Pour un marché africain sans frontières : Le numérique au service de la ZLECAf

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ambitionne de transformer le commerce intra-africain. Pour que cette vision devienne réalité, le numérique s’impose comme un levier central. Des solutions doivent être trouvées aux financements limités, aux paiements transfrontaliers coûteux et au manque de confiance entre partenaires. Les banques et institutions financières multiplient les initiatives numériques pour […] The post Pour un marché africain sans frontières : Le numérique au service de la ZLECAf appeared first on Le Jeune Indépendant.

Sep 10, 2025 - 02:42
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Pour un marché africain sans frontières : Le numérique au service de la ZLECAf

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ambitionne de transformer le commerce intra-africain. Pour que cette vision devienne réalité, le numérique s’impose comme un levier central. Des solutions doivent être trouvées aux financements limités, aux paiements transfrontaliers coûteux et au manque de confiance entre partenaires. Les banques et institutions financières multiplient les initiatives numériques pour combler ces lacunes et faire émerger un véritable marché continental.

 

À l’occasion d’un panel organisé, ce mardi, en marge de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025) à la Safex (Alger), des entrepreneurs et responsables bancaires ont partagé leurs expériences et souligné les défis, mais aussi les solutions qui se dessinent pour bâtir un marché africain sans frontières.

Les établissements financiers se positionnent en acteurs-clés de cette transformation numérique. Pour Emeka Onyi, directeur du numérique à l’AfreximBank : « Les PME et TPME sont la colonne vertébrale de l’Afrique. Mais pour qu’elles puissent commercer au-delà des frontières, nous devons leur fournir des solutions adaptées. »

Les difficultés sont bien connues, il s’agit d’un manque de confiance entre partenaires commerciaux, des transferts d’argent lents et coûteux, des informations limitées ou peu fiables sur les marchés, et surtout un déficit de financement évalué entre 8 et 110 milliards de dollars à l’échelle du continent, selon la conférencière.

Pour répondre à ces besoins, AfreximBank a mis en place l’African Trade Gateway (ATG), un écosystème numérique qui facilite les paiements, fournit des informations sur l’accès aux marchés et les réglementations, et renforce la confiance entre les entreprises. La banque travaille étroitement avec la ZLECAf, l’Union africaine et d’autres partenaires pour rendre ces outils accessibles aux PME, a fait savoir l’intervenante.

 

L’exemple d’EcoBank

 

Même son de cloche du côté d’EcoBank. Souleymano Diagne, directeur du financement du commerce du groupe, a salué le protocole de commerce numérique de la ZLECAf, qu’il considère comme une avancée majeure. Créée il y a 40 ans pour favoriser l’intégration régionale, EcoBank est aujourd’hui présente dans 33 pays africains. Son initiative phare est le Trade Hub, une plateforme numérique lancée il y a deux ans. Elle vise à réduire les asymétries d’information entre les commerçants du continent et faciliter les échanges, a indiqué Souleymano Diagne.

Concrètement, a-t-il expliqué, un commerçant de Dakar peut ainsi se connecter à un partenaire de Nairobi ou Mombasa pour conclure une transaction. Grâce à sa présence dans de nombreux pays et à sa participation aux systèmes de compensation locaux, « EcoBank est en mesure de proposer des paiements instantanés et abordables, sans passer par des devises étrangères », a assuré Diagne. « C’est une façon de réduire le coût d’expansion vers de nouveaux marchés », a-t-il ajouté.

 

Le système panafricain de paiement comme solution

 

En matière de paiements, une innovation récente retient particulièrement l’attention : le Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS), lancé en 2022 avec AfreximBank et la ZLECAf. Ce système répond à trois grands défis du commerce transfrontalier, à savoir la lenteur, le coût et le manque de confiance, ont expliqué les conférenciers. Ils ont mis en avant que le PAPSS permet d’effectuer des transactions en moins de deux minutes, à faible coût, tout en intégrant des normes strictes de conformité et de gouvernance.

Désormais adopté par 18 pays, dont l’Algérie, le PAPSS ouvre aux petites entreprises locales un marché potentiel de 1,4 milliard de consommateurs. « Plutôt que de viser uniquement les 200 millions de Nigérians ou quelques centaines de milliers de clients nationaux, une PME peut désormais penser continental », a expliqué Miko Ogubalu, directeur des systèmes d’information, Système panafricain de paiements et de règlement (PAPSS).

 

Inclusion, jeunesse et nouvelles formes de capital

 

Mais au-delà des outils techniques, l’avenir du commerce numérique africain dépend aussi des politiques mises en place. Michelle Chivunga, directrice générale de Global Policy House, a insisté sur l’importance d’encourager de nouvelles formes de capital, comme les monnaies numériques.

Elle plaide pour une réduction de la dépendance du continent aux devises étrangères, qui freine les échanges digitaux. Elle rappelle aussi que les politiques doivent être inclusives : « L’Afrique est composée majoritairement de femmes, de jeunes et de PME. Si nous ne soutenons pas ces catégories, nous ne rendons aucun service à l’Afrique. »

Selon elle, il est urgent d’investir dans les compétences des jeunes Africains pour en faire de véritables négociateurs capables de défendre les intérêts du continent, notamment dans le cadre de la ZLECAf. « Nous devons prioriser la ZLECAf, mettre en œuvre son protocole numérique et donner toute sa place à l’Afrique dans la quatrième révolution industrielle », conclut-elle.

Avec la mise en œuvre progressive de la ZLECAf, ces initiatives, qu’il s’agisse de solutions bancaires innovantes, de systèmes de paiement panafricains ou de politiques inclusives, dessinent les contours d’un marché africain plus intégré et plus compétitif. Le numérique apparaît comme l’outil indispensable pour transformer les promesses d’une Afrique unie en réalité économique tangible.

Pour Farah Bouras, fondatrice et gérante de Think Touch Solutions, les défis restent considérables pour les acteurs privés. Elle a fait part de sa propre expérience, affirmant avoir été confrontée à de nombreux obstacles. Parmi eux, la faiblesse des solutions de paiement transfrontalières, l’incohérence des infrastructures numériques sur le marché africain et des vides juridiques qui compliquent la mise en œuvre de la ZLECAf. Ces freins, a-t-elle souligné, ralentissent l’accès aux marchés et compliquent l’expansion des services digitaux à l’échelle du continent.

 

 

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