CARE passe au crible la SNTN : Des prépositions pour une meilleure mise en œuvre

La Stratégie nationale de transformation numérique (SNTN) 2025–2030 du Haut-Commissariat à la numérisation (HCN) trace les contours de la future politique numérique de l’Algérie. Une feuille de route ambitieuse, mais qui nécessite la mise en œuvre d’un plan d’action à même de faciliter sa mise en œuvre, selon le Centre d’action et de réflexion pour […] The post CARE passe au crible la SNTN : Des prépositions pour une meilleure mise en œuvre appeared first on Le Jeune Indépendant.

Juin 4, 2025 - 23:24
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CARE passe au crible la SNTN : Des prépositions pour une meilleure mise en œuvre

La Stratégie nationale de transformation numérique (SNTN) 2025–2030 du Haut-Commissariat à la numérisation (HCN) trace les contours de la future politique numérique de l’Algérie. Une feuille de route ambitieuse, mais qui nécessite la mise en œuvre d’un plan d’action à même de faciliter sa mise en œuvre, selon le Centre d’action et de réflexion pour l’entreprise (CARE).

Portée par le Haut-Commissariat à la numérisation et placée sous le thème « Pour une Algérie numérique 2030 », la SNTN, publiée récemment, entend faire du numérique un levier majeur de souveraineté, de modernisation de l’État et de développement économique, relève le CARE, avant de rappeler qu’après l’expérience mitigée de l’e-Algérie, initiée en 2009, le pays tente une relance numérique structurée, articulée autour de cinq axes stratégiques et de 25 objectifs-clés. Et c’est dans ce sens que le Centre d’action et de réflexion a passé au crible la nouvelle stratégie, notamment s’agissant de sa mise en œuvre, dans un rapport dédié. Il estime que la SNTN semble vouloir tourner la page des précédents plans numériques, tout en relevant qu’« aucune référence explicite n’est faite à la stratégie e-Algérie 2009, ni aux audits ou bilans établis par la Cour des comptes ou la société civile ». Ce silence pourrait traduire « une volonté de rupture », selon le CARE.

 

Intégrer l’IA dans la SNTN

 

Alors que l’Intelligence artificielle (IA) s’impose comme un pilier mondial de la transformation numérique, sa place dans la SNTN reste marginale, selon le CARE. « Mentionnée une seule fois, elle est reléguée au rang d’exemple parmi d’autres technologies émergentes, sans aucun axe stratégique dédié », explique le CARE, qui n’a pas manqué de signaler que l’Algérie dispose d’un Conseil scientifique pour l’IA et d’une stratégie nationale IA adoptée en décembre 2024.

Selon le CARE, ignorer l’IA revient à « hypothéquer l’autonomie technologique du pays, à l’heure où d’autres nations africaines (comme le Rwanda ou l’Égypte) investissent massivement dans ce domaine. L’intégration de l’IA dans l’ensemble des axes de la SNTN, de la formation à la gouvernance, est jugée indispensable ».

Dans ce sens, le CARE recommande notamment la création d’un sixième axe stratégique dédié aux technologies émergentes, incluant IA, blockchain, IoT et 5G. « La définition d’indicateurs IA mesurables, avec des objectifs chiffrés en matière de projets incubés, données disponibles, ou budget R&D, en sus d’une intégration transversale de l’IA dans les politiques publiques numériques », est vivement recommandée.

Dans son rapport le CARE a également fait une comparaison avec des expériences de certains pays africains en la matière, à l’instar du Nigeria où, a-t-on précisé, en matière d’infrastructure, on compte 25 datacenters certifiés et aussi l’Égypte qui forme 50 000 spécialistes TIC par an et propose déjà une large gamme de services publics en ligne, ou encore la Tunisie qui met à disposition plus de 300 e-services via une plateforme nationale interopérable. Ces modèles montrent qu’une inspiration continentale est non seulement possible, mais nécessaire pour l’Algérie, préconise-t-on.

 

Nécessaire élaboration d’un plan d’action

 

Le CARE estime également qu’il n’y a pas d’éléments suffisants garantissant la mise en œuvre de cette stratégie. Pour assurer un pilotage efficace, le CARE propose « l’élaboration urgente d’un plan d’action phasé et budgétisé, avec des livrables annuels et des responsables identifiés, la désignation d’institutions pilotes par objectif stratégique (MEN et MESRS pour la formation, MICLAT pour l’identité numérique, etc.), la création d’un Observatoire national du numérique indépendant, chargé de publier des bilans d’étape ouverts au public ». Il préconise également la mise en place d’un comité interministériel de coordination numérique, doté d’un tableau de bord en temps réel et d’un pouvoir de réallocation budgétaire ainsi qu’une territorialisation des politiques numériques, en tenant compte des écarts d’infrastructure et de formation entre wilayas.

La SNTN 2025–2030 marque, selon le CARE, une volonté politique affirmée, mais qui reste encore au stade conceptuel. L’ambition d’un numérique souverain, inclusif et moderne ne pourra se réaliser sans une traduction concrète en politiques publiques, en moyens budgétaires, et en coordination institutionnelle, selon la même source.

L’Algérie ne manque ni de talents ni de matière grise. Ce qui fait défaut aujourd’hui, c’est une colonne vertébrale exécutive, à savoir un programme ancré dans le réel, piloté, financé, évalué, comme le résume le CARE, qui dit que « le défi n’est plus de planifier le numérique, mais de le faire exister ».

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