Pour en finir avec l’hécatombe routière : El-Aman préconise une réforme en profondeur

L’accident tragique du bus tombé dans Oued El Harrach, vendredi dernier, continue de hanter les esprits. Les images de l’autocar et des passagers piégés dans l’oued, et des opérations de secours bouleversées ont provoqué une onde de choc à travers le pays, relançant avec force le débat sur la sécurité routière en Algérie. Ce drame, qui […] The post Pour en finir avec l’hécatombe routière : El-Aman préconise une réforme en profondeur appeared first on Le Jeune Indépendant.

Août 17, 2025 - 21:32
 0
Pour en finir avec l’hécatombe routière : El-Aman préconise une réforme en profondeur

L’accident tragique du bus tombé dans Oued El Harrach, vendredi dernier, continue de hanter les esprits. Les images de l’autocar et des passagers piégés dans l’oued, et des opérations de secours bouleversées ont provoqué une onde de choc à travers le pays, relançant avec force le débat sur la sécurité routière en Algérie.

Ce drame, qui s’ajoute à une longue série d’accidents meurtriers, a poussé l’Association nationale El-Aman pour la protection des consommateurs à monter au créneau. L’organisation a rendu public un plan détaillé de lutte contre le « terrorisme routier », un terme volontairement fort pour qualifier une hécatombe devenue, selon elle, une tragédie nationale.

Dans son plan, l’association dénonce « une hémorragie humaine permanente » qui coûte chaque année la vie à des milliers de citoyens. « Nous condamnons fermement les tragédies qui se produisent sur nos routes qui fragilisent notre tissu social. Chaque jour, des dizaines de vies sont fauchées, laissant derrière elles des familles brisées et un pays endeuillé », souligne l’association.

En plus du drame humain, l’impact est également économique, d’où l’association qui insiste sur la nécessité d’une réaction ferme et coordonnée des autorités.

Si El- Aman reconnaît les efforts consentis ces dernières années par les pouvoirs publics, entre autres, radars, campagnes de sensibilisation et révisions ponctuelles du Code de la route, elle les juge insuffisants et parfois inadaptés face à la gravité de la situation.

L’organisation rappelle qu’ailleurs dans le monde, plusieurs pays ont réussi à réduire considérablement la mortalité routière grâce à une combinaison de recherche scientifique, dialogue avec la société civile et investissement durable dans la sécurité routière.

Dix axes pour une réforme profonde

Le plan proposé par El-Aman repose sur dix grands axes d’intervention, conçus comme une feuille de route pour l’État, la société civile et les acteurs du transport.

La première priorité concerne l’éducation et la sensibilisation. L’Association El-Aman propose d’intégrer l’éducation routière dans les programmes scolaires dès le primaire, afin d’inculquer aux enfants les bases de la sécurité dès leur plus jeune âge. Parallèlement, elle recommande l’organisation de campagnes de sensibilisation massives et continues dans les médias, les mosquées, les stades et sur les réseaux sociaux, en mobilisant imams, enseignants, sportifs, artistes et influenceurs.

Le deuxième axe met l’accent sur la formation à la conduite. El-Aman plaide pour une réforme en profondeur des auto-écoles, avec des méthodes pédagogiques modernes, des tests plus rigoureux et adaptés, ainsi que l’instauration d’une formation continue obligatoire pour les conducteurs professionnels de bus, camions et taxis.

Le troisième volet concerne les institutions dédiées à la sécurité routière. L’association propose la création d’une autorité nationale indépendante, chargée de coordonner l’ensemble des actions en matière de prévention, ainsi qu’un observatoire spécialisé qui aura pour mission de collecter, analyser et publier régulièrement des statistiques fiables.

Le quatrième axe touche les routes et infrastructures. El-Aman insiste sur la nécessité d’un audit indépendant du réseau routier afin d’évaluer son état réel, de corriger les défaillances de conception et d’entretien, et d’améliorer la signalisation. Elle recommande également la sécurisation des « points noirs » par des radars fixes, des caméras et un éclairage adapté, ainsi que la création d’aires de repos sécurisées pour limiter la fatigue des conducteurs de poids lourds et de bus.

Un parc automobile fiable et contrôlé

La sécurité des véhicules constitue le cinquième axe. Pour réduire les risques liés aux défaillances mécaniques, l’association propose le renouvellement progressif du parc automobile national en ouvrant les importations de véhicules sous contrôle strict, la lutte contre la contrefaçon des pièces détachées et pneumatiques, ainsi que l’obligation d’équiper les camions et les bus de dispositifs électroniques de contrôle de vitesse et de temps de repos.

Le sixième axe est centré sur la surveillance des conducteurs. El-Aman recommande des examens médicaux et psychologiques périodiques pour les chauffeurs professionnels afin de vérifier leur aptitude à la conduite. Elle appelle aussi à un meilleur encadrement des transports publics, qui devraient être organisés dans le cadre de coopératives ou de sociétés agréées, et à une surveillance plus stricte au départ des gares routières.

En septième position, l’association insiste sur le rôle des technologies et de l’innovation. Elle propose la mise en place de systèmes intelligents de gestion du trafic basés sur l’intelligence artificielle, le déploiement de caméras connectées et de radars automatiques, ainsi que le développement d’une application nationale permettant aux citoyens de signaler les comportements dangereux. Elle recommande également l’utilisation du GPS pour suivre en temps réel les déplacements des bus et des camions.

Un code de la route plus ferme

Le huitième axe porte sur le renforcement du cadre juridique. El-Aman appelle à une révision du Code de la route, à un durcissement des sanctions en cas d’excès de vitesse, de conduite en état d’ivresse ou de fatigue, et à l’instauration du retrait définitif du permis de conduire en cas de récidive ou d’infraction grave. Elle propose aussi de conditionner le renouvellement du permis professionnel à la participation à des formations continues.

Le neuvième axe concerne le suivi et l’évaluation des politiques publiques. L’association préconise la publication d’un rapport annuel national sur la sécurité routière, incluant statistiques, mesures et recommandations. Elle souhaite également que les universités et les organisations de la société civile soient associées à l’évaluation et au suivi de la stratégie nationale.

Enfin, le dixième et dernier axe vise la diversification des moyens de transport afin de réduire la dépendance excessive aux routes et de limiter la congestion. El-Aman propose d’investir massivement dans le ferroviaire pour les voyageurs et le fret, de développer le transport maritime et côtier pour les marchandises et les passagers, et de renforcer le transport aérien intérieur pour alléger la pression sur les longs trajets routiers. Elle appelle aussi à mettre en place une politique nationale visant à connecter ces différents modes de transport dans un réseau intégré et complémentaire.

El-Aman souligne que la lutte contre le « terrorisme routier » ne peut réussir qu’avec une volonté politique ferme et une implication collective.

Il faut dire que, l’accident de Oued El Harrach est un électrochoc national. Chaque victime de la route n’est pas seulement un chiffre dans une statistique, mais un citoyen qui avait le droit à un transport sûr. Cette situation nécessite une mobilisation collective pour mettre en œuvre cette feuille de route ambitieuse.

The post Pour en finir avec l’hécatombe routière : El-Aman préconise une réforme en profondeur appeared first on Le Jeune Indépendant.