La route continue d’emporter des vies à Sétif : Faut-il s’habituer à compter les morts ?

Les routes de la wilaya se sont transformées, la semaine dernière, en véritables pièges mortels. Le constat est alarmant : 67 accidents de la circulation ont été enregistrés par les services de la Protection civile, déjà mobilisés sur plusieurs fronts, entre incendies de forêt et interventions domestiques. Le bilan humain est particulièrement lourd : quatre […] The post La route continue d’emporter des vies à Sétif : Faut-il s’habituer à compter les morts ? first appeared on L'Est Républicain.

Août 27, 2025 - 01:52
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La route continue d’emporter des vies à Sétif : Faut-il s’habituer à compter les morts ?

Les routes de la wilaya se sont transformées, la semaine dernière, en véritables pièges mortels. Le constat est alarmant : 67 accidents de la circulation ont été enregistrés par les services de la Protection civile, déjà mobilisés sur plusieurs fronts, entre incendies de forêt et interventions domestiques. Le bilan humain est particulièrement lourd : quatre décès, dont trois hommes et un enfant, et pas moins de 106 blessés, parmi lesquels certains se trouvent dans un état jugé préoccupant. Si une partie des blessés pourra, avec le temps, reprendre une vie normale, d’autres risquent de garder à jamais des séquelles physiques ou psychologiques. Les dégâts matériels, eux, se chiffrent en millions de dinars, confirmant une fois encore que l’insécurité routière représente une véritable hémorragie économique et sociale. Selon les statistiques officielles, ces drames se sont produits sur le réseau routier de 26 communes sur les 60 que compte la wilaya. Comme souvent, le chef-lieu occupe la tête du classement macabre avec seize accidents enregistrés. El Eulma suit de près avec neuf sinistres, tandis qu’Aïn Arnat se retrouve en troisième position avec sept accidents. Ces trois zones, caractérisées par une forte densité de circulation et un trafic permanent, concentrent à elles seules près de la moitié des cas signalés. Malgré les campagnes de sensibilisation organisées périodiquement et les mesures coercitives prises par les pouvoirs publics, la route continue de tuer. Les causes sont bien connues : excès de vitesse, non-respect du code de la route, dépassements dangereux, mais aussi conduite sous l’effet de l’alcool ou des substances psychotropes. À ces facteurs humains s’ajoutent des paramètres tout aussi préoccupants. Le réseau routier de la wilaya souffre de dégradations avancées. Nids-de-poule, signalisation défectueuse, absence d’éclairage dans certaines zones (l’évitement sud de la ville de Sétif en est l’exemple concret) et carrefours dangereux sont souvent cités par les usagers. La vétusté du parc roulant est également pointée du doigt. Des bus usés jusqu’à la corde, des taxis vieillissants et des véhicules particuliers en circulation depuis plusieurs décennies continuent d’arpenter les routes, augmentant considérablement les risques d’accident.  « Laisser circuler un véhicule sans feux, avec des freins défaillants ou des pneus lisses est un véritable suicide », confie, sous le sceau de l’anonymat, un spécialiste des transports. Selon lui, le contrôle technique, bien qu’obligatoire, devrait être renforcé par de nouvelles options et prérogatives, ce qui permettrait la diminution des risques d’accidents de la circulation. À côté des facteurs mécaniques et infrastructurels, l’état de santé des conducteurs joue un rôle déterminant dans la survenue des accidents. La myopie non corrigée, les troubles de la vision nocturne ou encore l’absence de port de lunettes adaptées augmentent considérablement les risques. À cela s’ajoutent les problèmes psychologiques : stress, anxiété, fatigue chronique ou dépression altèrent les réflexes et la capacité de concentration au volant. Certains automobilistes, sous pression professionnelle ou personnelle, conduisent dans un état d’épuisement avancé, équivalent à celui d’une conduite sous l’effet de l’alcool. Notre interlocuteur recommande donc un suivi médical régulier des conducteurs, en insistant sur les examens ophtalmologiques et psychologiques, trop souvent négligés.  La situation est d’autant plus alarmante que certains conducteurs affichent une totale indifférence aux règles élémentaires de prudence. Le téléphone portable au volant, le refus de priorité ou encore le stationnement anarchique viennent aggraver un climat déjà tendu sur les routes. Dans les zones urbaines comme rurales, la cohabitation entre poids lourds, voitures particulières, motocyclistes et piétons tourne souvent à la confrontation, avec les conséquences que l’on connaît. Face à ce constat, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une stratégie plus globale, mêlant répression, prévention et modernisation des infrastructures. « On ne peut pas se contenter de dresser des procès-verbaux. Il faut revoir l’aménagement des routes, multiplier les radars, imposer des sanctions exemplaires et surtout renforcer la culture routière dès le plus jeune âge », estime un spécialiste en sécurité routière. Pour de nombreux citoyens, le problème dépasse la simple question de la circulation : il s’agit d’un enjeu de société. Car derrière chaque chiffre, il y a des familles brisées, des enfants orphelins, des vies bouleversées. Et si rien n’est fait pour inverser la tendance, les routes de Sétif continueront, semaine après semaine, d’endeuiller la région.

K. Beniaiche

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