Hacène Menouar, président de l’association El Aman : «Nous pouvons retrouver notre mode de consommation d’autrefois»

Le Jeune Indépendant : La consommation des produits naturels est adoptée par une catégorie de consommateurs algériens. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs en quoi consiste ce mode de consommation ?

Hacène Menouar : C’est principalement la consommation des produits issus de sources naturelles et non transformés. La consommation naturelle préserve la santé des individus, mais aussi celle de la terre et de l’économie. Quand on n’est pas obligé de pomper de l’eau à plein temps pour produire, par exemple, des légumes et fruits en toute saison, on protège cette ressource au naturel. C’est aussi consommer ce qu’on a sur place, sans recourir aux transports, et donc à l’utilisation du carburant… En Algérie, contrairement aux prévisions à l’international, selon lesquelles dans 50 ans, nous serons 10 milliards de personnes dans le monde et donc la production naturelle ne peut suffire à toute la planète, en Algérie, on a de quoi nous nourrir nous et plusieurs autres pays au naturel. Ce sont les experts qui le disent, seulement, d’autres personnes tentent de faire croire autre chose car cela vient à l’encontre de l’industrie agroalimentaire qui fait plus de mal que de bien.

Selon vous, cette tendance est-ce une prise de conscience ou uniquement l’effet de la publicité ?

En général, ceux qui recherchent les produits naturels et qui les paient souvent plus chers, ce sont ceux qui ont eu un éveil de conscience sur la nécessité de préserver leur santé et aussi ceux qui accordent de l’intérêt à leur bien-être.

Cependant, les publicités sur la tendance des produits naturels aident à convaincre une bonne catégorie de consommateurs, principalement les femmes.

Quel état des lieux faites-vous au niveau de l’association El Aman s’agissant des tendances de consommation ?

Le retour à la consommation naturelle est l’objectif principal que vise à atteindre l’association El Aman. On veut revenir à cette consommation où il n’y a pas de produits transformés et opter pour des produits agricoles naturels et de saison, auxquels on ne rajoute pas de produits et fertilisants chimiques.

En 2022, nous avons lancé une enquête publique pour évaluer la consommation des Algériens dans toutes les régions d’Algérie pour faire un état des lieux. Notre objectif est d’arriver à élaborer une feuille de route pour que les pouvoirs publics, les associations et les consommateurs prennent conscience du mode de consommation mais surtout démontrer celui de leurs ancêtres, lesquels n’étaient pas aussi malades qu’aujourd’hui. On consommait sans gaspiller, sans contaminer l’eau et l’air, et surtout d’une manière rationnelle. Il est surtout question de démontrer que consommer des produits naturels, de saison et non transformés ne peut être que bénéfique.

Actuellement, nous travaillons au niveau de l’association avec un groupe de recherche pour tout ce qui concerne l’agroécologie. L’objectif est de faire revenir les gens dans les zones rurales et les encourager à produire des produits agricoles sains et naturels. En Algérie, nous pouvons bien retrouver le mode de consommation naturel, soit celui d’autrefois, compte tenu de la diversité et des opportunités de production que nous offre notre territoire mais aussi la population.

Comment cela peut-il se réaliser ?

On voudrait convaincre les autorités quant au fait que les 46 millions d’Algériens peuvent être bien nourris avec des produits naturels si tout le monde se met au travail. Cependant, il faut qu’il y ait de la volonté et des efforts politiques dans ce sens. Comment ? Cela doit passer principalement par l’orientation de la subvention vers ces produits naturels mais aussi par la mise en place des mécanismes pour encourager les producteurs. Un travail doit également se faire du côté des consommateurs. Il faut instaurer une culture et convaincre les consommateurs de retrouver les habitudes de consommation d’autrefois. Car il est démontré que la santé dépend de ce que l’on mange. Ce changement n’est pas aussi facile dans la mesure où il faut faire face à des lobbys industriels à l’international.

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