Enième appel aux barons de l’informel : Pour une solution consensuelle

Lors de rencontre périodique retransmise vendredi soir par la télévision, le président de la République a déclaré que l’économie informelle doit disparaitre. Ceux qui ont interprété les propos et les intentions du président de la République comme une déclaration de guerre contre cette activité tentaculaire, qui s’est développée après la levée du monopole d’Etat sur […] The post Enième appel aux barons de l’informel : Pour une solution consensuelle first appeared on L'Est Républicain.

Juil 20, 2025 - 14:23
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Enième appel aux barons de l’informel : Pour une solution consensuelle

Lors de rencontre périodique retransmise vendredi soir par la télévision, le président de la République a déclaré que l’économie informelle doit disparaitre. Ceux qui ont interprété les propos et les intentions du président de la République comme une déclaration de guerre contre cette activité tentaculaire, qui s’est développée après la levée du monopole d’Etat sur le commerce extérieur vers la fin des années 1980, ont-ils vraiment saisi les nuances portées par une telle annonce ? Ce n’est pas évident de la part de certains médias « gourmands » de formules, qui frappent l’imagination. Abdelmadjid Tebboune a certes évoqué ces gens qui « possèdent des appartements pleins de billets de banque ». Il a même cité le cas de celui « qui achète une villa à 40 milliards », et qui, selon lui, « doit déclarer 40 milliards » ! Mais le chef de l’Etat a également parlé de « nouvelles mesures », tout en s’exprimant favorable à une solution profitable pour tout le monde. La question de réduire la part de l’informel dans l’économie a toujours été au centre d’un débat sans fin, qui sépare les économistes. Ces derniers et malgré leurs grandes divergences sont unanimes pour reconnaitre que l’économie souterraine n’a jamais cessé d’évoluer, même durant la période du socialisme spécifique. Considérée comme système de l’ombre, elle aura permis cependant à des milliers d’Algériens d’avoir une activité rémunératrice qui leur permettait de vivre. A l’opposé, elle a continué à priver l’Etat de ressources considérables. Le défi aujourd’hui n’est pas d’éradiquer une économie informelle, qui a fini par s’enraciner, mais d’en tirer profit. Aller vers un changement radical du système fiscal pourrait constituer un moyen de « captage » de milliards de dinars, au cas où les gros réseaux d’une économie dont le poids financier est inimaginable sont appelés à se conformer à une démarche intelligente où l’Etat joue le rôle de réconciliateur. Il faut admettre l’existence de situations fort contraignantes ayant amené de nombreux chefs d’entreprises à mettre les clés sous le paillasson, et poussé des centaines d’autres, pour ne pas dire des milliers, à diriger leurs activités vers l’informel. C’est une réalité évoquée en 2021 par le chef de l’Etat en personne ; lorsque celui-ci avait avancé le chiffre de 90 milliards de dollars circulant en dehors de la sphère légale ». Aujourd’hui, il faut réfléchir à une solution consensuelle pour capter une partie de l’argent circulant dans le circuit parallèle sans entrer dans une « guerre » ouverte avec les barons de l’informel. Une nouvelle stratégie fiscale axée sur l’allègement de la pression s’impose. C’est à ce prix et uniquement à ce prix que l’Etat réussira à réduire considérablement le phénomène de l’évasion fiscale. Dans une allocution prononcée en janvier 2023, à l’occasion de l’ouverture de la réunion gouvernement-walis, Abdelmadjid Tebboune avait déjà évoqué la question des fonds, dont la valeur échappe toujours aux analystes économiques les plus avertis, et qui circulent dans le circuit informel. Il a même lancé un appel aux barons de ce circuit pour qu’ils abandonnent leur attitude de méfiance vis-à-vis de l’Etat. « Je lance un dernier appel à ceux qui ont accumulé de l’argent dans leurs foyers pour qu’ils le déposent dans les banques », rappelant que l’Etat a fourni des garanties à ceux, qui justifient leur défiance sous un prétexte religieux, en mettant en place une finance islamique. En septembre 2021, Abdelmadjid Tebboune avait souligné dans son discours prononcé lors de la cérémonie d’installation des membres du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), que les fonds qui circulent dans l’informel doivent servir à financer la relance économique. Si le problème se pose toujours crument, cela ne veut absolument pas dire que tout espoir de voir les barons de l’économie souterraine adopter une attitude « patriotique » s’est définitivement évanoui.

Mohamed M

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