Une nouvelle économie politique : la réindustrialisation par substitution  aux importations

Après la pause de trois mois dans l’application des augmentations de tarifs douaniers, décidée par la Maison-Blanche sur toutes les importations venant d’ailleurs que de Chine, voilà  un train de nouvelles exemptions mais qui elles portent sur des produits fabriqués en Chine : smartphones, ordinateurs et autres composants électroniques, qui ainsi échappent à la surtaxation […]

Avr 13, 2025 - 22:22
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Une nouvelle économie politique : la réindustrialisation par substitution  aux importations
Après la pause de trois mois dans l’application des augmentations de tarifs douaniers, décidée par la Maison-Blanche sur toutes les importations venant d’ailleurs que de Chine, voilà  un train de nouvelles exemptions mais qui elles portent sur des produits fabriqués en Chine : smartphones, ordinateurs et autres composants électroniques, qui ainsi échappent à la surtaxation de 145% réservée au Made in China.  Ils n’en seront pas moins assujettis au 10% minimum qui lui vaut, du moins dans le principe, à tout ce qui rentre sur le marché américain. Les mêmes produits mais fabriqués en Inde en seront quant à eux dispensés. A en croire la porte-parole de la Maison-Blanche, la déjà célèbre Karoline Leavitt, ces exemptions ne sont pas une nouvelle reculade, après celle de la pause de trois mois, mais une sorte de repli tactique, en attendant que les géants américains du Tech rapatrient leurs productions aux Etats-Unis. Un traitement de faveur accordé à des entreprises qui avaient soutenu la candidature de Donald Trump, et dont les patrons étaient présents à la cérémonie d’investiture du 20 janvier.
Plutôt une mesure de sauvetage, diront d’autres, les actions de ces grandes firmes, celles de Apple notamment, ayant eu tendance à piquer du nez dès l’entrée en vigueur des surtaxes. Reste que si l’on sait quelle est la durée de la pause, par définition de trois mois, peut-être d’ailleurs renouvelable au terme de ce premier répit, on ignore en revanche celle des exemptions accordées aux firmes Big Tech, dont les patrons sont des alliés politiques de Trump. Aujourd’hui 80% des smartphones sont fabriqués en Chine. A l’évidence, il faudra du temps d’ici à ce que leur production soit transférée aux Etats-Unis, l’objectif de la guerre commerciale étant justement de forcer les entreprises américaines à relocaliser leurs productions, ou à seulement les transplanter si elles sont nées à l’étranger, que ce soit en Chine ou ailleurs. Le marché américain est grand consommateur de cette famille de produits. Sans les exemptions qui viennent d’être décrétées, les prix des smartphones par exemple auraient connu des hausses se mesurant en milliers de dollars, que le consommateur moyen aurait été incapable de supporter. Or ce qui vaut pour les smartphones et autres produits électroniques vaudra pour tous les autres besoins de ce même consommateur. Il n’y a pas qu’eux qui renchériront, dans l’hypothèse où la pause de trois mois ne serait pas indéfiniment renouvelée, aussi longtemps que la réindustralisation par substitution aux importations n’est pas achevée, ou du moins fort avancée. L’administration américaine sait d’ailleurs fort bien que le premier résultat de la guerre commerciale initiée par elle n’est pas la baisse des prix mais leur hausse. On connaissait l’industrialisation par substitution aux importations. Les Etats-Unis se lancent quant à eux dans la réindustrialisation par substitution aux importations, ce qui peut très bien se révéler quelque chose de fort différent. Une chose est de s’industrialiser, une toute autre peut-être de se réindustrialiser. La pause de trois mois, et maintenant les exemptions touchant les produits électroniques, et demain probablement un autre repli tactique, laissent déjà présager tout autre chose que les lendemains qui chantent promis par le président américain.