Le peu que l’on sait des négociations irano-américaines

Samedi prochain se tient à Mascate, capitale d’Oman, une deuxième rencontre entre les Américains et les Iraniens dans le cadre des négociations sur le programme nucléaire, après une longue rupture, la première, celle de la reprise, ayant eu lieu il y a seulement une semaine. De celle-ci, à vrai dire, on ne sait pas grand-chose, les parties prenantes n’ayant rien voulu en dire. Ce qui se comprend très bien d’ailleurs, eu égard au fait que pour les deux délégations le but n’étant pas tant d’aboutir à quelque résultat tangible, mais de mesurer le sérieux du vis-à-vis dans des négociations qui, de même que les précédentes, s’annoncent difficiles et tortueuses. On en sait suffisamment assez néanmoins, même si rien n’a filtré des premiers échanges, qui, semble-t-il, ont pris des heures, ce qui tout de même n’est pas dénué de signification. On sait par exemple que ces échanges n’ont pas été directes, au contraire de ce qu’avaient annoncé les Américains, mais par contre en conformité avec les déclarations des Iraniens, pour qui l’heure n’était pas encore arrivée pour qu’ils le deviennent.

Le round à venir d’ailleurs lui non plus ne sera pas direct, mais mené par l’intermédiaire d’un représentant du pays hôte, probablement son ministre des Affaires étrangères, qui comme la première fois fera la navette entre les deux négociations installées dans des salles différentes. On sait aussi qu’à la fin des échanges, les chefs des deux délégations, Steve Witkoff et Abass Araghchi, se sont parlé en tête à tête pendant un temps, dont on ne sait s’il a été été simple geste de courtoisie de leur part ou quelque chose de plus que cela, et dans ce cas un moment de la négociation. Mais comme par ailleurs l’un et l’autre ont exprimé leur satisfaction du tour pris par la négociation à cette occasion, et même plus que cela, leur désir de les poursuivre, la deuxième hypothèse s’en trouve davantage accréditée que la première. Autre point significatif à relever, qui lui aussi ressort des déclarations faites avant et après la rencontre : les échanges n’ont porté que sur le programme nucléaire iranien, et sur rien d’autre, apparemment pas même sur les sanctions économiques imposées par les Etats-Unis à l’Iran, et dont celui-ci revendique la levée. On le tient des Iraniens, de même que pour le point sur le caractère indirect de ces premières négociations, ou plus exactement renégociations. Tout donc semble s’être passé conformément à ce que voulaient Les Iraniens. Cela n’a pas empêché les Américains de se montrer non moins satisfaits qu’eux sur le tour prometteur pris par ce premier round, eux qui pourtant avaient averti la veille que leur délégation ne serait dirigée par Witkoff que si les négociations étaient directes. On sait qu’elles ne l’ont pas été, mais que néanmoins Witkoff y a pris part. Or ce n’est pas là tout ce que l’on sait de cette reprise des négociations irano-américaines. Chacun en effet a pu noter le changement de ton des Américains vis-à-vis des Iraniens. Avant la rencontre de samedi dernier, ils ne disaient rien des Iraniens qui ne soit une menace explicite d’attaques contre leurs installations nucléaires, et de pire encore, de destruction de leurs capacités militaires, que ces attaques se feraient en collaboration avec Israël, et le reste à l’avenant. Mais rien de tel après la rencontre, et dans l’attente de la deuxième, celle de samedi prochain.