Virée à Seddouk, Amalou et Beni Maouche: 30 km de bonheur sur les hauteurs de Béjaïa
Nous avons été les invités de Nabil et Rahim, deux jeunes randonneurs de Seddouk et de Beni Maouche. Ils nous ont accueillis avec une très grande joie et la randonnée a eu lieu sous une pluie fine. Par Hafit Zaouche Le rendez-vous était donné au niveau du village Seddouk Ouadda, deuxième village le plus propre […]

Nous avons été les invités de Nabil et Rahim, deux jeunes randonneurs de Seddouk et de Beni Maouche. Ils nous ont accueillis avec une très grande joie et la randonnée a eu lieu sous une pluie fine.
Par Hafit Zaouche
Le rendez-vous était donné au niveau du village Seddouk Ouadda, deuxième village le plus propre de la wilaya de Béjaïa dans l’un des concours organisés par l’APW de cette wilaya.
Avant d’entamer notre escapade, nous avons profité pour visiter Seddouk Ouadda, un très beau village, très propre et qui n’a pas volé son classement.
Seddouk Oufela, le village de Cheikh El Haddad
Lors de notre sortie, nous sommes passés par le village Seddouk Oufela, le village de Cheikh El Haddad. Nous n’avons pas raté l’occasion aussi de visiter Seddouk Oufela et le mausolée de Cheikh El Haddad, guide de l’insurrection anticoloniale
d’avril 1871, grande figure de la résistance et chef spirituel de la Rahmania à Seddouk.
Le 8 avril 1871, Cheikh El Haddad déclenchait une insurrection anticoloniale, considérée comme un moment majeur du cheminement national vers la libération du pays, au vu de son ampleur et son impact populaire ayant ébranlé les certitudes de l’occupant et convaincu les Algériens qu’il n’y a pas de salut pour le pays en dehors de la lutte armée. L’insurrection de Cheikh El Haddad, de son vrai nom Cheikh Aheddad, connu populairement, est venue impulser un prolongement aux soulèvements antérieurs, notamment ceux de l’émir Abdelkader (1932-1947), d’Ahmed Bey, des Zaâtcha, de la Dahra en 1845, conduite sous la férule de Cheikh Boubaghla, Lalla Fathma N’Soumer et Ouled Sidi-Cheikh, qui se sont succédé de 1846 à 1870. Né en 1790 à Seddouk (wilaya de Béjaïa) Cheikh El Haddad est mort le 29 avril 1873, dix jours de son incarcération à la prison de Constantine. Après plusieurs années, ses ossements ont été transférés de Constantine vers sa ville natale Seddouk, dans le mausolée qui porte son nom.
Ait Djaad ou Moscou
Nous avons observé une halte au village Ait Djaad, appelé par la population locale Moscou, un village qui a beaucoup donné à notre glorieuse guerre de Libération. Ait Djaad dépend administrativement de la commune d’Amalou, dans la daïra de Seddouk. Le bonheur était indescriptivle lorsque nous avons atteint le pic de Achetoug et avons terminé la descente par la visite du village traditionnel Trouna, dans la commune de Beni Maouche.
La commune de Beni Maouche, ou le Colorado de la wilaya de Béjaia comme la surnomme ses habitants, compte des potentialités touristiques très importantes qui nécessitent seulement d’être sauvegardées et rénovées
Au-dessus du chef-lieu de la commune, tout près du mont Achtoug qui culmine à 1 397 mètres d’altitude, il y a le vieux village Trouna dont il reste que des ruines.
Une belle vue panoramique est réservée comme récompense à ceux qui ont la curiosité de monter jusque là. 12 km plus loin, en prenant la RN 74 sur votre droite, vous pouvez découvrir le village d’Ait Khiar. Le site est tout simplement splendide. C’est une haute montagne sur laquelle culmine un piton rocheux appeler El Kaf N’Ait Khiar. Le sommet comprend plusieurs belvédères avec des vues panoramiques imprenables à cette altitude. On peut admirer à loisir un paysage tourmenté de pics rocheux, de falaises abruptes et de gorges profondes. C’est le coin de rêve des poètes et des amoureux de la nature. De là, on peut admirer aussi la beauté du massif du Djurdjura juste en face. Nous pouvons aussi admirer la beauté d’une grande partie de la chaîne des bibans. De cet endroit, nous pouvons voir : Adrar N’ait Aidel, Tamokra, Aguemoune, Tachaoufeth, Ait Adjissa et Bouhemza ainsi que d’autres communes limitrophes, une avalanche de petits villages accrochés à leurs montagnes, tous aussi pittoresque les uns que les autres.
Il est dommage que les infrastructures hôtelières n’existent pas sur le site, car il est à parier que le touriste le plus exigeant donnerait cher pour pouvoir siroter un thé ou un café ou manger un couscous sur l’un de ses sites en admirant les paysages magnifiques qui se déroulent sous ses pieds. Restaurés, les villages tels que Ait Khiar, Aguemoune, Akour, Trouna, et d’autres, pourront servir de résidences aux touristes en mal d’exotisme et d’authenticité, tout en relançant l’activité artisanale et économique de la région. Ils pourront aussi servir de décor aux films, comme pour le premier film berbère «La colline oubliée» réalisé par Abderrahmane Bouguermouh.
Beni Maouche et l’histoire
Beni Maouche ou la zone interdite, nom donné par le colonialisme à cette région qui s’est opposée farouchement à l’idée d’une Algérie française. La population de cette région s’est mobilisée avec peu de moyens mais avec un grand nationalisme, conduisant les Français à avoir recours à des méthodes de plus en plus coercitives. L’armée française brûlait les villages et déclarait les autres zones interdites. La torture est largement utilisée, des arrestations… toutes ces pratiques ont motivé davantage la population de cette glorieuse région pour rejoindre le maquis et livrer des batailles à l’ennemi.
Plusieurs embuscades et attentats contre le colon sont perpétrés non seulement dans le territoire communal, mais à travers tout le pays.
Cette commune a donné naissance à plusieurs personnalités historiques telles quele commandant Hmimi et Arezki Lounis et d’autres. 1 014 martyrs est le tribut payé par la commune de Beni Maouche pour la libération de notre pays. Plusieurs villages de la commune sont détruits et les vestiges sont toujours là pour témoigner de la grande histoire de la commune de Beni Maouche.
Notre randonnée pédestre était un circuit fermé de 30 km qui a débuté de Seddouk Ouadda (classé deuxième village le plus propre de la wilaya de Béjaïa il y a quelques années) pour se terminer au même village, après avoir traversé les villages de Seddouk Oufella, Ait Djaad, l’ancien village de Trouna et Tibouamouchine.
H. Z.