Des drones émiratis pour le Mali : Goïta et Ben Zayed n’ont pas retenu la leçon

Par Nabil D. – Le communiqué du régime putschiste malien couronnant la visite d’une délégation officielle émiratie de haut rang dépêchée par Mohamed Ben Zayed à Bamako, bien que laconique, évoque néanmoins les aspects sécuritaires parmi les points abordés lors de la rencontre d’Assimi Goïta avec ses hôtes d’Abou Dhabi. Cette visite à laquelle le Mali a réservé une large médiatisation, comme pour «narguer» le voisin septentrional, s’inscrit clairement dans le prolongement de la crise qui oppose l’Algérie et ce pays limitrophe du Sahel après la destruction d’un drone au comportement hostile par l’armée algérienne.

Le régime de Bamako et ses parrains marocains n’ont toujours pas digéré la facilité avec laquelle la redoutable défense antiaérienne algérienne a abattu, en quelques secondes, l’appareil acquis auprès de la Turquie pour la pharamineuse somme de 30 millions d’euros. Les putschistes ont vu l’argent emprunté quelque part pour en faire l’acquisition partir en fumée et compris que toute tentative d’incursion en Algérie, sur instigation du Maroc, est vouée à l’échec.

Après ce constat, c’est Mohamed Ben Zayed qui a décidé d’entrer en scène pour convaincre Assimi Goïta de s’assurer la protection des Emirats arabes unis, en lui exposant les différentes interventions émiraties en Libye, au Soudan et ailleurs, où des milices sont armées et financées par le régime des Al-Nahyane qui semble avoir promis aux putschistes de les dédommager en leur fournissant de nouveaux drones armés en contrepartie du captage par les Emirats d’une partie des richesses souterraines maliennes.

La junte militaire malienne est, dans ce contexte précis, prête à toutes les concessions pour se maintenir au pouvoir, au regard de l’opposition farouche à laquelle elle fait face depuis que l’Algérie a décidé de verrouiller sa frontière avec le Mali et d’interdire son espace aérien à tout avion en provenance ou à destination de cet Etat subsaharien membre de l’inamicale AES. La mesure de rétorsion prise par Alger a créé une grave crise énergétique et causé de nombreuses pénuries qui ont poussé les Maliens à occuper la rue pour exiger le départ d’Assimi Goïta. Ce à quoi ce dernier a répondu par l’imposition de la loi martiale, accaparant toutes les prérogatives et interdisant toute activité politique dans le pays.

Les jours des putschistes, aussi bien au Mali qu’au Niger et au Burkina Faso, sont comptés. Les Emirats misent, encore une fois, sur un allié sans avenir, comme l’est, du reste, l’hypothétique stratégie belliciste de cette pétromonarchie lilliputienne du Golfe qui risque, elle aussi, de connaître des soubresauts intérieurs, une opposition montante commençant sérieusement à contester la gestion des affaires par la famille régnante.

N. D.

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