La chaine sombre dans la diffamation : Enième dérapage d’El Heddaf

La chaîne TV El Heddaf fait encore parler d’elle. Ce n’est pas à la suite d’un scoop retentissant ou d’une exclusivité rehaussant son audimat, ce qui aurait suscité l’enthousiasme de ses téléspectateurs, mais par rapport à un nouveau cas « disciplinaire », confirmant son statut de « récidiviste ». Elle vient d’être destinataire d’un énième avertissement de la part de l’Autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel (ANIRA), pour avoir « enfreint les règles déontologiques et les clauses du cahier des charges régissant les médias audiovisuels en Algérie ». La sanction dont la chaîne est devenue une « abonnée » depuis un certain temps déjà, fait suite à une plainte déposée par Sonelgaz, propriétaire de l’Entente de Sétif, qui reproche au média d’avoir laissé passer des propos considérés comme « offensants » et « diffamatoires » envers le groupe, tenus lors de l’émission « Bilmakchouf », diffusée le 17 juin 2025. Le groupe dénonce des propos jugés attentatoires à sa réputation et à la dignité de ses responsables, émis sur le plateau de l’émission susmentionnée. L’expression particulièrement incriminée est la suivante : « La stratégie de Sonelgaz est administrative, elle ne colle pas au football. Ce n’est pas un compteur qui monte ou descend » ! Le groupe public, qui a été le principal sponsor de l’USM Alger pendant une trentaine d’années et cela depuis la réforme de 1977, engagé aujourd’hui à réaliser la première académie de football au sud du pays, a estimé que les propos étaient insultants et diffamatoires. En effet, il s’agit d’un grave dérapage illustrant l’absence de professionnalisme, érigé en règle de conduite par El Heddaf. En exigeant un simple mea-culpa officiel et public de la part de la chaîne adressé à Sonelgaz, l’ANIRA a fait montre d’une clémence illimitée envers le média. Elle a pourtant relevé que « la chaine a dépassé les limites du débat sportif légitime pour sombrer dans la diffamation ciblée », en constatant de fait que les expressions incriminées constituaient bel et bien « un mépris attentatoire à l’égard de la nature de l’activité du groupe Sonelgaz et de sa position stratégique » ! El Heddaf s’en sort à bon compte une nouvelle fois. « Ce dérapage implique une sous-estimation implicite quant à l’expertise de Sonelgaz et de ses capacités de gestion et que toute atteinte à sa réputation ou dénigrement infondé contre sa direction constitue un dépassement des limites de la critique professionnelle et relève d’une attaque systématique », a souligné l’instance de surveillance. « Soucieuse de protéger la liberté d’expression dans un cadre responsable », l’ANIRA a appelé « l’ensemble des services de communication audiovisuelle à faire preuve de responsabilité et de professionnalisme, notamment dans les émissions d’analyse traitant des entreprises nationales stratégiques ». Elle a en outre réaffirmé sa disposition à ne tolérer « aucune pratique portant atteinte à l’intérêt suprême du pays », exhortant les professionnels des médias et de la communication audiovisuelle à « ancrer une culture médiatique intègre ».

M.M

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