Le jour où le Dr Chaulet et Louanchi recrutèrent Fanon
Ses intimes et proches ne savent pas exactement ‘’comment Fanon a accueilli le 1er novembre 1954’’. Mais ils savent que l’Antillais était déjà opposé au fait colonial bien avant que l’Algérie ne s’embrase à la veille de la Toussaint. ‘’(…) Il est certain qu’il ne tarda pas à montrer toute sa sympathie pour les nationalistes […] The post Le jour où le Dr Chaulet et Louanchi recrutèrent Fanon appeared first on Le Jeune Indépendant.

Ses intimes et proches ne savent pas exactement ‘’comment Fanon a accueilli le 1er novembre 1954’’. Mais ils savent que l’Antillais était déjà opposé au fait colonial bien avant que l’Algérie ne s’embrase à la veille de la Toussaint. ‘’(…) Il est certain qu’il ne tarda pas à montrer toute sa sympathie pour les nationalistes algériens. Il était lui-même partisan d’une décolonisation totale, en particulier de ses Antilles natales’’, note sa collègue à Blida-Joinville et sa compagne en militantisme Alice Cherki’’.
Dans ce registre de l’engagement anticolonial, l’auteur de « Peau noire, masque blanc » était à rebours de la prise de position de ‘’celui qui fut son maître, Aimé Césaire’’.
Si la révolution psychiatrique engagée par Fanon à Blida-Joinville et sa véhémente bataille contre l’ « école (raciste) d’Alger » ont eu une résonance en dehors de l’établissement hospitalier, son engagement politique n’était pas connu du grand nombre. Mais les milieux militant et les milieux ‘’libéraux’’ observaient avec attention ses interventions au ciné-club de la Ville des Roses.
C’est le docteur Pierre Chaulet – rédacteur à Consciences maghrébines (lancée par Mandouze) — qui, le premier, avance en direction de Fanon pour sceller son mariage organique avec la Révolution. Chaulet sera suivi – et épaulé dans cette mission — par son beau-frère Salah Louanchi, journaliste et futur cadre dirigeant à la Fédération de France du FLN. Au milieu de l’année 1955, précise Alice Cherki, ‘’parvint à Pierre Chaulet une demande pressante des maquis, qui se retrouvaient confrontés aux problèmes posés par des combattants atteints de troubles mentaux et nécessitant l’intervention d’un psychiatre « Sur ».
C’est tout naturellement qu’il fut fait appel à Fanon. Chaulet le rencontra et il accepta tout de suite. Il s’agissait au début d’organiser des soins pour les combattants malades’’. Fanon dirigeait avec son collègue Raymond Lacaton les service (psychiatrique) ouvert. Cela ‘’offrait des possibilités d’hospitalisation plus simples que dans les services d’internement, explique la biographe de Fanon.
Lacaton ne fit apparemment aucune difficulté pour collaborer avec lui’’. Dans un premier temps, Fanon n’est donc pas contacté par la révolution algérienne comme penseur, mais comme médecin. Un médecin dont les positions anticolonialistes ‘’sont certes devenues publiques, mais qui peut surtout aider pratiquement et matériellement les combattants. C’est cette aide sanitaire et médicale que recherchait alors le FLN dans toute l’Algérie’’.
C’est dans ces conditions – dans une Algérie qui sera bientôt en bute à la répression des ‘’Pouvoirs spéciaux’’ — que le psychiatre et penseur s’engage résolument sur le front de la guerre d’indépendance. Un engagement qui, de 1955 à sa mort en 1961, sera jalonnés de faits, de déclarations dans le rôle de ‘’porte-parole’’ de la Révolution et de ‘’journaliste’’, de livres ( « L’An V de la Révolution algérienne » et « Les Damnés de la terre ») et d’ambassadeurs du GPRA depuis Accra (Ghana) dirigée par l’immense Kwame Nkrumah.
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