Suite à ses propos sur le retrait de l’armée française: Macron se fait tancer par le Sénégal et le Tchad

Les propos tenus par Emmanuel Macron devant les ambassadeurs français ont provoqué la colère de dirigeants africains. Lors de cette conférence tenue lundi, le président français avait expliqué que le retrait de l’armée française de ses bases sur le continent africain reposait sur une stratégie de redéploiement qui prenait en compte des aspects politiques. Selon […]

Jan 7, 2025 - 22:14
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Suite à ses propos sur le retrait de l’armée française:  Macron se fait tancer par le Sénégal et le Tchad

Les propos tenus par Emmanuel Macron devant les ambassadeurs français ont provoqué la colère de dirigeants africains. Lors de cette conférence tenue lundi, le président français avait expliqué que le retrait de l’armée française de ses bases sur le continent africain reposait sur une stratégie de redéploiement qui prenait en compte des aspects politiques. Selon lui, la France avait fait le choix de quitter les pays où les putschistes avaient pris le pouvoir. «La France n’est pas en recul en Afrique, elle est simplement lucide, elle se réorganise. Je dis ça parce que quand je lis une bonne partie de notre presse et beaucoup de commentaires, les gens, regardant avec les lunettes d’hier, disent que c’est terrible, l’Afrique, on est en train de disparaître. Non, on a choisi de bouger en Afrique. On a choisi de bouger parce qu’il fallait bouger» et
d’ajouter : «La France n’y avait plus sa place, parce que nous ne sommes pas les supplétifs de putschistes». «Nous avons bien fait. On est partis parce qu’il y a eu des coups d’État, parce qu’on était là à la demande d’États souverains qui avaient demandé à la France de venir». Emmanuel Macron est allé jusqu’à accuser les dirigeants africains où la France avait des bases militaires de faire preuve d’ingratitude. «Je crois qu’on a oublié de nous dire merci. Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps. L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c’est une maladie non transmissible à l’homme. Je le dis pour tous les gouvernants africains qui n’ont pas eu le courage vis-à-vis de leurs opinions publiques de le porter, aucun d’entre eux ne serait aujourd’hui avec un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployée dans cette région», a-t-il insisté. La réaction des dirigeants africains ne s’est pas fait attendre. Ousmane Sonko, le Premier ministre du Sénégal, a réagi dans la soirée de lundi sur le réseau X. «Le Président Emmanuel Macron a affirmé aujourd’hui que le départ annoncé des bases françaises aurait été négocié entre les pays africains qui l’ont décrété et la France. Il poursuit en estimant que c’est par simple commodité et par politesse que la France a consenti la primeur de l’annonce à ces pays africains. Je tiens à dire que, dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée. Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain. Il déclare, enfin, ’’qu’aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain, si la France ne s’était déployée’’. Constatons que la France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté. Bien au contraire, elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Lybie avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel». Sonko n’a pas manqué de rappeler au président français des réalités historiques : «C’est enfin le lieu de rappeler au Président Macron que si les soldats africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors la Deuxième Guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut-être aujourd’hui encore, allemande». Le Tchad, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallaha, lui aussi réaction aux propos du président français. «Le gouvernement de la République du Tchad exprime sa vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains. Le Tchad tient à rappeler qu’il n’a aucun problème avec la France en tant que nation ni avec le peuple français, avec lequel il partage une histoire marquée par des relations humaines et culturelles. Cependant, les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain et reconnaître la valeur de ses sacrifices», a indiqué le chef de la diplomatie tchadienne dans un communiqué de presse. En plus des rappels sur l’engagement des peuples africains pour défendre la France durant la Seconde Guerre mondiale, Abderaman Koulamallah a révélé que la longue présence militaire française dans son pays n’a eu aucune conséquence significative sur l’armée tchadienne. «En ce qui concerne le Tchad, il convient de souligner que la construction de notre armée n’est pas l’œuvre de la France. Notre armée, forte et résiliente, est le fruit de la bravoure du peuple tchadien et des sacrifices consentis avec des moyens modestes. La France n’a jamais doté l’armée tchadienne de manière significative ni contribué à son développement structurel. En 60 ans de présence, marqués par des guerres civiles, des rébellions et une instabilité politique prolongée, la contribution française a souvent été limitée à des intérêts stratégiques propres, sans véritable impact durable pour le développement du peuple tchadien». Il faut s’attendre à de nouvelles réactions, notamment du Mali, du Niger et du Burkina-Faso ou encore de la Côte-d’Ivoire, des pays africains qui ont fait le choix de se passer de la présence de l’armée française sur leur sol. Mehdi Mourad

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