Vacances en Tunisie : le ras-le-bol face aux « privilèges » des touristes étrangers

Derrière le calme des plages turquoise et le confort des hôtels 5 étoiles, le tourisme tunisien est rongé par une vulnérabilité à plusieurs niveaux. Il fait face à de nombreux défis d’ordre structurel et stratégique.

A Djerba, bien que les hôtels affichent un taux de remplissage satisfaisant, l’inquiétude monte chez les professionnels du secteur. La raison ? Certains problèmes qui minent la viabilité du modèle touristique dans l’île.

Haithem Jbeniani, hôtelier à Djerba, parle d’abord des problèmes d’eau et d’électricité. Des coupures qui le mettent mal à l’aise devant ses clients, notamment étrangers. Ce professionnel évoque aussi l’affaiblissement du pouvoir d’achat des touristes.

Cette dernière problématique ne concerne pas que la région de Djerba, mais s’étend à tout le secteur touristique du pays. Les autorités tunisiennes semblent avoir sacrifié les touristes locaux pour attirer le maximum de touristes étrangers. Résultat : ces derniers se plaignent.

Hôtels en Tunisie : les étrangers payent moins cher que les locaux

Fatma, Tunisienne résidente en Tunisie, a voulu passer quelques jours dans un hôtel 5 étoiles à Hammamet. Elle a ainsi réservé pour 1.913 dinars tunisien la nuitée. Dans le même hôtel, à la même période, et pour la même chambre, un couple de touristes allemands paie 1.060 dinars tunisiens la nuitée, après avoir opté pour la formule All Inclusive.  

Une injustice tarifaire décriée notamment par l’expert-comptable Karim Amous, qui dévoile au média tunisien La Presse, une « réalité économique dérangeante », apportant des chiffres bien documentés qui montrent que le modèle touristique en Tunisie n’est pas viable à long terme.

Cet expert-comptable explique que les tour-opérateurs étrangers bénéficient de tarifs ultra-négociés avec des réductions allant de 40 à 60 %. Comme si cela n’était pas assez, ils profitent aussi d’une baisse de la TVA, qui descend de 19 % à 7 %, ce qui constitue une « subvention déguisée de l’Etat pour attirer les devises », détaille le média tunisien.

Des tarifs bas pour les tour-opérateurs étrangers

Les touristes locaux sont quant à eux les sacrifiés du système. Outre la TVA qui reste pour eux à 19 %, ils se confrontent aussi à une cherté des prix lors de la réservation via une agence locale, car l’hôtel doit reverser entre 15 et 25 % de commission, ce qui se répercute directement sur les tarifs.

Les Tours opérateurs étrangers n’ont pas quant à eux ce problème, car ils négocient avec les hôtels via des contrats annuels et sans intermédiaire. Ils bénéficient ainsi de tarifs fixes pendant l’année, tandis que les touristes locaux, même en basse saison, sont confrontés à une surfacturation pour compenser la baisse de fréquentation.

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