Melbou (Béjaïa) : Entre mer, montagnes et mémoire
Niché entre les plis verdoyants des Babors et les rivages calmes de la Méditerranée, Melbou, commune côtière de la wilaya de Béjaïa, est bien plus qu’un simple village de bord de mer. C’est un territoire où le temps semble suspendu, entre patrimoine préhistorique, légendes anciennes, paysages féeriques, hospitalité chaleureuse et aventures en pleine nature. Une […]

Niché entre les plis verdoyants des Babors et les rivages calmes de la Méditerranée, Melbou, commune côtière de la wilaya de Béjaïa, est bien plus qu’un simple village de bord de mer.
C’est un territoire où le temps semble suspendu, entre patrimoine préhistorique, légendes anciennes, paysages féeriques, hospitalité chaleureuse et aventures en pleine nature. Une terre où l’histoire de l’humanité croise celle des montagnes, où la mer garde les secrets des siècles passés.
Peu de lieux en Afrique du Nord peuvent se targuer d’un passé aussi ancien que celui de Melbou. À quelques mètres au-dessus de la RN43, la grotte d’Afalou Bou R’mel surplombe les flots : elle a livré à la science les ossements de l’homme de Mechta Afalou, un Homo sapiens du Paléolithique supérieur vieux de plus de 16 000 ans. Découvert au début du XXe siècle par le chercheur Ehrmann, puis étudié par le préhistorien Charles Arambourg, ce site a révélé une nécropole exceptionnelle, des perles en os, des outils lithiques et des pratiques funéraires collectives. Le Dr Slimane Hachi y confirmera plus tard la richesse archéologique du lieu, aujourd’hui menacé, hélas, par l’élargissement de la route. Un patrimoine anthropologique universel, à la fois oublié et lumineux, qui place Melbou dans les récits les plus anciens de notre espèce.
Mais Melbou ne vit pas que dans le passé. Son nom même, issu probablement de la racine berbère m-elba, « celle des eaux », reflète une terre généreuse en sources et en récits. La légende de Yemma Melbou hante les mémoires : une femme venue du Nord, guérisseuse et sage, protectrice du village, vénérée au site de Takhalouit-El-Marsa. Ce lieu sacré, marqué aussi par les traumatismes de mai 1945, est devenu un symbole d’espoir et de mémoire. Autrefois port actif grâce à ses forêts fournissant du bois pour la construction navale, Melbou garde le parfum des épopées maritimes.
Vieux port et plages
Aujourd’hui, le vieux port, blotti au pied des falaises, ressuscite peu à peu. Non loin, les plages déroulent leur beauté brute : Tassift El Marsa, El Djorf Dahabi, 8 Mai 1945 et Agrioun, toutes accessibles et surveillées, tandis que d’autres, plus discrètes – Lac, Tiqsert, Les Falaises – charment par leur nature sauvage. Le silence des criques, la transparence de l’eau, les senteurs du pin et du sable chauffé au soleil… tout invite à la contemplation.
À l’arrière-pays, les sentiers serpentent entre les hameaux perchés et les forêts profondes. Les randonneurs, nombreux chaque semaine, parcourent les circuits de Tassefsaft à Laalam via Bouhaloumen, ou encore longent le canyon de Bihaloumene jusqu’à l’oued Boulzazene. D’autres préfèrent les escapades aquatiques sur l’Assif El Kitoune, où la fraîcheur de l’eau accompagne les notes d’un violon ou d’un bendir. Les » vendredis thérapeutiques « , initiés par le groupe Les Cimes des Babors, sont devenus un rituel pour les âmes fatiguées. Ici, la nature soigne, console, régénère.
Melbou séduit aussi par sa propreté, sa sécurité et ses infrastructures simples mais bien entretenues. En 2022, elle fut élue ville côtière la plus propre et la plus animée de la wilaya de Béjaïa. Les familles s’y sentent chez elles. Les jeunes s’y amusent. Les anciens y retrouvent leurs souvenirs. Et à la tombée du jour, chacun flâne sur les belvédères ou s’attarde dans les ruelles de Tizi El Oued, petit village devenu cœur vibrant de la commune. On l’appelle « la petite Paris » de Melbou : lampadaires allumés, rues vivantes, commerces ouverts, esprit festif… à deux pas seulement du centre.
L’offre d’activités de plein air s’est élargie : kayak jusqu’à Ziama Mansouriah, parapente au-dessus des falaises, pique-niques et balades musicales dans les coins les plus reculés. Melbou conjugue la Méditerranée au rythme de la montagne. Chaque été, des milliers de familles venues de tout le pays y posent leurs valises, souvent pour revenir l’année suivante. L’accueil local, la beauté brute des lieux, les légendes, les sentiers, la mer… tout concourt à faire de Melbou une destination à part.
Comme le résume un professionnel de l’immobilier local : » Tous ceux qui viennent ici veulent revenir. L’ambiance, la nature, l’accueil… tout y est. Il faut juste réserver à l’avance ! »
Oui, Melbou est cette Algérie vraie, cette Algérie belle qu’on cherche souvent ailleurs. Un territoire discret, ancestral et généreux, à vivre pleinement. Une invitation à revenir, encore et encore.
Hafit Zaouche