L’après-Bayrou en France : Quel impact sur les relations avec l’Algérie ?
Cinq chefs de gouvernement en trois ans. C’est du jamais-vu dans une Ve République longtemps réputée pour sa stabilité mais entrée dans une crise politique sans précédent depuis la dissolution, en juin 2024, de l’Assemblée nationale et les élections législatives anticipées. Bien avant cela, la France vivait une crise économique qui frappe de plein fouet […] The post L’après-Bayrou en France : Quel impact sur les relations avec l’Algérie ? appeared first on Le Jeune Indépendant.

Cinq chefs de gouvernement en trois ans. C’est du jamais-vu dans une Ve République longtemps réputée pour sa stabilité mais entrée dans une crise politique sans précédent depuis la dissolution, en juin 2024, de l’Assemblée nationale et les élections législatives anticipées. Bien avant cela, la France vivait une crise économique qui frappe de plein fouet de larges couches de la société française.
Le Premier ministre, François Bayrou, a remis ce mardi sa démission au président de la République, Emmanuel Macron, qui l’a acceptée. Cette démission intervient au lendemain du vote de confiance à l’Assemblée nationale.
Pour le moment, M. Bayrou assure, avec les membres du gouvernement, le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement. Emmanuel Macron « nommera un nouveau Premier ministre dans les tout prochains jours », pour succéder à son allié historique du MoDem depuis 2017, selon l’Elysée.
Parmi les noms qui circulent : Eric Lombard, Sébastien Lecornu, ou encore Catherine Vautrin… Quelle que soit la personne retenue, il s’agira du cinquième chef du gouvernement depuis le début du quinquennat en 2022.
Cependant, les opinions politiques divergent radicalement dans leurs propositions pour sortir de la crise, ainsi que les positions des partis traditionnels, ce qui complique les choix du président français. Le Rassemblement national veut une dissolution « ultrarapide » et de nouvelles élections anticipées, alors que La France insoumise demande directement le départ d’Emmanuel Macron, comme l’a réclamé Jean-Luc Mélenchon avant-hier soir. « Il y a un choix à faire concernant l’orientation du pays. Seule l’élection présidentielle nous permettra d’avoir ce moment refondateur ».
Les autres courants semblent avoir des positions moins tranchées, évitant de fermer les portes à des discussions. Les socialistes et les écologistes veulent du Président l’ouverture d’un dialogue préalable. « La suite ne peut être qu’un Premier ministre issu des rangs du NFP [l’alliance des partis de gauche née des législatives de l’été 2024] », estime Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes sur X. « Au nom des Écologistes, je demande solennellement » à Emmanuel Macron « de nous recevoir avant toute annonce de sa part », ajoute-t-elle. « Son obstruction ne peut plus durer ». Le socialiste Olivier Faure, lui, a formulé le vœu d’une « cohabitation » avec le chef de l’Etat.
Quel impact sur les relations avec l’Algérie
En Algérie, les observateurs et les milieux politiques suivent l’évolution de cette crise politique en France, estimant que tout développement dans la nomination d’un nouveau gouvernement pourrait avoir un impact direct sur les relations déjà tendues entre l’Algérie et la France.
En Algérie, c’est encore l’expectative et aucune déclaration officielle ou officieuse dans ce sens n’a été émise, bien que certains aient relancé quelques scénarios sur un éventuel dénouement de la crise diplomatique avec la France.
L’idée la plus répandue est de voir l’arrivée au poste de chef du gouvernement d’un socialiste ou d’un proche du courant de la gauche. De facto, cette arrivée signifierait clairement le départ de Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, l’homme qui est à l’origine de l’impasse à laquelle sont arrivées l’Algérie et la France.
D’ailleurs, lui-même a refusé de faire partie d’un exécutif socialiste ou de gauche (ou de le cautionner), qui est pourtant déjà présenté comme l’option la plus plausible. « Il est hors de question qu’on accepte demain qu’un Premier ministre socialiste soit nommé à Matignon. Nous sommes entrés au gouvernement pour faire barrage à la gauche mélenchoniste, ce n’est pas pour qu’elle revienne par la fenêtre », a déclaré le chef des LR à l’université d’été de son parti.
Le sénateur socialiste et président du groupe d’amitié France-Algérie au Sénat, Rachid Temal, d’origine algérienne, estime que la nomination d’un gouvernement de gauche pourrait changer les choses pour la relation franco-algérienne. Pour ce sénateur, un départ de Retailleau du gouvernement « faciliterait la reprise des contacts entre Alger et Paris », a-t-il affirmé récemment dans une déclaration à un site électronique algérien.
Retailleau et ses alliés idéologiques sont accusés par les socialistes, comme par la gauche, de faire de la relation avec l’Algérie un fonds de commerce électoral et politique. Ce sont eux qui ne cessent de faire des déclarations incendiaires ou de prendre des décisions inattendues pour bloquer tout réchauffement ou tout rapprochement entre les deux pays, comme l’a fait Retailleau depuis sa nomination au poste de l’Intérieur.
A ce propos, la position de l’Algérie est très claire, exprimée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en février dernier dans une interview au journal français l’Opinion. « Tout ce qui est Retailleau est douteux compte tenu de ses déclarations hostiles et incendiaires envers notre pays », a déclaré le président Tebboune.
Il est évident qu’avec la formation d’un gouvernement socialiste ou d’une coalition avec la gauche, les rapports entre l’Algérie et la France ne seront plus les mêmes, et pourraient même annoncer un premier dégel diplomatique.
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