Visa Schengen : « L’UE devrait revoir son approche »

Le taux de refus élevés de visas Schengen pour les ressortissants des pays africains nuisent à l’image de l’Union européenne et aux relations avec l’Afrique, indique une étude menée par le Centre for European Reform (CER), publiée mercredi 2 avril.

Qualifiant la politique de visa « de discriminatoire » envers les demandeurs africains, le centre estime que l’approche de plus en plus stricte de l’Europe est devenue une source majeure de frictions avec les gouvernements africains.

Visa Schengen : les taux de refus élevés aux Africains « nuisent à l’Europe »

Le CER, qui est un groupe de réflexion basé à Londres, ajoute que la politique de visa de l’UE nuit considérablement à son image auprès des élites intellectuelles, culturelles et économiques africaines.

Pendant que les dirigeants européens soulignent l’importance de liens solides entre l’Union européenne et l’Afrique, les politiques actuelles en matière de visas disent tout le contraire, selon toujours le constat établi par le CER.

Et pour renforcer son pouvoir d’attraction et restaurer sa réputation en Afrique, l’organisation a suggéré que l’UE réforme son système de visas Schengen et commence à appliquer des règles plus favorables aux demandeurs africains.

D’ailleurs, l’étude révèle que rien ne prouve que les tentatives de l’UE pour réduire l’immigration clandestine en rendant plus difficile l’obtention de visas Schengen soient efficaces. « L’UE devrait donc revoir son approche en matière de visas », suggère-t-on.

Les taux de rejet les plus élevés en 2022 concernaient l’Algérie et le Nigéria

Les données révèlent que pour la seule année 2022, l’UE a rejeté 30 % des demandes de visa Schengen émanant de pays africains, soit en hausse de 18 % par rapport à 2014. Les taux de rejet les plus élevés en  2022 concernaient l’Algérie et le Nigéria, entre 40 et 50 %.

Et comme l’expliquent les autorités et les représentations consulaires européennes, ce taux élevé de rejet élevé est dû au risque de dépassement de la durée de séjour autorisée par les détenteurs du visa.

Cependant, « il existe peu, voire aucune, de données publiques sur le nombre de ressortissants non européens titulaires d’un visa Schengen qui dépassent la durée de séjour autorisée », note le rapport.

De plus, « le dépassement de la durée de séjour autorisée est rarement mentionné dans les rapports de Frontex comme une source de préoccupation en matière d’immigration clandestine », précise-t-on encore.

Les taux de refus élevé de visa Schengen limitent les possibilités de collaboration

Les chefs d’entreprise africains sont nombreux à se plaindre des obstacles qu’ils rencontrent pour l’obtention des visas Schengen. Ainsi, il leur est devenu très difficile d’accéder aux marchés européens et d’étendre leurs relations mondiales en raison des restrictions imposées à l’accès à l’UE.

L’étude affirme en effet qu’un certain nombre de conférenciers, d’architectes, de musiciens et de scientifiques africains de renommée mondiale, entre autres, se sont plaints de voir leurs demandes de visa Schengen rejetées à la dernière minute, sans explications.

« Des hommes d’affaires africains ont averti que les restrictions à l’accès sans visa de court séjour en Europe entravent leur capacité à réseauter et à explorer des opportunités commerciales internationales ».

Ainsi, certains professionnels ont complètement renoncé à participer à des événements dans l’UE. D’autres ont choisi d’occuper un emploi à long terme en Europe, plutôt que de demander des visas de courte durée, dont l’obtention est incertaine, comme l’a souligné l’Alliance pour la recherche médicale en Afrique dans une récente étude.

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