Exil
Le 10 septembre dernier devait être le point de départ d’une nouvelle mobilisation sociale de masse en France qui allait bloquer le pays et forcer la main du gouvernement et d’Emmanuel Macron. Mais si les manifestants les plus impliqués politiquement sont sortis dans les rues, ils étaient moins de 200 000, d’après les chiffres du […]

Le 10 septembre dernier devait être le point de départ d’une nouvelle mobilisation sociale de masse en France qui allait bloquer le pays et forcer la main du gouvernement et d’Emmanuel Macron. Mais si les manifestants les plus impliqués politiquement sont sortis dans les rues, ils étaient moins de 200 000, d’après les chiffres du ministère de l’Intérieur, loin des 750 000 manifestants, chiffres de la police, du début du mouvement des «gilets jaunes». Toutefois, la gauche et les syndicats espèrent retrouver la dynamique des grandes mobilisations et programment un autre blocage de la France le 2 octobre prochain. Entre-temps, les figures de proue de gauche continuent à proposer de nouvelles «solutions» pour remédier à la crise économique qui accable les Français. Le député Debout ! de la Somme, François Ruffin, souhaite ainsi lutter contre l’exil fiscal des plus riches via «des mesures contraignantes», comme le gel des avoirs ou la privation des droits civiques, car ils «choisissent de ne pas appartenir à la patrie». «Je dirais ‘’merci patron’’ si les actionnaires et milliardaires payaient leur juste part». Réalisateur du film Merci Patron ! (2026), Ruffin, interrogé hier matin sur RMC, n’a pas hésité à brandir des mesures coercitives à l’égard des Français les plus riches qui quitteraient le pays pour échapper à l’impôt, alors que la gauche pousse pour imposer la «taxe Zucman». «Les milliardaires paient deux fois moins d’impôts en proportion que leur secrétaire, est-ce normal ?», a-t-il fustigé, relevant que le patrimoine des plus grandes fortunes «a été multiplié par 14 en 30 ans». «En une année de crise Covid, les 500 plus grandes fortunes de notre pays ont vu leur fortune quasiment doubler, +236 milliards d’euros», a-t-il ajouté. Sa conclusion est sans appel : «Il est légitime qu’elles rendent l’argent». Et de s’appuyer sur la Constitution qui dit que «l’impôt doit être payé en proportion de nos facultés». Or, «on est dans l’inversement proportionnel», a déploré le fondateur du parti Debout !. Afin de taxer davantage les plus riches, François Ruffin a proposé plusieurs pistes, citant d’abord le retour de l’impôt sur la fortune (ISF), le relèvement de la «flat tax», la taxation des grandes transmissions et la fin des sociétés écrans. Mais le député n’a pas hésité à aller plus loin. «Des mesures contraignantes doivent être appliquées à ceux qui choisissent de ne pas appartenir à la patrie», et qui «font le choix de faire sécession d’avec la communauté comme l’ont fait à la Révolution française les aristocrates», a-t-il affirmé. Pour éviter la fuite des hauts patrimoines hors de France, le député propose de s’inspirer des méthodes appliquées outre-Atlantique. «Aux États-Unis, même quand les gens s’en vont, ils continuent d’être taxés à vie. C’est une mesure simple». Et de s’interroger : «Pourquoi pas une privation des droits civiques ? Geler leurs avoirs ?» Des mesures qui font écho aux propositions de
l’économiste Thomas Piketty à l’agence de presse américaine Bloomberg, qui a suggéré de faire contribuer proportionnellement au nombre d’années vécues en France les Français qui se sont exilés à l’étranger. «Si vous ne payez pas, vous vous mettez dans la même situation que toute personne qui décide de ne pas payer ses impôts. Vos avoirs peuvent être gelés, vous pouvez être arrêté à l’aéroport. C’est la vie des gens normaux», a déclaré l’économiste. François Ruffin s’est par ailleurs voulu rassurant quant à un exil fiscal massif, citant une étude du Conseil d’analyse économique (CAE), qui affirme que seulement 0,03 % des Français les plus riches partiraient en cas de retour d’un impôt sur le patrimoine. «C’est très marginal», a-t-il estimé. Pourtant, la crainte de cet exil doré a été brandie depuis l’arrivée de Macron à l’Élysée pour expliquer le refus d’une taxation élective visant ceux qui peuvent le plus contribuer. Les électeurs seront au final ceux qui détermineront si les propositions de la gauche et de l’extrême-gauche sont les meilleures pour le pays, ou si leurs priorités seront différentes au moment de voter pour leur nouveau président en 2027.