A Ghaza, une deuxième phase de l’accord à inventer

Alors que la première phase de l’accord de cessez-le-feu passé entre le Hamas et Israël tire à sa fin, les négociations toujours indirectes portant sur la deuxième phase, en théorie dans le cadre du même processus censé aboutir à une paix durable, n’ont même pas encore commencé. On ne sait d’ailleurs toujours pas quelles formes […]

Fév 23, 2025 - 22:20
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A Ghaza, une deuxième phase de l’accord à inventer

Alors que la première phase de l’accord de cessez-le-feu passé entre le Hamas et Israël tire à sa fin, les négociations toujours indirectes portant sur la deuxième phase, en théorie dans le cadre du même processus censé aboutir à une paix durable, n’ont même pas encore commencé. On ne sait d’ailleurs toujours pas quelles formes elles prendront, si elles seront une fidèle reconduction des précédentes, auquel cas sous l’égide des mêmes intermédiaires qataris, égyptiens et américains, échangeant directement avec les représentants israéliens mais en l’absence de ceux du Hamas, ou si elles revêtiront une tout autre configuration. On pense notamment à une implication plus directe des Américains, ou plus exactement de leur envoyé spécial Steve Witkoff, qui soit y prendrait personnellement part, soit se contenterait de les superviser à distance mais pour ainsi dire en temps réel. Le seul fait qu’on se pose ce genre de questions prouve que cette deuxième phase est encore dans les limbes, même s’il est à peu près certain qu’elle finira par voir le jour, les protagonistes ayant le plus grand intérêt en effet à ce qu’il en soit ainsi. La difficulté, bien sûr, c’est que cet intérêt n’est pas le même pour tous. Israël n’aurait passé aucun accord s’il avait pu libérer ses captifs par la manière forte.

Il s’est livré pendant quinze mois à une guerre génocidaire, réduisant ce faisant Ghaza à un champ de ruines inhabitable, mais sans avoir pu cependant réaliser nul de ses deux objectifs principaux, que sont la libération de tous les otages, les vivants d’entre eux comme les morts, et l’éradication de la résistance palestinienne. C’est contraint et forcé que son gouvernement a signé un accord à trois étapes, qu’il voudrait voir maintenant se réduire à une seule, de surcroît simple prolongement de celle qui se termine bientôt. Or celle dont il faut maintenant préciser les termes n’a pas vocation à compléter la première, sans déroger ni à son esprit ni à sa lettre, mais au contraire d’aller au-delà d’un simple cessez-le-feu ponctué d’échanges hebdomadaires de prisonniers, de la dépasser vers les conditions d’une paix qui elle serait durable. Elle-même, certes, doit donner lieu à des échanges de prisonniers, mais elle ne peut s’y réduire. Ni le Hamas ni les intermédiaires arabes n’ont négocié un arrêt momentané des hostilités, destiné en tant que tel à prendre fin dès lors que tous les prisonniers auront été échangés, mais rien de moins que le rétablissement de la paix et la reconstruction de Ghaza. C’est donc de cela qu’il devrait être question prochainement, indépendamment de la forme que prendraient au bout du compte les négociations, qu’elles doivent se dérouler sous l’impulsion des mêmes intermédiaires que précédemment, ou sous la houlette directe des Américains, les seuls du reste que le gouvernement Netanyahou est disposé à écouter. Le danger pour le rétablissement de la paix est dans l’abandon par Israël de ses engagements à partir du moment où la question des otages est résolue. Il faut s’attendre d’ailleurs à la même attitude de la part des Américains. Ces derniers font pression sur Israël, en effet, non pas par amour de la paix avec le Hamas mais en vue de la libération des otages, sachant que ni le gouvernement israélien ni son opinion ne sont exactement sur la même ligne à cet égard.