Dispositions
La lutte contre l’immigration illégale commence à se propager un peu partout en Europe et cette thématique, taboue il y a quelques années encore, devient un sujet incontournable dans le débat public. Les partis de droite traditionnelle s’emparent désormais de cette question qu’ils avaient délaissée au fil des ans, sous les accusations de «fascisme» d’une […]

La lutte contre l’immigration illégale commence à se propager un peu partout en Europe et cette thématique, taboue il y a quelques années encore, devient un sujet incontournable dans le débat public. Les partis de droite traditionnelle s’emparent désormais de cette question qu’ils avaient délaissée au fil des ans, sous les accusations de «fascisme» d’une gauche toujours plus radicale. Mais les injures et les menaces des gauchistes ne semblent plus fonctionner aujourd’hui, alors que les partis nationalistes gagnent toujours plus de terrain lors des élections. Et après l’Allemagne, pays ultra libéral dans le dossier migratoire qui commence à revoir sa politique, d’autres nations moins touchées habituellement mettent également en place de nouvelles mesures restrictives. C’est le cas du Portugal dont le Parlement issu des élections de mai dernier a voté ce mercredi en faveur d’un nouveau durcissement de la politique migratoire du pays, grâce aux voix de la coalition gouvernementale et du parti nationaliste. Les députés qui soutiennent l’exécutif minoritaire du Premier ministre Luís Montenegro ont voté aux côtés des élus du parti anti immigration Chega, devenu en mai la deuxième force politique du pays, pour durcir davantage sa politique migratoire. Selon les nouvelles dispositions, les visas pour rechercher du travail ne seront désormais accordés qu’à des immigrés hautement qualifiés et les conditions permettant le regroupement familial seront plus exigeantes. Par ailleurs, les Brésiliens, qui constituent le plus important contingent immigré, ne bénéficieront plus d’une règle qui leur permettait de régulariser leur situation après leur arrivée au Portugal. Enfin, le Parlement a voté mercredi en faveur de la création d’une nouvelle unité au sein de la police nationale, qui sera chargée de lutter contre l’immigration illégale et d’organiser l’expulsion des migrants en situation irrégulière. En revanche, le troisième volet du paquet législatif gouvernemental consacré à la politique migratoire, qui visait notamment à restreindre les conditions d’accès à la nationalité portugaise, fera encore l’objet de tractations parlementaires, en raison de doutes portant sur la légalité de certaines dispositions. Arrivé au pouvoir en mars 2024, l’exécutif de Luís Montenegro avait peu après pris une première mesure visant à restreindre les règles pour s’installer au Portugal, qui étaient parmi les plus libérales d’Europe sous le précédent gouvernement socialiste. Une disposition en vigueur depuis 2018 qui permettait aux immigrés de demander à être régularisés en montrant qu’ils travaillaient depuis au moins un an en cotisant pour la sécurité sociale, même s’ils étaient entrés sur le territoire portugais avec un visa touristique, avait alors été abrogée. Fin 2024, le pays ibérique comptait 1,55 million d’étrangers, soit quatre fois plus qu’en 2017 et environ
15 % de la population totale, selon des données officielles. «Pendant des années, le Parti socialiste a promu une politique de portes grandes ouvertes, sans aucun critère. (…) Il faut rapidement corriger cette irresponsabilité», a fait valoir mercredi la députée de droite nationaliste, Vanessa Barata. De son côté, l’élu socialiste Pedro Delgado Alves a accusé le gouvernement d’avoir «choisi son partenaire» et de s’être laissé «séquestrer par l’extrême droite». Toutefois, les opinions publiques, elles, sont largement favorables à ces nouvelles dispositions légales, que ce soit au Portugal ou dans d’autres pays de l’Union européenne où les questions de l’immigration et de l’insécurité dominent les préoccupations, devant même le pouvoir d’achat ou l’inflation, même en ces temps de crise économique. Refuser de se pencher sur ces thématiques par dogmatisme ne fera au final que faire progresser les partis nationalistes et reculer les partis traditionnels qui ont déjà perdu ces dernières années beaucoup de terrain auprès des électeurs et qui tentent désespérément désormais de répondre à leurs attentes pour ne pas être balayés lors des prochains scrutins.