Colloque international sur les crimes coloniaux : Un devoir de mémoire pour la justice

La question de la mémoire, placée au cœur des priorités nationales par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’inscrit dans une vision responsable de l’histoire, fondée sur la vérité et la reconnaissance des faits. C’est ce qu’a indiqué, ce mardi, Laïd Rebiga, ministre des Moudjahidine et des Ayants droit. La question mémorielle, a affirmé […] The post Colloque international sur les crimes coloniaux : Un devoir de mémoire pour la justice appeared first on Le Jeune Indépendant.

Juil 1, 2025 - 22:48
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Colloque international sur les crimes coloniaux : Un devoir de mémoire pour la justice

La question de la mémoire, placée au cœur des priorités nationales par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’inscrit dans une vision responsable de l’histoire, fondée sur la vérité et la reconnaissance des faits. C’est ce qu’a indiqué, ce mardi, Laïd Rebiga, ministre des Moudjahidine et des Ayants droit.

La question mémorielle, a affirmé M. Rebiga, s’inscrit dans « une vision responsable de l’histoire, tournée vers l’apaisement mais fondée sur la reconnaissance des faits et l’assomption des responsabilités », et ce lors de son allocution d’ouverture du colloque international intitulé « Crimes coloniaux dans l’histoire de l’humanité », organisé à Alger à l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance,

S’exprimant devant un parterre de chercheurs, d’universitaires et de juristes venus d’Algérie ainsi que de plusieurs régions du monde, le ministre a souligné que ce colloque ne s’attelle pas à revisiter un passé douloureux, mais il « s’agit plutôt d’un acte de mémoire collective » pour « construire un avenir fondé sur la dignité, le respect mutuel et la reconnaissance des peuples blessés dans leur chair et dans leur histoire ». M. Rebiga a ainsi salué la participation d’experts venus d’Afrique, d’Europe, d’Amérique latine et d’Asie, réunis pour penser collectivement un cadre de justice historique et humaine, à la hauteur des blessures vécues et des réparations attendues.

Il a rappelé que l’Algérie n’a eu de cesse de défendre, dans les enceintes internationales, les causes des peuples ayant subi l’oppression coloniale et ses effets destructeurs, la spoliation des terres, l’effacement des identités, le pillage des richesses, les violences de masse, et la volonté de destruction des cultures. « Notre pays rejette toute forme d’impunité et plaide, sans relâche, pour la fin des politiques de déni et de réécriture biaisées de l’histoire », a-t-il ajouté.

Affirmant que les crimes coloniaux, notamment ceux perpétrés en Algérie, ne sauraient être prescrits ni juridiquement ni moralement, le ministre a martelé qu’« aucune paix véritable ne saurait se bâtir sur le silence, sur le déni ou sur l’oubli. Toute justice authentique commence par un acte de reconnaissance », précisant que restaurer une mémoire collective meurtrie revient à affirmer des droits imprescriptibles. Il a également souligné que l’Algérie, fidèle à son engagement historique, rejette toute forme d’impunité et plaide, dans toutes les enceintes internationales, pour la fin des politiques de négation, d’occultation ou de relecture biaisée de l’histoire.

Dans le prolongement de cette logique de justice universelle, M. Rebiga a tenu à réaffirmer le soutien constant de l’Algérie aux peuples qui luttent encore pour leur liberté. Il a évoqué, avec émotion, les situations en Palestine et au Sahara occidental, dénonçant les crimes commis à Gaza comme une « négation flagrante des principes mêmes du droit international ». Il a assuré que la mémoire ne doit pas être une variable d’ajustement dans les relations internationales mais un socle de paix durable et de dignité partagée.

En déclarant officiellement l’ouverture des travaux, le ministre a lancé un appel fort à la une véritable prise de conscience collective. Il a également exprimé le souhait que les échanges nourrissent à la fois la feuille de route nationale et les discussions internationales sur les dossiers de la mémoire, en favorisant la reconnaissance, la vérité ainsi qu’une réparation symbolique et morale des injustices du passé.

 

Des crimes imprescriptibles

Pour sa part, la présidente du colloque, la Pr Saida Salama, maître de conférences à l’Institut des sciences politiques et relations internationales de l’université d’Alger, a situé cette rencontre internationale dans une démarche à la fois scientifique et profondément éthique. « Parler des crimes du colonialisme n’est ni une invitation à la nostalgie ni une relecture sélective des tragédies passées », a-t-elle déclaré d’emblée. Selon elle, ce n’est pas un enfermement dans les douleurs du passé, mais « un acte de lucidité » qui s’inscrit dans les valeurs révolutionnaires et les principes fondamentaux de justice.

Elle a souligné que le colonialisme demeure une blessure encore vive, dont les plaies n’ont jamais été refermées. « Des générations entières de peuples ont vu leur humanité niée, leur voix muselée, leurs cultures effacées », a-t-elle rappelé avec force. Evoquant l’Algérie, elle a affirmé sans ambages que « ce que notre pays a subi entre 1830 et 1962 n’a rien d’un simple épisode colonial. Il s’agit d’un crime majeur contre l’humanité. »

La président, a ajouté que ce colloque a pour objectif de jeter les bases d’une lecture critique et rigoureuse du fait colonial, en analysant ses systèmes de domination, ses récits de légitimation et ses conséquences multiformes. La présidente du colloque a, par ailleurs, souligné la responsabilité qui incombe aujourd’hui aux chercheurs, aux historiens et aux institutions scientifiques. Leur mission, dit-elle, est de « préserver la mémoire, restituer les vérités historiques, défendre la parole des peuples colonisés ». Elle voit dans cet engagement académique une continuité symbolique du combat des moudjahidine et une réponse intellectuelle aux menaces d’amnésie, de révisionnisme ou de normalisation du colonialisme sous toutes ses formes.

Elle a également plaidé pour une justice historique fondée sur l’écoute des victimes, la déconstruction des récits officiels et la reconnaissance des mémoires effacées. « Il ne s’agit pas de clore le passé, mais de le réécrire à hauteur d’homme, avec les mots des peuples colonisés et non ceux des puissances dominantes », a-t-elle insisté. A travers ce travail collectif, il est possible, selon elle, de poser les jalons d’un nouveau contrat moral avec l’Histoire.

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