Rupture

L’alliance de circonstance de la droite traditionnelle française avec le parti présidentiel semble voir sa fin se profiler, alors que les critiques et les attaques se multiplient d’un côté comme de l’autre. Pourtant, cette coalition a permis aux deux mouvements de ne pas sombrer ces deux dernières années. Mais les censures consécutives de deux Premiers […]

Oct 8, 2025 - 20:58
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Rupture

L’alliance de circonstance de la droite traditionnelle française avec le parti présidentiel semble voir sa fin se profiler, alors que les critiques et les attaques se multiplient d’un côté comme de l’autre. Pourtant, cette coalition a permis aux deux mouvements de ne pas sombrer ces deux dernières années. Mais les censures consécutives de deux Premiers ministres et les menaces persistantes de l’opposition de continuer à faire chuter toute nouvelle équipe ministérielle, si Emmanuel Macron refuse la dissolution de l’Assemblée Nationale, ont troublé la collaboration entre Les Républicains et l’Élysée. Sébastien Lecornu, Chef du gouvernement démissionnaire, qui s’est vu confier la tâche ultime de tenter de mettre sur pied une nouvelle équipe avant le week-end, ne peut visiblement plus compter sur ses alliés LR qui préfèrent renoncer à leur pacte avec l’exécutif, estimant visiblement que compte tenu de la situation actuelle ils ont plus à perdre qu’à y gagner. Mais la coalition présidentielle refuse cet abandon et lance un ultimatum brandissant en cas de refus la menace d’un Premier ministre «de gauche» ou une dissolution, a affirmé Laurent Wauquiez lors d’une visio avec les députés LR. «Leur interrogation c’est de savoir si après la position de Bruno Retailleau» qui a fait voler en éclats dimanche le gouvernement de Sébastien Lecornu, «on est toujours dans cette logique d’entente avec la macronie», a expliqué le patron des députés LR qui a été reçu mardi par Sébastien Lecornu à Matignon, séparément du président du parti, Bruno Retailleau. Selon Wauquiez, Sébastien Lecornu souhaite que le prochain Chef du gouvernement soit «issu d’une entente qui a le plus de députés à l’Assemblée Nationale (…), leur première option étant le fameux socle commun» qui réunit la macronie et LR. Pour éviter une dissolution ou qu’un Chef du gouvernement de gauche soit nommé, le locataire de Matignon demande «un retour à la situation de dimanche», en d’autres termes la décision des parlementaires LR de participer au gouvernement avant d’en connaître la composition et d’en claquer la porte. «On va devoir maintenant répondre avec Bruno Retailleau et définir une position collective», a ajouté le député de Haute-Loire. Invité du 20h00 de France 2 mardi soir, Bruno Retailleau n’a pas souhaité révéler le contenu d’une conversation «privée» avec Sébastien Lecornu qui l’a reçu après Laurent Wauquiez. «Il faut acter le fait que le gouvernement soit dirigé par un homme qui ne soit pas proche d’Emmanuel Macron», a-t-il affirmé, écartant aussi une participation à un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche. De nombreux députés LR craignent une dissolution, principalement ceux qui ont sauvé leur peau de justesse face au RN dans des circonscriptions rurales lors des législatives anticipées de l’an dernier. Toutefois, les ruptures en politique peuvent être tout aussi éphémères que les alliances, et si LR devait joindre ses forces à la coalition du centre pour ne pas sombrer, tout comme l’on fait les partis de gauche lors des législatives de 2022 et 2024, il le fera certainement. Surtout si cela lui permet de ne pas sombrer électoralement et de rester à flots jusqu’à la prochaine élection présidentielle, lors de laquelle le parti de droite espère, avec la popularité jusque-là florissante de Bruno Retailleau, créer la surprise face au candidat du Rassemblement National.