A vomir : quand les juristes et les plumitifs débattent des cadavres palestiniens

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Juil 23, 2025 - 16:40
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A vomir : quand les juristes et les plumitifs débattent des cadavres palestiniens

Par Khaled Boulaziz – Il y a une obscénité dans le ton, un crime dans les mots choisis, une complicité dans la posture. L’article publié par Le Monde le 12 juillet 2025, signé par Christophe Ayad et titré «Génocide à Gaza : pourquoi la question divise les juristes», est un sommet de cynisme journalistique déguisé en objectivité. A quoi bon ces 11 minutes de lecture, sinon pour fournir aux bourreaux de Gaza un dernier alibi linguistique, une planche de salut rhétorique face aux fosses communes de Rafah et aux crânes explosés de Jabalia ?

Plus de 60 000 morts. Des enfants affamés, des nourrissons démembrés, des mères ensevelies vivantes sous les gravats. Une terre réduite en cendres par une armée coloniale équipée par l’Occident et applaudie par ses chancelleries. Et dans ce contexte d’horreur absolue, que trouve-t-on dans Le Monde ? Une tribune travestie en enquête, un théâtre d’ombres où les juristes se demandent doctement si les conditions du génocide sont vraiment réunies.

Ce qu’ils appellent «débat juridique» est une chorégraphie macabre sur des montagnes de cadavres. Ils posent la question de l’intention. Comme si le fait de raser volontairement tous les hôpitaux, de cibler les convois humanitaires, d’empoisonner les réserves d’eau, de couper les couveuses et de priver deux millions d’êtres humains de nourriture, ne suffisait pas. Comme si on devait attendre une lettre tamponnée du bureau de Netanyahou : «Je certifie vouloir anéantir les Palestiniens.»

Mais qu’est-ce que cette presse devenue fossoyeuse de toute décence ? Ayad, en bon fonctionnaire du doute, feint l’impartialité. Il cite la Convention de 1948, interroge des juristes, convoque l’histoire. Mais jamais il n’écrit noir sur blanc ce que chaque mère palestinienne crie sous les bombes : c’est un génocide, un génocide méthodique, voulu, assumé, orchestré. Ce refus de nommer les choses n’est pas une prudence, c’est une complicité. C’est un crime moral. Pire que le silence, c’est le maquillage de l’abattoir.

Et voilà qu’entre en scène Emmanuel Macron, le prestidigitateur du cynisme, qui, lors d’une interview télévisée, lâche avec gravité : «Ce n’est pas à un responsable politique d’utiliser ce terme.» Hypocrisie nue, froide, bureaucratique. Quand l’Ukraine est bombardée, les mots fusent : crime contre l’humanité, génocide, tyrannie. Quand il s’agit de Gaza, il faudrait attendre le verdict de l’histoire, que les corps refroidissent, que les preuves soient scellées et les témoins morts. Ce deux poids et deux mesures est une souillure morale. Macron, dans sa lâcheté diplomatique, enterre Gaza sous des protocoles.

Le Monde, quant à lui, n’en est pas à son premier outrage. Depuis des mois, ce journal fonctionne comme une chambre d’écho du sionisme feutré. Il ne critique jamais frontalement les crimes israéliens : il les analyse, les nuance, les contextualise. C’est ainsi qu’on blanchit un génocide : à coup de paragraphes équilibrés, de tribunes contradictoires, de citations savamment choisies. On oppose un juriste prudent à un avocat engagé, on évoque les «deux récits», on cite la Cour internationale de justice comme si son attente était une vertu. En réalité, c’est un abandon.

Et, pendant ce temps, les enfants crèvent. Chaque jour. Des centaines de petits corps désintégrés, des cris qui ne seront jamais entendus, des visages décomposés sous les gravats. Et des journalistes français en train de déguster leur café tout en s’interrogeant sur l’adéquation entre la jurisprudence Akayesu [au Rwanda] et la situation gazaouie.

Ce n’est pas du journalisme. C’est du lavage de sang. C’est la reconduction médiatique du massacre par d’autres moyens : le mot suspendu, le concept relativisé, l’acte dilué. C’est un enterrement en règle, avec cravate et jargon juridique. Et Ayad en est le fossoyeur.

Il faut dire les choses : les Israéliens mènent une guerre d’anéantissement ethnique à Gaza, et la presse française, dans sa majorité, est leur couverture morale. Quand un pouvoir colonial veut effacer un peuple, il a besoin de tueurs, mais aussi d’intellectuels serviles, de juristes ambigus et de journalistes comme Ayad pour semer la confusion. Ce ne sont pas des témoins : ce sont des complices.

Gaza meurt, et l’Europe disserte. Gaza hurle, et Paris tergiverse. Gaza se vide de ses enfants, et la République des Lumières compte les virgules dans les conventions. Honte à vous tous ! Vous avez troqué la justice contre la syntaxe. Vous avez troqué les hurlements contre le débat. Vous avez trahi.

Ce n’est pas un génocide en débat. C’est un génocide en cours.

K. B.

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