Session houleuse à l’APW de Sétif : Quand les élus se chamaillent pour des pacotilles
Une fois de plus, les élus de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) de Sétif ont exposé au grand jour leurs divisions, transformant une session qui devait être consacrée à l’examen de dossiers majeurs en un champ de bataille d’« échanges d’amabilités ». En cause : le choix des deux communes devant bénéficier de crédits pour […] The post Session houleuse à l’APW de Sétif : Quand les élus se chamaillent pour des pacotilles first appeared on L'Est Républicain.

Une fois de plus, les élus de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) de Sétif ont exposé au grand jour leurs divisions, transformant une session qui devait être consacrée à l’examen de dossiers majeurs en un champ de bataille d’« échanges d’amabilités ». En cause : le choix des deux communes devant bénéficier de crédits pour le lifting et la pose de gazon de leurs stades. Une initiative pourtant louable dans une wilaya de 2,8 millions d’habitants, frappée de plein fouet par un cruel déficit en infrastructures sportives dignes de ce nom. Pourtant, rien ne laissait présager un tel dérapage à l’ouverture de la deuxième session ordinaire, tenue avant-hier, mardi 8 juillet, au siège de l’APW. Mais c’est à l’issue de la présentation du compte administratif de l’année 2024 et du projet de budget supplémentaire pour l’exercice en cours que les choses ont dégénéré. Certains élus se sont alors illustrés dans un spectacle des plus navrants. Au lieu d’un débat rigoureux sur les 19,079 milliards de dinars de crédits de gestion – dont le taux de consommation avoisine les 89 % avec un excédent de 2,09 milliards de dinars, parmi lesquels 112,3 millions de dinars issus du fonds de wilaya pour la jeunesse – plusieurs intervenants ont préféré s’adonner à une surenchère politicienne, transformant l’enceinte de l’APW en tribune électorale avant l’heure. Étonnamment, la maigre consommation de 44,79 % des crédits destinés à l’équipement (6,44 milliards de dinars consommés sur 14,39) n’a suscité ni étonnement ni interrogation. Smartphones en main pour des directs sur les réseaux sociaux, certains membres se sont lancés dans une véritable cacophonie autour de la programmation de deux stades communaux inscrits au titre du budget supplémentaire de 2025. La désignation des deux communes bénéficiaires d’une enveloppe de 100 millions de dinars pour la réhabilitation de leurs infrastructures sportives a failli provoquer l’implosion de la séance. La suggestion, pour le moins provocante, d’un tirage au sort lancée par un intervenant a failli mettre le feu aux poudres. Abasourdie, l’assistance a assisté à un échange indigne de représentants d’une wilaya de l’envergure de Sétif. Ce jour-là, l’intérêt local étriqué a pris le pas sur celui, plus noble, d’une population de près de trois millions d’âmes. Au lieu de converger vers un consensus autour de priorités partagées, la session a viré à la foire d’empoigne, chacun défendant sa commune, à coups d’arguments partisans ou populistes. Entre accusations de favoritisme, règlements de comptes et querelles de chiffres, tout y est passé. L’intérêt général s’est retrouvé relégué au second plan, étouffé par des calculs électoralistes à courte vue. Pourtant, les besoins ne sont un secret pour personne. Dans plusieurs communes comme Aït Tizi, Serdj El Ghoul, Tachouda, Bir Haddada, Ouled Tebbane, El Ouldja ou encore Tella, les jeunes n’ont pour terrain de sport que des espaces vagues et mal entretenus. La perspective de nouveaux stades aurait pu, aurait dû, faire consensus. Mais c’est le repli sur soi qui a prévalu, au détriment des attentes d’une jeunesse en quête de loisirs, de sport et divertissement.
« Intérêts de clocher »
Ce bras de fer, digne d’une querelle de clocher, révèle une réalité plus profonde : l’absence criante d’une vision commune pour un développement harmonieux de la wilaya. Nombre d’élus semblent avoir oublié qu’ils sont les représentants de l’ensemble des citoyens de Sétif, et non les porte-voix de leurs seules communes. « On s’était pourtant entendus lors de la dernière session. Tout le monde était d’accord pour démarrer par Tachouda et Ouled Tebbane », rappelle, visiblement excédé, un élu. Un autre enchaîne : « La crédibilité de notre assemblée est en jeu. Ce n’est pas parce qu’Aït Tizi n’a pas d’élu à l’APW qu’on doit l’ignorer. Cette commune ne dispose d’aucune infrastructure pour les jeunes, même pas un terrain matéco. Respectons nos engagements ! » Et un troisième de conclure : « La décision est prise : Tachouda et Ouled Tebbane seront inscrites au budget supplémentaire de 2025. Aït Tizi et Bir Haddada suivront dans le cadre du budget primitif 2026, qui sera discuté en octobre prochain. Point barre ! » Il convient de souligner que dans une wilaya aussi vaste, marquée par de profondes disparités entre zones urbaines et rurales, certains élus profitent de la moindre brèche pour gagner en visibilité. L’un réclame une subvention pour un club local menacé de relégation, un autre évoque la clôture ou les gradins d’un stade communal. Un troisième, quant à lui, déplore l’insuffisance chronique des crédits alloués. Heureusement, quelques voix dissonantes ont tenté de recentrer le débat sur des préoccupations concrètes : comme la soif persistante d’une partie de la population d’Ain Oulmene, ou encore les dysfonctionnements de la station d’épuration de Guellal. « On parle d’une enveloppe de 100 millions de dinars pour de nouvelles cantines, alors que celles inscrites en 2023 et 2024 ne sont même pas encore réalisées ! Il en va de même pour les nouvelles classes du primaire », martèle un élu. En somme, cette session aura une fois de plus mis en lumière les travers d’une assemblée plus prompte à défendre des intérêts de clocher qu’à œuvrer pour le bien collectif. Une dérive inquiétante dans une wilaya aux défis immenses. Nous y reviendrons…
Kamel Beniaiche
The post Session houleuse à l’APW de Sétif : Quand les élus se chamaillent pour des pacotilles first appeared on L'Est Républicain.