Inès, Farés et BMK enflamme le TNA : Ils font rire… là où ça dérange

Le Théâtre National Algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA) a accueilli, vendredi soir, la deuxième soirée du Festival Alge’Rire 2025, marqué par deux spectacles distincts, un format 30/30 réunissant Juste Inès et Farès Barket, suivi du stand up très attendu de Khalifa BMK. Portée par Broshing Events sous le haut patronage du ministère de la Culture et des […] The post Inès, Farés et BMK enflamme le TNA : Ils font rire… là où ça dérange appeared first on Le Jeune Indépendant.

Juil 20, 2025 - 22:10
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Inès, Farés et BMK enflamme le TNA : Ils font rire… là où ça dérange

Le Théâtre National Algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA) a accueilli, vendredi soir, la deuxième soirée du Festival Alge’Rire 2025, marqué par deux spectacles distincts, un format 30/30 réunissant Juste Inès et Farès Barket, suivi du stand up très attendu de Khalifa BMK. Portée par Broshing Events sous le haut patronage du ministère de la Culture et des Arts, cette deuxième soirée a séduit le public par une programmation mêlant satire sociale, rire engagé et humour du quotidien.

Devant une salle comble, le public, venu nombreux dès les premières heures de la soirée, a eu droit à un double programme qui a fait mouche, le 30/30 avec Juste Inès et Farès Barket, suivi du one-man-show explosif de Khalifa BMK, intitulé « Ana Tani ». Le tout dans une ambiance électrique, chaleureuse et portée par une énergie collective exceptionnelle.

La première partie de la soirée a été marquée par la performance incisive de Juste Inès, une humoriste au ton libre et sans filtre. Avec une aisance déconcertante, elle a exploré des sujets aussi sensibles que familiers : les relations avant et après le mariage, le poids de la tradition, la religion, les non-dits familiaux, et les chocs culturels vécus entre Alger, Paris et la Suisse.

L’un des moments les plus cocasses de son passage reste son anecdote sur une soirée raclette à Paris : « Mon amie m’a dit : ce soir, raclette ! Moi, je pensais à un plat raffiné… À la fin, c’était juste de la pomme de terre avec du fromage fondu ! Une vraie arnaque culinaire ! » La salle éclate de rire.

Elle a aussi comparé, avec une tendresse ironique, l’accueil en France et en Algérie : « En France, on t’invite et on te demande d’amener les patates pour la raclette. Chez nous, on t’appelle pour que tout soit prêt – même un mouton peut y passer ! » Un humour d’observation qui fait mouche, tant il puise dans le vécu de chacun.

Le relais est ensuite pris par Farès Barket, jeune humoriste au style à la fois touchant et corrosif. Dans un sketch intitulé « Weld Habiba », il rend hommage à sa mère, une femme forte qui l’a élevé seule. Il raconte avec autodérision sa quête de vérité sur son origine : « Quand je lui demande comment je suis venu au monde, elle me dit : ‘Je t’ai élevé seule.’ Habiba… la Vierge », lâche-t-il en déclenchant un fou rire général.

Mais derrière le rire, il aborde des thématiques profondes, comme le racisme, vécu dès l’enfance. Noir de peau, il raconte avec franchise les moqueries subies à l’école, les regards dans la rue, les préjugés sociaux – parfois même venant de ses proches : « Je présente une fille à ma mère. Elle me dit : ‘Elle est noire !’ Et moi : ‘Et alors ? Le vrai problème serait si mes enfants ne le sont pas !’ »

Farès Barket mêle humour et réflexion, transformant la scène en un espace de résilience où l’identité, la différence et l’acceptation se racontent sans filtre, mais toujours avec le sourire.

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Khalifa BMK, un tsunami de rires et d’authenticité

Après une courte pause, c’est Khalifa BMK qui entre en scène. Connu pour son style décontracté et sa capacité à rassembler, l’humoriste a littéralement enflammé la salle avec Ana Tani, un spectacle d’une heure et demie, où les rires ont fusé sans interruption.

À la croisée du stand-up et du théâtre populaire, son spectacle dresse avec finesse et humour un tableau du quotidien des jeunes Algériens. Il y aborde la vie universitaire, les relations sociales, les travers des réseaux sociaux, ou encore les contradictions du mode de vie moderne.

Dans un récit semi-autobiographique, il revient sur ses années de fac, formant avec un ami un duo studieux, mais en marge des autres. Il raconte comment ils ont voulu s’intégrer à un groupe de camarades bohèmes, engagés dans des randonnées, des activités artistiques et du militantisme. L’expérience, cocasse, tourne court : « On voulait essayer, partir avec eux en rondo. Eux sont venus équipés, moi avec un jean, mon ami en kamis. On a pris un bus, on s’est arrêtés en chemin pour acheter des trucs. Mon ami a littéralement dévalisé la supérette, en disant : la mer, ça donne faim !. Résultat : 12 000 DA de provisions… pour une balade d’une journée ! », lance-t-il sous les applaudissements.

Avec un regard aussi aiguisé que bienveillant, Khalifa BMK dénonce sans juger. Il évoque les dérives des réseaux sociaux, les selfies incongrus avec une grand-mère, l’obsession des likes, et même son propre rapport au public : « Mon public est familial, discret. Je ne sais pas d’où il vient. Dans la rue, personne n’ose m’aborder, soi-disant qu’il ne faut pas déranger l’artiste… Mais dérangez-moi ! Commentez ! J’ai l’impression de sentir l’amour d’un seul côté », confie-t-il avec tendresse.

Avec des punchlines savoureuses et des observations justes, BMK réussit à toucher toutes les générations présentes dans la salle, confirmant sa place parmi les figures montantes de l’humour algérien.

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