«La clef», montée par Ziani-Cherif Ayad, présentée au TNA: Une bonne mise en scène ne fait pas une bonne pièce

 Produite par le théâtre régional de Béjaïa où a eu lieu l’avant-première, la générale de «La clef», écrite par Mohamed Bourahla, s’est déroulée ce samedi au TNA, devant un public nombreux. Par Nadjib Stambouli Traitant du drame palestinien sous l’angle historique, en transcendant sur le plan du contenu la tragédie actuelle à Ghaza et sur […]

Oct 5, 2025 - 21:57
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«La clef», montée par Ziani-Cherif Ayad, présentée au TNA: Une bonne mise en scène ne fait pas une bonne pièce

 Produite par le théâtre régional de Béjaïa où a eu lieu l’avant-première, la générale de «La clef», écrite par Mohamed Bourahla, s’est déroulée ce samedi au TNA, devant un public nombreux.

Par Nadjib Stambouli

Traitant du drame palestinien sous l’angle historique, en transcendant sur le plan du contenu la tragédie actuelle à Ghaza et sur le plan formel la tentation de verser dans un arabe littéraire sous prétexte de langue de l’espace de déroulement du conflit, la pièce a été sauvée du naufrage par une mise en scène parfaitement maîtrisée. Cela n’est pas étonnant quand on sait que le metteur en scène n’est autre que Ziani-Chérif Ayad, qui a su injecter dans son travail toute l’expérience artistique accumulée durant des décennies. Ainsi, il a pu imprimer un rythme soutenu au déroulé des scènes, par la direction d’acteurs, l’utilisation rationnelle de l’espace et d’un décor dépouillé, un jeu de lumières et d’environnement musical utilisés à bon escient, des déplacements bien choisis pour une occupation de l’espace harmonieuse et une chorégraphie qui injecte du mouvement et une sorte de ponctuation visuelle enrichissant un dialogue qui justement a besoin d’un socle esthétique pour mieux s’affirmer. À ce propos, le spectateur, même le plus averti, ne sait pas trop s’il s’agit d’un théâtre de la caricature ou d’une fresque historique, tant l’absence de trame dramaturgique laisse le suivi voguer à sa guise entre des situations scéniques saupoudrées de manichéisme avec les bons d’un côté et les méchants de l’autre, où les personnages sont dévoilés non pas par leurs actes, mais par leur description par les autres personnages. Ainsi, dans «La clef», c’est le travers du démonstratif et de l’explicatif qui prennent le pas sur l’allusif, élément que ne peut amener qu’un canevas théâtral, avec ses évènements et ses coups de théâtre, soutenus par un texte irrigué de métaphores, ce qui irrigue de vie et de richesse tout texte théâtral. Et c’est loin d’être le cas de «La clef», pièce dans laquelle on ne retrouve pas, parce que ce n’est pas automatique ni évident, la connaissance avérée, mais seulement sur le plan académique, de l’univers théâtral dont jouit M. Bourahla. Le spectacle contient des moments forts, notamment le final avec la belle fresque arborant une pluie de clefs d’or, ou encore de bons moments dans le jeu des comédiens, malgré quelques lacunes en matière de port de voix et même de diction chez certains, ce qui peut s’arranger par des exercices appropriés, sans perdre de vue que le rodage de la pièce pourrait améliorer ces aspects. Sur ce même registre de direction des acteurs, on aura hautement apprécié la volonté de bien faire de tous les comédiens et même, chose qui se raréfie sur nos scènes, du plaisir de jouer. Notons enfin l’atmosphère de joie qui a envahi la salle, avec l’énoncé, une fois la pièce terminée, d’une sorte de générique de tous les participants à la pièce, par la comédienne Tounès Ait Ali, également assistante du metteur en scène, et ce, sous un tonnerre d’applaudissements.
Nous ne saurions terminer, encore une fois, sans faire de remarque sur cette catastrophe qui s’est installée dans nos salles de théâtre, avec ces spectateurs qui filment ou photographient avec leurs téléphones, ce qui est une injure au jeu de lumière sur scène et à la concentration du reste du public.

N. S.