Décisif

La guerre en Ukraine est, avec le conflit à Ghaza, l’un des principaux casse-tête de la communauté internationale. Multipliant depuis des années les sommets pour la paix, les Européens, qui refusent de discuter avec Vladimir Poutine, ont ainsi étrangement laissé les Russes de côté dans leurs tentatives de mettre fin à la guerre. Du côté […]

Août 17, 2025 - 00:14
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Décisif

La guerre en Ukraine est, avec le conflit à Ghaza, l’un des principaux casse-tête de la communauté internationale. Multipliant depuis des années les sommets pour la paix, les Européens, qui refusent de discuter avec Vladimir Poutine, ont ainsi étrangement laissé les Russes de côté dans leurs tentatives de mettre fin à la guerre. Du côté des Américains, si la même attitude prévalait à la Maison-Blanche durant les trois premières années de la guerre, depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche l’efficacité prévaut désormais sur le paraître et le chef d’État américain inclus désormais Moscou dans tous les efforts de paix. Le président républicain a même brisé vendredi le tabou absolu de l’Occident en rencontrant, lors d’un sommet exceptionnel, le chef du Kremlin lui-même. Après plusieurs heures de discussions, les deux chefs d’État se sont séparés en Alaska sans rien dévoiler d’un possible plan de paix pour l’Ukraine, tout en multipliant les déclarations engageantes et les gestes amicaux. Le président américain a parlé d’une réunion «très productive», Vladimir Poutine d’un entretien «constructif», mais en réalité rien n’a filtré immédiatement de leurs trois heures de discussion sur une base militaire de l’Alaska. Le président américain a assuré, pendant des déclarations conjointes à la presse, qu’il restait «très peu» de points à régler pour trouver une issue à la guerre déclenchée il y a plus de trois ans par l’invasion russe de l’Ukraine. «L’un d’entre eux est probablement le plus important», a ajouté Donald Trump, mais sans dire lequel. «Nous n’y sommes pas, mais nous avons fait des progrès. Il n’y a pas d’accord jusqu’à ce qu’il y ait un accord», a averti le président des États-Unis, avant de redécoller pour Washington. Donald Trump et Vladimir Poutine ont passé, en tout et pour tout, six heures en Alaska. Le président républicain de 79 ans s’était fixé pour ambition d’organiser très vite un sommet tripartite avec le chef
d’État russe et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, et de décrocher un cessez-le-feu. Il n’a rien évoqué de tout cela aux côtés de Vladimir Poutine, face aux journalistes. Mais dans un entretien sur la chaîne Fox News, enregistré juste après les déclarations à la presse, Donald Trump a estimé qu’un accord pour mettre fin à la guerre «dépendait vraiment du président ukrainien». Trump, qui avait également menacé la Russie de «conséquences très graves» si elle n’acceptait pas de mettre un terme à la guerre, a précisé ne plus envisager de mesures dans l’immédiat. «Vu comme cela s’est passé aujourd’hui, je ne pense pas que je doive penser à cela maintenant», a-t-il déclaré, en réponse à une question de Fox News. Poutine, sur la même tonalité engageante et cordiale, a dit espérer que «l’entente» trouvée en Alaska apportera «la paix» en Ukraine. Les deux hommes, qui s’exprimaient devant un fond bleu portant l’inscription «Pursuing Peace» («Travaillez pour la paix»), avaient promis une conférence de presse. Mais ils se sont seulement serré la main après avoir fini leurs discours et sont partis sans répondre aux journalistes qui, debout, les assaillaient de questions. Même s’il est impossible de vérifier comment s’est réellement déroulé cette réunion des plus attendues, il semblerait qu’elle se soit mieux déroulée que celle organisée il y a quelques mois à la Maison-Blanche avec Volodymyr Zelensky et suite à laquelle le chef d’État américain et son vice-président ont lourdement critiqué le président ukrainien, non seulement pour son arrogance lors de la rencontre, mais surtout pour son manque de pragmatisme. Reste à voir, toutefois, si la rencontre historique de vendredi entre Trump et Poutine aura un réel impact sur les efforts de paix dans les jours et les semaines à venir, ou si ce ne sera que le début d’un nouveau long processus.