responsable de la dégradation de près de 40 % des sols africains selon l’ONU. Ces engrais sont présentés comme durables, respectueux de la santé humaine et environnementale, et adaptés aux besoins des agricultures locales.

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Les journalistes reçoivent des éclairages

La présentation du volet scientifique a permis de mettre en lumière les efforts croissants en matière de coopération universitaire entre les deux parties. L’Université russe de biotechnologie (ROSBIOTECH), représentée par sa vice-rectrice Natalia Sergeevna, propose 216 spécialités dans des domaines variés tels que la sécurité alimentaire, les sciences vétérinaires, la biotechnologie et la santé publique.

L’établissement compte plus de 9 500 étudiants et 400 programmes éducatifs, avec plus de 500 partenaires.

En 2023, 1 680 étudiants africains ont été formés dans le cadre de la coopération internationale. La même année, quatre centres de langue russe et de communication professionnelle ont été inaugurés en Afrique australe et de l’Ouest (Zimbabwe, Afrique du Sud, Botswana, Namibie, Sénégal). Par ailleurs, 83 enseignants africains issus de 10 pays ont bénéficié de formations avancées.

Un Centre russo-africain de surveillance de la sécurité alimentaire

Dans le domaine de la recherche, ROSBIOTECH a lancé un Centre russo-africain de surveillance de la sécurité alimentaire, en partenariat avec l’Université du Zimbabwe. En 2024, un projet a été soumis pour développer un test immuno-enzymatique innovant destiné à évaluer la santé des ruminants agricoles. Ces initiatives témoignent d’un engagement fort en faveur du renforcement des capacités africaines via le transfert de compétences et la coopération scientifique.

La délégation des médias africains a également visité le complexe industriel de PhosAgro à Volkhov, dans la région de Leningrad. Ce géant russe de la chimie, spécialisé dans la production d’engrais phosphatés et d’acide phosphorique, a modernisé ses installations avec des technologies de pointe, comme l’unité d’acide sulfurique SK-800, un système de recyclage de vapeur technologique et un réseau énergétique interne assurant l’autonomie du site.

Lors d’un point de presse, le P-DG adjoint de PAO PhosAgro, Siroj Loikov, a souligné l’importance stratégique du Continent africain dans les plans de développement du groupe. Les exportations vers l’Afrique ont été multipliées par six depuis 2018, atteignant 740 000 tonnes en 2024. Elles devraient encore doubler dans les cinq années à venir, notamment grâce à l’usine de Volkhov, idéalement située près des ports de la Baltique. PhosAgro livre actuellement 21 pays africains, parmi lesquels l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie ou encore le Mozambique.

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Siroj Loikov, PDG de PhosAgro

A Saint-Pétersbourg, la délégation africaine a également visité l’Institut russe des ressources génétiques végétales N.I. Vavilov (VIR), une institution de renommée mondiale dédiée à la conservation des ressources génétiques végétales. Fondé à la fin du XIXe siècle sous le nom de Bureau de botanique appliquée, le VIR conserve aujourd’hui plus de 320 000 accessions provenant de 64 familles botaniques, 376 genres et 2 169 espèces.

L’institut joue un rôle pionnier dans la collecte, l’étude, la conservation à long terme et l’utilisation durable de la biodiversité végétale. L’héritage scientifique du célèbre botaniste Nikolaï Vavilov, qui a consacré sa vie à la préservation des plantes cultivées et de leurs parentes sauvages, y est toujours vivant. Afin de garantir la viabilité des graines tout en évitant une perte de diversité génétique due aux régénérations fréquentes, le VIR stocke les semences dans des installations spécialisées à basse température.

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Institut Vavilov

L’institut collabore étroitement avec des organisations internationales, des universités et des centres de recherche du monde entier. Aujourd’hui, en tant que Centre national pour les ressources génétiques végétales, le VIR continue de promouvoir la coopération scientifique et l’élaboration d’un cadre législatif pour la protection des ressources génétiques en Russie.

Un machinisme agricole adapté

Dans cette même logique de soutien à l’agriculture durable, les journalistes ont également visité l’usine de fabrication de tracteurs Kirovets, à Saint-Pétersbourg, pour démonter l’intérêt d’un machinisme agricole adapté. Ce site industriel, géré par la société Peterburgsky Traktorny Zavod JSC, a été fondé en 1801, et les traditions de construction de tracteurs y remontent à 1924. Depuis cette date, l’usine a produit plus de 600 000 tracteurs de diverses puissances.

Aujourd’hui, elle fabrique environ 3 000 tracteurs par an, d’une puissance allant de 240 à 420 chevaux, sur une superficie de 200 000 m2. Près de 70 % des éléments qui composent les tracteurs sont produits sur place : essieux, boîtes de vitesses, châssis, cabines, pièces moulées et composants électriques.

Cette intégration verticale permet de garantir la qualité et la fiabilité des machines, qui sont conçues pour répondre aux exigences des exploitations agricoles modernes, en Russie comme dans les pays partenaires. A travers ses technologies robustes, l’usine Kirovets contribue à améliorer les performances agricoles et, par conséquent, à renforcer la sécurité alimentaire dans les zones à fort potentiel agricole.

A travers leurs nombreuses sorties sur sites, les médias africains ont pu explorer de manière concrète les différentes dimensions de la stratégie russe en matière de sécurité alimentaire : l’expertise industrielle, l’innovation scientifique, la formation spécialisée et le transfert de technologies. Cette visite a permis de mettre en lumière les efforts déployés par la Russie pour établir des partenariats durables avec l’Afrique, comme elle a permis de découvrir les coulisses d’une stratégie nationale tournée vers l’international, au service d’un développement agricole durable et partagé.

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