Barrot dézingue Retailleau sur l’Algérie : «Occupe-toi de tes affaires !»

Par Abdelkader S. – Bruno Retailleau incarne tout ce qu’il y a de plus immonde et de plus dégoûtant dans la France d’aujourd’hui : moche et méchant. Sa dernière jérémiade sur l’Algérie, dans les colonnes du Figaro – encore ! – lui a valu, cette fois, une volée de bois vert venant de son propre camp, c’est-à-dire d’un de ses collègues dans le gouvernement finissant de François Bayrou. En effet, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, se sentant directement visé pour la énième fois par le gigotant locataire de la place Beauvau, en pointant une «diplomatie molle», a remis à sa place le prétendant à la fonction suprême en 2027, qui se sert de l’Algérie comme escabeau.

D’après des informations qui circulent dans les couloirs du frelaté pouvoir parisien, le président devrait, à son tour, prendre la parole sur la lancinante question algérienne qui donne le tournis à une classe dirigeante française démontrant chaque jour un peu plus son amateurisme, son incohérence et son inaptitude totale à gérer les dossiers internationaux, au premier rang desquels celui de ce que la France officielle, phagocytée par l’extrême-droite, considère toujours comme son «ancienne colonie».

Dans Le Figaro, Bruno Retailleau a chanté son couplet habituel, appelant à plus de fermeté à l’égard du «régime algérien» qui «emprisonne deux innocents», écorchant, au passage, le patron du Quai d’Orsay qui a fini par hausser le ton, après s’être montré quelque peu conciliant avec son collègue de l’Intérieur. Barrot semblait, jusque-là, ne pas vouloir laisser transparaître les profondes fissures qui lézardent la façade du pouvoir français depuis la débâcle des dernières législatives et, ainsi, éviter d’affaiblir davantage la position de la France sur le plan international, notamment s’agissant du conflit ukrainien, dans lequel Paris s’est engagé avec zèle aux côtés du comparse Zelensky et craint, désormais, un retour de flamme de la part d’une Russie résolue à aller jusqu’au bout dans son engagement militaire. L’ancien président russe, Dimitri Medvedev, l’a, en tout cas, clairement laissé entendre.

Car, si les affaires russe et algérienne semblent séparées, la vérité est que celles-ci sont intimement liées, dans la mesure où ce qui dérange le régime de Macron, ce n’est pas tant l’emprisonnement de l’insignifiant Boualem Sansal, mais l’activisme diplomatique de l’Algérie, dont le président s’apprête à se rendre en Italie, dans le cadre d’une visite d’Etat. Un déplacement qui fausse tous les calculs des stratèges obtus qui, à partir des salons capitonnés parisiens, voient le monde sous le prisme déformant de la morgue légendaire française. L’Algérie, comme l’a rappelé le chef de l’Etat ce vendredi, entretient des relations amicales aussi bien avec la Russie et la Chine qu’avec les Etats-Unis. Ce non-alignement assumé met Macron et sa clique mal à l’aise, et vient s’ajouter à une relation solide avec les rivaux européens directs de la France – Italie, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni –, au moment où celle-ci comptait influencer l’Union européenne aux fins de lui donner quitus pour tordre le bras à l’Algérie en parasitant l’Accord d’association.

Emmanuel Macron n’aura même pas besoin de limoger son trop ambitieux ministre de l’Intérieur, figure de proue de l’extrême-droite, chargé de remplacer Marine Le Pen à la prochaine présidentielle, cette dernière n’étant pas éligible. C’est l’Assemblée nationale qui va se charger de cette besogne, en votant bientôt une motion de censure contre le distrait pensionnaire de Matignon, lequel sera poussé vers la porte de sortie avec l’ensemble de son gouvernement, hormis, évidemment, l’inamovible friponne botoxée Rachida Dati. Mais, ça, c’est une autre histoire. Celle d’une poignée de voyous qui ont fait main basse sur les rouages de l’Etat français.

A. S.

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